Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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LES « N.F. »


Marcher dans Paris enneigé en ce début de nuit hivernale était
un plaisir rare qu’Alain dégustait à chaque respiration. Il était passé
chez lui pour déposer son téléphone mobile et mettre des chaussures
plus appropriées aux conditions climatiques. Les cinq centimètres
de poudreuse ralentissaient la marche mais on pouvait se
déplacer. Par contre, la circulation automobile était complètement
bloquée. Pas de bus ni de voitures. Quelques inconscients tentaient
le vélo mais renonçaient après deux ou trois chutes spectaculaires
et parfois comiques. Un silence apaisant régnait sur la capitale,
troué par quelques échos de voix. La ville retrouvait une dimension
humaine.
Depuis la rue du Conservatoire, il fallait normalement une
vingtaine de minutes à pieds pour aller jusqu’à la rue Molière, mais
cette fois il lui fallut 45 minutes pour y arriver.

Alain avait gardé des contacts avec quelques « libres penseurs »
qui publiaient des écrits, faisaient des conférences ou des vidéos sur
des réseaux alternatifs. C’était un moyen de partager l’idée, un peu
utopique, d’entretenir l’esprit critique du siècle des lumières qui avait
tant apporté à l’Europe.

L’immeuble où avait lieu leur réunion de ce soir était un des plus
anciens de Paris. La façade tordue trahissait sa vétusté. À se demander
comment il tenait encore debout. Les fenêtres en bois avaient des
dimensions différentes à chaque étage dont aucun n’avait la même

— Ça m’a fait du bien de te parler. Surtout! Ce que je t’ai dit à
propos du labo! ça reste entre nous!
— À qui veux-tu que j’en parle? Sois tranquille. À plus!

Après une brève embrassade, elle sortit dans l’encadrement de la
porte. Elle prit une poignée de neige sur le sol et, se retournant vers
son père, lui fit un clin d’œil avec un grand sourire de gamine avant
de s’éclipser. Alain perçut le crissement de ses pas dans la neige
s’éloigner et se retrouva seul dans le hall de l’hôtel.
Il savoura ainsi les quelques secondes pendant lesquelles le
moment vécu est encore là, puis il paya l’addition.
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