Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Son bureau était moins confortable que celui de New-Orleans.
C’était une pièce mal éclairée par une fenêtre en demi-cercle au ras
du sol dont la vitre ne donnait de la lumière que sur le plancher et par
laquelle on apercevait la rue d’Arcole.

À peine le temps de poser son porte-documents et la secrétaire
frappait déjà à sa porte :

— Bonjour Professeur, on est tous contents de vous retrouver.
Monsieur Bertrand désire vous voir dans son bureau dès votre retour.
C’est urgent paraît-il...

— Merci Sarah, dites-lui que je suis arrivé et que j’y vais d’ici dix
minutes, je vous verrai ensuite.

Tout en allumant son ordinateur, il se demandait bien pourquoi
le directeur de son département était si pressé de le rencontrer.
D’habitude, il attendait quelques jours avant de venir le voir et en
général c’était pour l’inviter à déjeuner et parler tranquillement.

Le bureau de Monsieur Bertrand n’était guère plus grand que le
sien mais il donnait sur une des cours intérieures, c’était plus agréable.
Le directeur, grand, sec, la soixantaine en forme était visiblement
contant de le revoir mais Alain perçut un certain embarras dans sa
façon de lui parler.

— Bonjour Joubert, votre séjour en Louisiane s’est bien passé?
Il continua sans attendre la réponse : Vous savez, bien sûr, que nous
recevons nos subsides du ministère de l’enseignement supérieur et
de la recherche. Nous sommes de fait, totalement dépendants de
l’état.
Une telle évidence laissait sans voie son interlocuteur qui attendait
la suite avec curiosité.

L’HÔTEL-DIEU


Quand il prit le métro ce lundi matin à 7 heures pour aller à
l’Hôtel-Dieu, il faisait déjà 21 degrés. La ligne qu’il empruntait
avait été refaite en partie. Certaines stations étaient propres et leurs
quais sécurisés par des portes coulissantes. La RATP programmait
régulièrement des rénovations depuis vingt ans mais la moitié du
réseau était encore dans un état d’insalubrité indigne de la capitale.
À chacun de ses retours, il était frappé par ce délabrement par rapport
aux métros d’autres métropoles comme Moscou, Lisbonne, Bilbao
ou même Chicago dont les premiers segments dataient de la même
époque qu’à Paris.

Au bout d’un quart d’heure, Alain sortit à l’air libre de l’île de
la Cité. La courte marche pour atteindre le porche de l’Hôtel-Dieu
depuis la bouche de métro était toujours pour lui une brève parenthèse
de félicité. Quelle que soit la météo, il prenait son temps et respirait
lentement l’atmosphère du cœur de Paris.

Il pénétra dans l’hôpital par l’entrée principale, coté parvis
de Notre-Dame. Il suivit un dédale de couloirs jusqu’à son labo
situé à un entresol. Cet édifice avait une âme. Au fil des siècles, il
avait subi de multiples transformations. La modernité des derniers
aménagements télescopait la mémoire de ces murs vénérables. Il
en résultait une étrange ambiance comme si les esprits de tous les
êtres qui y avaient souffert où y étaient morts imprégnaient encore la
pierre et contemplaient silencieusement leurs lointains descendants.
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