Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Le bateau-mouche était rutilant de lumière. Les tables dressées
avec raffinement étaient prêtes pour l’embarquement des passagers.
L’attente sur la passerelle mettait la résistance au froid à rude
épreuve, surtout pour les femmes en robes de soirée. Les hommes en
complet veston faisaient les fiers mais ils frissonnaient aussi en cette
fin d’après-midi venteuse. Alain, Suzanne, Philippe et Claudine
purent monter à bord. Tout le monde trouva sa place dans l’immense
salle restaurant chauffée. Une table ronde à l’avant leur était réservée,
offrant une large vue sur l’extérieur. Sans aucune secousse, le bâtiment
appareilla et commença son périple. Les baies vitrées offraient une
vue panoramique splendide lorsque les projecteurs illuminaient les
célèbres édifices parisiens : Le musée d’Orsay, la préfecture de police
avec la Sainte Chapelle dont on apercevait à peine le sommet de la
flèche, Notre Dame de Paris.

Comme d’habitude Philippe, à son affaire, décida du menu et des
vins. Comme c’était lui qui invitait, c’eut été gênant de le contredire,
alors tout le monde fut vite d’accord. Mis en verve par plusieurs
verres de médoc engloutis en quelques minutes, il posa une question
qui surprit ses hôtes :

— Dis-moi, frérot, l’autre jour, à la fin de la réunion, tu parlais
de notre génération. Tu crois que les jeunes d’aujourd’hui sont
différents?

— Ils sont plus pragmatiques, plus froids. Je les trouve rétrécis
sur leurs intérêts immédiats. Ils ont des objectifs à court terme : La
carrière et les loisirs. Point! C’est un peu normal car, dans le monde
actuel, il ne faut pas être « différent », c’est négatif. C’est pour ça
qu’ils n’ont pas d’envergure, de romantisme. Tu veux un exemple?
Combien d’hommes offrent encore du muguet à leur compagne le
1 er mai? D’ailleurs les marchands à la sauvette ont presque disparu!

— Ah! Sarah! Pouvez-vous m’indiquer où sont mes affaires? Je
ne retrouve rien. Et j’ai du travail. Je dois recevoir le professeur
Griechmann, de Munich, cet après-midi!
— Allez voir Fertal, Monsieur, il est dans son cabinet de
consultations, là-bas au fond de ce couloir.
Étonné par cette réponse il se dirigea vers le local de son confrère.
Le sol montait progressivement. Par endroits il n’y avait pas de murs
latéraux. Par ces espaces béants on pouvait voir l’étendue immense
du chantier. Le quartier entier était en travaux. Il y avait des grues et
des poutres métalliques partout. Plus il approchait, plus ça montait
et plus les murs revêtus de chaux blanche se rétrécissaient. Enfin, il
arriva à la porte juste au moment où son occupant sortait.

— Ah! Bonjour Joubert! Comment allez-vous?
— Mal! Je vais mal! Je ne trouve plus mon bureau! Pouvez-vous
m’indiquer où sont mes affaires?
— Vos affaires? Mais je ne sais pas! Vous savez, nous sommes
très occupés. On a dû les mettre dans une pièce vide! Voyez avec
Madame Galbret!
— Mais que se passe-t-il ici? On aurait pu m’informer
auparavant!

Indifférent à ces questions, l’officier s’éloigna, descendant le long
couloir.
Alain, désemparé, se mit à appeler : Suzy! Suzy! Suzy!
Soudain une main saisit son bras :

— Qu’est-ce qui t’arrive?
— Un cauchemar! Ça fait plusieurs fois que je fais le même rêve
obsédant.

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