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33et pourquoi? Pour nous entraîner toujours plus dans un monde
où tout est contrôlé, numérisé, quantifié, où il n’y a aucune place
à l’irrationnel, à l’émotion justement. J’appelle ça « le paradoxe
de l’enfer »Ce fut au tour de Jean-Bernard de se mêler de la conversation :
— Je vous trouve bien pessimistes. Il n’y a pas que des
individualistes. Par exemple : Il y a de nombreuses O.N.G. qui ont
de nobles buts.Se tournant vers Alain :
— Tu as bien été à MDP (Médecins Des Peuples) pendant un temps?— Oui... Et j’ai vu comment ça fonctionnait! Ces O.N.G. sont
pleines d’opportunistes qui y voient un moyen de faire une carrière
politique. Les exemples sont légions. Le scénario est toujours le
même : Sous prétexte « d’organiser l’association » on engage des
permanents et voit arriver des « logisticiens » des « planificateurs ».
La plupart voyagent aux frais de l’organisation pour « évaluer les
besoins ». Ils sont reçus par les autorités dans les pays d’accueil,
bien logés dans des hôtels de luxe. C’est tout juste s’ils prennent le
temps de visiter les médecins et infirmières qui sont sur le terrain. Ils
reviennent ensuite pour faire leur rapport et ainsi de suite.
Oui, il y a des gens de valeurs dans ces assos. Ce sont ceux qui
sont sur place, au contact des sinistrés. Mais ceux-là, ils ne passent
pas à la télé!
Ceux que l’on voit dans les studios ce sont les « responsables »,
beaux parleurs.
Il n’y a pas trente-six façons d’aider, Il faut vivre avec les
populations en détresse.
Dans l’aide au développement, je n’ai de respect que pour les gens
de terrain. C’est ce que font, sans faire de tapage, des congrégations
religieuses.— Toi aussi, tu trouves que nous sommes idiots?— Ben! Quand on voit les rapports humains ; on pense qu’il peut
y avoir mieux!— C’est au matérialisme que tu penses?— Surtout à l’égoïsme! Tout est fait pour favoriser la satisfaction
du soi!— C’est vrai. Les pubs ( je le vaux bien ...), les revues féminines,
transgenre, etc. On infantilise les adultes pour pousser à l’achat
compulsif. Bref! Exacerber les désirs.— Et surtout pour persuader que les désirs sont des besoins! Il faut
donc les satisfaire sous peine de frustration. C’est ce conditionnement
qui est maintenant le moteur de nos sociétés. Il n’y a plus de sens
collectif.— Comment veux-tu qu’il y ait un sens collectif alors que depuis
des années, tout a été fait pour que le souci principal du « client » soit
le maintien de son petit corps, de sa jouissance personnelle.— Et que pour d’autres ce soit le souci de survivre en payant ses
dettes au jour le jour?— Vous ne trouvez pas que l’on est dans un paradoxe surprenant?
coupa Alain— Un paradoxe?— Oui, toutes les incitations commerciales, tous les spectacles, les
événements sportifs sont axés sur une exacerbation de « l’émotion »