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33— Suzanne est persuadée qu’ils veulent utiliser cette technique à
des fins militaires.— Ça me paraît normal non? C’est des militaires!— Tu as une drôle de façon de voir les choses!— Ben! ça me paraît logique! Non? Que vas-tu faire?— Pour l’instant. Je vais observer comment les choses vont
s’orienter. Je suis méfiant car je me suis systématiquement opposé à
toute recherche autres que sur des tissus pathologiques.— Papa! Depuis les fécondations in vitro, les diagnostics in utéro
des maladies génétiques et toutes les nouvelles avancées médicales.
Tu sais bien qu’on s’est engagé, peu ou prou, de plus en plus dans la
manipulation des gênes!— Tu veux parler de l’édition génomique? Des techniques
CRISPR d’Emmanuelle Charpentier
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? Des travaux de Jennifer
Doudna à Berkeley qui ont permis d’éliminer des maladies comme la
Thalassémie? ça date de la décennie 2000-2010!— Euh je ne sais pas de quoi tu parles. Moi je pensais simplement
aux évolutions des quinze dernières années. Tu sais bien que les gens
aisés se payent les compétences des meilleurs centres de génétique
pour avoir des enfants à leur convenance : Couleur des yeux, taille,
propension aux sports pour en faire des champions riches, etc. C’est
complètement passé dans les mœurs. Cela ne choque plus personne.3 La technique CRISPR a été une grande avancée dans les procédés de modification
d’éléments d’ADN.— Non! ça ne me plaît pas. Les champs de recherche, les
méthodes, tout est différent!
Pour l’instant, cette coopération forcée ne nous a rien apporté.
Au contraire, j’ai la certitude qu’ils sont les seuls bénéficiaires de ce
rapprochement.— Qu’en pensent les gens de ton équipe?— Tu connais Suzanne, qui travaille avec moi?— Oui. Je vois, c’est elle qui a un enfant handicapé?— Oui. Je lui avais demandé de superviser les études faites par
le médecin militaire (il ne voulait pas nommer Fertal) et de mettre à
l’abri des données sensibles sur les nanotechnologies.— Pourquoi?— Parce que je vois depuis le début qu’il s’intéresse surtout à nos
travaux bien avancés sur l’Apoptose.Christine était un peu perdue dans ces termes scientifiques.
— Excuse-moi, Papa. L’Apo-machin, c’est quoi?— C’est la détermination biologique naturelle de la durée de
vie d’une cellule. C’est programmé dans son noyau. La cellule
meurt au bout d’un délai fixé par cette sorte d’horloge interne.
Le renouvellement permanent de nos tissus se fait ainsi, avec une
fréquence différente selon les organes de notre corps.Cela ne la passionnait pas mais, par affection pour son père, elle
écoutait.