Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Comme dans tous les grands hôtels américains, il y avait un bar
tranquille aménagé à l’écart du va-et-vient incessant du hall d’accueil.
Ils s’y assirent.

Confortablement installés dans des fauteuils bas et trop spacieux
pour des gabarits européens, ils commandèrent deux pressions dites
brunes mais incomparables aux bières allemandes.

Félicia, installée les jambes croisées, ce qui remontait
passablement sa jupe, s’amusait du regard furtif qu’Alain ne
pouvait réprimer. Pour tous les deux, les souvenirs étaient encore
présents. Les sentiments n’étaient pas encore tout à fait éteints.
Si non pourquoi l’aurait-elle interpellé tout à l’heure! Par réflexe
typiquement féminin, elle se gardait bien de le laisser paraître.
Chez Alain, c’était plus visible.
— Comment va Andrew? (Elle avait imposé ce prénom alors
qu’Alain eut préféré André)
— Bien! Bien! Il va rentrer au collège. Il est brillant. C’est un
gentil garçon.
— Il parle un peu de moi?
— Peu, tu sais! Il a sa vie de « teenager », les copains, le sport!
— Alain ne put se retenir de tendre une perche : Tu lui parles
peut-être peu de nous?
— Si! Mais tu sais, les jours sont chargés, mon travail, sa vie
scolaire. Le temps passe vite.

Il comprit qu’il était inutile de continuer sur ce terrain. Alain
devait se résigner, elle avait définitivement tourné la page, pour elle
et pour leur fils.

Ils échangèrent ensuite des banalités pendant une dizaine de
minutes mais chaque phrase était chargée d’autres significations.
Plus ils parlaient, plus montait l’évidence de la rupture. Un sentiment

Félicia s’installa chez lui...

L’essence charnelle resurgit chez le divorcé solitaire en même temps
qu’il découvrait dans tous les sens du terme sa jeune compagne. Avec
son sang africain, elle vivait le plaisir sans tabous, en toute liberté.
Alors qu’elle s’offrait à lui sans retenue, Alain s’ouvrait au dialogue
tactile qui lui était révélé avec délice. Cette dimension dans laquelle
la jeune femme l’entraînait avec une totale confiance l’envahissait
d’émotions et lui inspirait un profond respect amoureux.

Ils devinrent vite inséparables, au travail comme dans la vie.

Alain s’investissait toujours autant dans ses recherches mais il
savait que ses motivations avaient quelque peu changé. Dès qu’elle
s’éloignait, il perdait sa concentration.
Félicia, de son côté, se sentait désirée, admirée. Elle était épanouie,
malgré la différence d’âge (ou peut-être à cause).
Évidemment, dans le service, leur relation faisait « jaser » et
quelques jeunes célibataires, hommes et femmes, en étaient un peu
jaloux mais personne ne se permettait de le juger : Alain était le
patron et tout le monde le respectait pour ses qualités humaines et
scientifiques. De plus il était libre de sa vie privée.
Il en alla ainsi pendant quatre ans, jusqu’à la proposition de
l’université de Chicago. Leur fils avait alors deux ans. Leur départ
avait été une épreuve terrible.

Tout cela revenait à l’esprit d’Alain alors qu’ils conversaient en
marchant dans l’immense édifice dédié aux colloques de tous genres.

— Toujours amatrice de bières brunes?
— Bien sûr.
— Alors asseyons-nous un moment. Ça me fait vraiment très
plaisir de te revoir.
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