Dossier Apoptose

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Ils avaient du mal à dissimuler leur émotion. Leur liaison avait été

intense et fusionnelle pendant les moments vécus ensembles à Paris.

Félicia était de père Allemand et de mère Nigérienne. Elle avait

passé son enfance à Abuja puis était venue à l’université des sciences

appliquées de Francfort où elle s’était révélée brillante puisqu’à

vingt-quatre ans elle était docteur ès-science spécialisée dans la

microbiologie cellulaire.

Elle était arrivée à Paris dans le cadre d’une coopération Franco-

Allemande et avait été affectée dans l’unité dirigée par Alain.

Cette jeune métisse aux cheveux lisses d’un noir intense dégageant

un front immense qui faisait ressortir son regard vif ne laissait pas

indifférents les jeunes collaborateurs du service.

Alain pour sa part, bien que troublé plus qu’il ne voulait l’admettre

par la vivacité et le mystère de cette jeune femme discrète, avait

instauré avec elle une relation limitée aux travaux communs à leurs

recherches respectives.

Ils se voyaient toutefois beaucoup et il leur arrivait de travailler

plusieurs heures ensemble, parfois tard.

Peu à peu, Alain remarqua que Félicia le regardait « différemment ».

Elle s’arrangeait pour être en sa compagnie sous tout prétexte. De son

côté, Alain se sentait de plus en plus ému par sa jeune collaboratrice.

En sa présence, il ressentait comme un calme, une paix tranquille.

C’était ce sentiment qui vint le premier avant l’attirance physique de

la beauté africaine.

À l’époque, Alain était déjà divorcé et se plongeait encore plus

dans ses recherches pour tenter de trouver son équilibre. Il vivait seul

et le sexe n’était pas dans ses préoccupations premières bien qu’il

n’ait que quarante ans.

Après quelques mois de communion intellectuelle, leur attirance

mutuelle était une évidence. Un partage complet, total, était

inéluctable.

département immunologie ; la virologie et la bactériologie étant

déjà largement pourvues en subsides et en souches pathogènes plus

effrayantes les unes que les autres. La réflexion de Ricardo luit revint

à l’esprit.

Il errait encore dans cet univers potentiellement terrifiant lorsqu’un

appel le ramena au présent.

— Bonjour Alain!

Tout son être vibra comme une corde au son de cette voix douce

et ferme à la fois qu’il connaissait bien.

— Félicia!

Vêtue d’un tailleur bleu nuit mettant en valeur ses formes parfaites,

à peine un peu plus grande que lui grâce à ses talons aiguilles, la jeune

femme le fixait de ses yeux marron clair. Son large sourire dévoilait

discrètement une fine ligne blanche dont l’éclat était souligné par sa

peau mate.

Il resta une fraction de seconde immobile et muet, tant un flot

d’images et d’odeurs lui revenait en mémoire et saturait ses capacités

de réaction. Elle lui fit deux baisers appuyés sur les joues et reprit la

parole :

— Comment vas-tu?

— Bien. Et toi, je sais que tu travailles maintenant à Boston.

J’ai eu de tes nouvelles par un de tes collègues de passage au CNRS.

— Oui, cela fait huit mois que j’ai ce nouveau poste.

— Tu t’adaptes bien au style de vie de la « Nouvelle Angleterre »?