1 2 3 4 5 6 7 8 9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
1 2 3 4 5 6 7 8 910
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33LE COUP BAS
Le facteur se gelait en attendant qu’on lui ouvre. Il maltraitait le
bouton de sonnette depuis trois minutes lorsque la voix nasillarde de
l’interphone répondit :
— Oui! qui est-ce?
Un recommandé pour Monsieur Joubert!La gâche grésilla, libérant la porte de l’immeuble. Le préposé
n’était pas mécontent de retrouver de l’air chaud, même si ce couloir
sentait la vieille poussière. Il fit signer le récipiendaire, lui donna la
LRAR et redescendit quatre à quatre.Alain, immobile sur le palier contemplait l’enveloppe avec
perplexité. Il y avait un en-tête :Direction centrale de la Police judiciaire — Tribunal de ParisIl ouvrit avec circonspection se demandant bien de quoi il pouvait
s’agir. Dès la lecture, l’incrédulité fit place à la stupéfaction. Il
était convoqué par un juge d’instruction du tribunal de Paris suite à
plaintes pour harcèlement! Suivaient le jour et l’heure à laquelle il
devait se présenter. Décidément, l’année 2051 s’était mal terminée et
2052 s’annonçait sur le même registre!Il reprit ses esprits et appela tout de suite maître Martineau. Celui-ci
accepta immédiatement de le défendre et tenta de le rassurer. Il y avaitTout à coup, Raymond s’éloigna et d’un air très triste dit à Alain :
« Tu vois, c’est déjà fini... Ne sois pas triste » Et il disparut. Alain
resta seul et se mit à pleurer, pleurer sans fin.Le réveil fut lourd en ce lendemain du dîner nautique. Le
souvenir de son ami d’enfance aujourd’hui disparu revenait :
Raymond, Philippe et lui formaient un trio inséparable pendant leurs
études. Et puis Raymond, très jeune, avait été emporté par un cancer.
Cela avait peut-être contribué à son orientation pour consacrer sa vie
à vaincre cette maladie.Avant de se lever, il attrapa son cahier sur la table de nuit et écrivit
une courte phrase :« Un ami, c’est quelqu’un devant qui on peut pleurer sans honte »