Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Cédric regardait sa mère avec un regard tendre, une sorte de
naïveté pure que seuls les êtres authentiques peuvent avoir et qui
émouvait toujours Suzanne au plus profond de son âme.

Ces instants où deux êtres sont en communion totale, sans un mot,
comme dans un monde parallèle, sont des éclairs miraculeux.

Mais le temps est élastique : Le temps c’est aussi l’heure! Le
temps de se préparer à sortir! Retour dans une autre réalité, celle du
quotidien...

« Cédric, va t’habiller, je vais t’amener à l’institut, il faut que
je sois à l’Hôtel-Dieu dans une heure. Ta nounou te récupérera à
17 heures et te gardera comme d’habitude jusqu’à ce que je revienne,
vers 18 h 30, dépêche-toi. »

« M’habille! m’habille! »

Suzanne avait de la reconnaissance pour Joubert : Il l’avait bien
aidé lors de cette séparation. À l’époque, c’était un des plus jeunes
chercheurs dans sa branche. À 30 ans, il avait déjà sa propre équipe
quand elle l’avait rejointe. Cédric avait 5 ans.

Alain lui avait laissé une grande liberté d’horaires pour qu’elle
puisse s’organiser. Il lui avait trouvé une nounou qui s’était avérée
très patiente avec son fi ls et faisait un peu de ménage. Elle avait
ainsi pu continuer ce job auquel elle tenait, et indispensable pour
survivre.

L’avenir de Cédric l’inquiétait. Que deviendrait-il si elle
disparaissait? Il fallait absolument que dans quelques années, il
soit apte à assurer des petits travaux simples. Certes, la loi obligeait
les entreprises à embaucher des handicapés mais beaucoup
préféraient payer les amendes plutôt que d’intégrer des éléments
perturbants et peu productifs. Elle savait, pour en avoir parlé avec
des parents dans cette situation, que c’était quasiment « mission
impossible » de trouver un employeur acceptant les jeunes adultes
trisomiques.

« Manman! Prêt! Prêt! »

La voix de son fils la fit lever. Elle entra souriante dans la cuisine.
Cédric avait tout placé, les toasts, la confiture, et fait le café. Il était
maintenant tout à fait capable d’utiliser la cuisine sans risque de
se brûler. Que d’angoisses n’avait-elle pas vécu pour se forcer à le
laisser entreprendre des tâches qui risquaient d’être dangereuses pour
lui. C’était la seule façon de le faire progresser vers l’autonomie.
Chaque geste réussi était une victoire...

Pour eux, ce petit déjeuner matinal était un moment d’intimité
complice et tranquille.
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