Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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jeune femme menue et de taille moyenne d’une trentaine d’années,
pas vraiment gracieuse mais de présentation correcte et agréable.
Elle s’appelait Loriane.
Elle n’avait jamais fait ce travail auparavant. Un divorce très
conflictuel la privait momentanément de revenus et elle était prête à
saisir la première opportunité qui se présenterait. Ce fut Alain.
Son manque d’expérience importait peu. Il était suffisant qu’elle
fasse la poussière et s’occupe de son linge une fois par semaine.
Il l’avait prise à l’essai, puis au bout d’un mois, il lui confia les
clés afin qu’elle puisse venir en son absence. Il avait remarqué qu’elle
avait des mouvements assez brusques, cognant l’aspirateur partout
mais il n’en faisait pas cas. Toutefois, lors de retours d’absences il
remarqua quelques bibelots cassés, une autre fois un vase dont les
restes étaient dans la poubelle.
Elle avait aussi le chic pour laisser sur les tables et fauteuils
les corbeilles à papier et les tapis qu’elle avait dû déplacer pour
nettoyer les planchers. Manifestement, elle n’avait pas la vocation du
« propre ». Mais il avait d’autres chats à fouetter et elle lui paraissait
honnête, même si elle dissimulait ses « petits forfaits ».

Suzanne s’en moquait avec ironie. Un jour elle lui demanda :
— Alors qu’est-ce que « Pim-Pam-Poum » t’as encore cassé cette
fois?

Depuis ce jour Loriane était devenue « Pim-Pam-Poum ».

Fin juin, Alain reçu des nouvelles de son avocat. Les Prud’hommes
lui accordaient une indemnité conséquente mais l’homme de loi
souhaitait faire appel car il estimait la décision insuffisante. L’espoir
de transformer sa plainte en tribune avait été vaine. Après avis de
Suzie, ils décidèrent d’accepter le jugement.

***

De retour dans sa chambre, il prit son journal pour quelques notes :

20 juin 2051

« Le peuple a les dirigeants qu’il mérite, dit-on, mais lorsqu’il
est mis sous hypnose par les radios, les journaux, les télévisions,
il ne peut plus avoir conscience du monde réel. Il est soumis à la
domination d’une volonté supérieure à la sienne. La jeune génération
n’ayant pas connu de rues sans caméras, de vie sans réseaux sociaux
contrôlés, sans téléphones mobiles, sans satellites, ne peut pas savoir
ce qu’est la vraie liberté : Celle qui vous laisse face à votre propre
responsabilité dans un monde sans surveillance, sans entraves et
sans“ guides”... L’inculture organisée parachève l’état comateux
en empêchant toute velléité de réfléchir par soi-même. Aucun espoir
de sursaut! Les rares personnes résistant à cet ordre général sont
repérées et vite neutralisées dans l’indifférence générale. »

« L’absence de réaction est plus due à cette inculture qu’à
l’indifférence. Le manque de références entraîne une incapacité
à la critique. Ils sont incapables de distanciation par rapport à des
événements qui les emportent comme des feuilles mortes dans le
vent. »

« Il y a trente ans, les gens échangeaient leurs points de vue
librement. Bien qu’ils se méfiaient en présence d’inconnus car
le “penser correct” commençait déjà à sévir. Maintenant, c’est
terminé! Ceux qui sont lucides gardent leurs avis pour eux, les
autres n’ont pas d’opinion. Finalement, tout le monde se tait. »

De retour chez lui, il rangea un peu ses affaires. Ses déplacements
ne lui laissaient guère le temps de s’occuper de son petit appartement.
Il avait donc pris une femme de ménage quelques heures. C’était une
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