Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Ensemble, ils se comprenaient parfaitement sur le fond. Ils
aimaient échanger leurs perceptions et se confiaient tout de leurs vies
depuis toujours. Pour tous les deux, c’était intangible.

Philippe l’embrassa chaleureusement et ils s’installèrent au
plus pratique, dans un des « compartiments » dont la « fenêtre »
donnait sur le passage couvert. Il ne cachait pas son plaisir de
retrouver Alain :

— Alors, ce séjour aux États-Unis, comment ça s’est passé?
Comment ça va là-bas?

— Sur le plan scientifique, c’est difficile de savoir exactement où
en sont certains labos. Les intérêts financiers liés aux brevets sont tels
que personne ne publie sur les dernières avancées.

Philippe travaillant dans le secteur bancaire réagit à cette allusion
aux finances :

— Justement, ils vont plutôt bien sur le plan des affaires. Leur
économie est florissante, ils ont un taux de chômage au plus bas
depuis longtemps. Ce n’est pas comme nous!
Il y a aussi l’indépendance énergétique dans laquelle ils
ont beaucoup investi depuis les années 2020 qui leur donne un
avantage considérable. L’exploitation des gaz de schiste dans le
Dakota n’ayant pas duré, ils ont construit des centrales atomiques
au grand dam des écolos mais comme ils restent des gaspilleurs
incorrigibles, tout le monde y trouve son compte : Pas d’extinction
des éclairages publics, les immeubles restent éclairés 24 heures sur
24, la climatisation fonctionne en permanence dans les bureaux et
à la maison.
Le passage aux véhicules électriques est encouragé dans quelques
états comme la Californie mais tous les camions sont encore au

les îles et les littoraux les plus plats, le tourisme et l’immobilier avait
subi des changements majeurs. Suite à des campagnes médiatiques
exagérément pessimistes, les résidences situées sur les zones dites
menacées avaient perdu toute valeur de revente.
En fait, seules quelques routes et voies ferrées très exposées
avaient nécessité des modifications de tracés.
Les rivages rocheux avaient conservé leur attrait. La Côte d’Azur
et certains endroits en Bretagne connaissaient un regain d’intérêt
immobilier et les prix s’envolaient.
Sur le plan industriel, les installations portuaires de Saint-Nazaire
et la centrale nucléaire du Blayais, sur l’estuaire de la Gironde,
avaient dû être mieux protégées contre les tempêtes.

Rien de bien nouveau, pensait Alain, lorsqu’il vit arriver la
silhouette haute et massive de Philippe. Il paraissait plus que ses
cinquante-trois ans car il avait déjà des cheveux blancs dans sa
chevelure noire. Un grand sourire éclairait son visage mat et large.
Ses petits yeux marron semblaient pouvoir pénétrer au fond des âmes.
Ce regard malicieux associé à un optimisme naturel lui donnait un
charisme certain. Il avait le don d’attirer à lui toutes les sympathies,
plus ou moins sincères. Ses relations lui avaient beaucoup servi
pour s’insérer dans la société, Alain trouvait qu’il se diluait dans ses
nombreuses « relations ».
Pour lui, cet homme était un véritable paradoxe : Il arrivait à
être authentique jusque dans le conventionnel le plus bourgeois!
Comment parvenait-il à concilier cette capacité d’empathie avec une
réflexion intérieure apaisée? Face à tant de capacité communicante,
Alain se sentait affligé de « handicap social ».
Mais derrière cette façade superficielle Philippe savait très bien
juger les gens, il évitait soigneusement la contamination des clans et
des cercles.
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