Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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L’homme d’aujourd’hui n’est pas prêt à assumer et orienter
son devenir. Le développement de la conscience nécessite de la
disponibilité et du temps. Nous n’avons ni l’une ni l’autre. Nous
n’évoluons pas aussi vite que les technologies Nous sommes
engagés dans la spirale du pire.

Quelques grosses gouttes explosèrent sur son cahier et
commencèrent à maculer l’asphalte. L’odeur caractéristique de
la pluie sur la chaussée brûlante et les grondements de l’orage
s’amplifiant, il était temps de battre en retraite.

La rentrée et les conférences qui suivirent se déroulèrent avec le
même scénario. Chaque fois l’auditoire semblait séduit par les thèses
de Joubert et il en ressortait convaincu qu’il menait le bon combat
mais force était de constater que sur la scène publique, peu de choses
bougeaient. Il avait maintenant terminé la tournée des quelques
facultés qui avaient accepté de le recevoir.

Le temps passait. Il était grand temps de faire le point avec son
comité de soutien et Kuiper.

Alors que la pluie martelait les toits. Alain écrivit quelques mots
sur son journal avant de partir chez Suzanne.

Vendredi 10 novembre 2051

Ils partent tous pour le pont du 11 novembre. Boulot-loisir-
boulot, ils vont s’offrir une parenthèse de plaisir et au retour ils
seront prêts à s’écharper dans les embouteillages interminables.
Suspension électromagnétique ou pas, on ne peut toujours pas
jouer à saute-mouton en voiture!

Comme tous les ans, Paris au mois d’août se vidait. Suzanne était
partie une semaine avec son fils, chez des amis en Bretagne. Alain
était resté pour mettre un peu d’ordre dans ses disques et ses livres.

De temps en temps, il allait s’asseoir en bord de Seine et il reprenait
son « journal ». Les bateaux chargés de touristes continuaient leur
va-et-vient traditionnel. Ainsi, les choses ne semblaient pas avoir
changé depuis des décennies...

Paris août 2051

Avant Internet, il fallait consulter des livres, des revues, des
journaux pour accéder à ce que l’on cherchait. On s’appropriait
la connaissance qui devenait sienne. Notre mémoire devenait notre
encyclopédie personnelle, on devenait nous-même la culture.
Maintenant on a tout à l’écran en un instant. Tout est disponible de
suite et en permanence. Pourquoi retenir ce qui est immédiatement
accessible? Pourquoi mémoriser? La culture ne se situe plus dans
l’intimité de chaque être, elle est dématérialisée. L’individu ne la
« porte » plus en lui, il n’est plus rien par lui-même.

Pire! Pas d’Internet, plus de culture! le vide sidéral! La
désertification des cortex!

Certes, grâce aux implants cérébraux, on peut parler dix langues
si on veut, mais connaissons-nous les concepts qui les ont formés
au cours du temps. Nous pouvons discuter avec des interlocuteurs
étrangers mais sommes-nous capables de les « comprendre »?

Grâce aux nanopuces électroniques, même le plus nul en calcul
mental peut acquérir la bosse des maths, mais devient-il un Blaise
Pascal ou Stephen Hawking pour autant?
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