Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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première allée commerçante couverte et en face le passage Verdeau,
réalisé un peu plus tard, avec ses petits restaurants avoisinant les
boutiques de vieux livres et de timbres.

Alain comprenait la remarque de son ami car, pour restreindre la
consommation électrique, les autorités avaient décidé en 2021 que
les éclairages publics seraient éteints à minuit. De même les bureaux
entre 23 heures et 6 heures du matin. Seuls les aéroports et les gares
n’avaient pas de limitation. En quelques années les agressions
nocturnes étaient devenues telles que plus personne ne sortait après
extinction des réverbères. Les entrepôts étaient surveillés par des
milices privées équipées d’armes de guerre mais souvent cambriolés
malgré ces précautions. En cas d’incendie dans les zones industrielles,
les pompiers refusaient d’intervenir de nuit sans l’appui de l’armée.
Les quelques voitures qui circulaient à ces heures tardives, portes
verrouillées, ne s’arrêtaient pas aux feux rougesVu le peu de circulation,
le risque de collision était plus faible que celui d’être attaqué à l’arrêt.
La nuit était devenue le domaine des voyous. La police circulait en
véhicules spéciaux et n’intervenait que dans les cas d’exactions
extrêmes. La sécurité revenait progressivement à l’aube mais sortir
avant n’était possible qu’en transport en commun. La population
s’était peu à peu résignée à cette violence et s’organisait en fonction.

Le restaurant était décoré sur le thème des vieux trains fin
XIXe siècle. Les tables étaient disposées dans des « compartiments »,
ce qui permettait de converser tranquillement. Une fine plaque
adhésive placée au mur au-dessus du bar transmettait en continue
une chaîne télé d’information.
En attendant son rendez-vous Alain regarda distraitement : Le
reportage parlait des côtes françaises. Le niveau moyen de la mer
étant monté de 10 cm depuis 1950, soit un siècle. C’était beaucoup
moins que certains prévisionnistes avaient laissé craindre mais
c’était suffisant pour avoir quelques conséquences économiques. Sur

Cela lui faisait plaisir de retrouver son appartement. Il choisissait
toujours un vol le vendredi soir au départ des États-Unis, ainsi en
arrivant le samedi matin, il pouvait récupérer du Jetlag et se reposer
le week-end avant de retourner au labo.

Il vida, sa boîte aux lettres et une fois chez lui, il ouvrit toutes les
fenêtres et se mit un disque d’Errol Garner enregistré en 1946.
Avant de défaire sa valise, il alla au balcon pour humer l’air
printanier. Il était presque midi et une chaleur douce commençait à
monter. En regardant la butte Montmartre, il savourait la caresse du
vent après les huit heures passées en cabine pressurisée.
À chaque retour chez lui, depuis le départ de Félicia, il avait du
mal à supporter la solitude. Ce malaise s’estompait avec le temps
mais les premières heures étaient toujours un peu difficiles.
Il lui tardait de retrouver son équipe de travail. Il aurait pu joindre
un de ses assistants pour faire le point mais il préféra appeler le seul
ami d’enfance qu’il n’ait jamais eu.

— Bonsoir Phi-Phi! Ce n’était pas la peine d’en dire davantage,
Philippe savait que c’était lui!
— Salut mon frérot! Comment vas-tu?
— Bien, je viens de rentrer des USA. On peut dîner ensemble
vers 20 heures?
— Philippe marqua un temps puis se décida : « Si tu veux, je n’ai
rien ce soir. Mais je préfère 19 h 30, je ne veux pas rentrer tard. Je suis
à pied et après 23 heures, c’est dangereux. »
— On se retrouve à l’entrée du passage Verdeau?
— OK, Je vois où c’est. À tout à l’heure

Alain aimait beaucoup ce quartier chargé d’histoires : l’hôtel
Ronceray, boulevard Montmartre, vieil établissement où vécut
le compositeur Rossini quelques années et où il composa l’opéra
« Guillaume Tell », l’entrée du musée Grévin, le passage Jouffroy,
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