Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Il aimait bien l’ambiance de la salle à manger située en rez-de-
chaussée sur le côté d’une cour de l’hôpital. De grandes baies vitrées
donnaient sur les parterres fleuris typiques des jardins à la française.
Toute la vie de l’établissement était là en résumé : Secrétaires,
brancardiers, médecins, administratifs, chirurgiens, anesthésistes.
Alain posa son plateau à une place libre. A la table voisine, six
infirmières parlaient gaiement à haute voix, qui de ses
enfants, qui de son déménagement, qui de sa voiture.

Au bout de quelques minutes, il vit arriver Bonpain, un de ses
collaborateurs :

— Bonjour Monsieur. Je peux venir déjeuner avec vous?
— Bien sûr Hervé, asseyez-vous!

La conversation vint vite sur le sujet de préoccupation du moment.

— Dites-moi Patron. Fertal va encore rester longtemps avec nous?
— Je ne sais pas. Pourquoi?

Alain sentait son assistant sur la réserve. Il insista :
— Pourquoi vous me posez cette question? Sa présence vous
perturbe?
— Moi personnellement peu, mais vous savez bien
que ça perturbe tout le service. C’est difficile de collaborer avec lui,
lorsqu’il demande des précisions sur nos techniques, on veut savoir
pourquoi mais il ne dit jamais ce qu’il cherche réellement!

— Je sais. Je rencontre Bertrand la semaine prochaine pour en
parler. Je suis parfaitement conscient du malaise de l’équipe. Je ne
souhaite pas qu’il reste, mais cela ne dépend pas de moi.
— Vous êtes tout de même le patron du département
d’immunologie, Monsieur.

— Inutile Monsieur lui répondit-elle avec un regard complice et
aussi réprobateur.

Elle sortit, provoquant une deuxième fois l’intrusion violente
et brève du soleil dans la pièce, vite remplacée par une ambiance
atténuée, plus propice à la réflexion.

En vérité Alain ne savait comment faire. Il avait le mauvais
pressentiment d’une tourmente imminente. Il décida d’aller prendre
le frais dehors.

Il faisait très bon sur le parvis de Notre-Dame, un vent léger
balançait les fleurs des massifs. Des employés replantaient de
nouvelles souches. Voyant qu’Alain contemplait les roses qui
commençaient à s’ouvrir, le plus âgé des jardiniers s’approcha :
— Elles sont belles n’est-ce pas? Venez voir un peu plus loin, il
y a une variété très odorante.
Il lui montra des pieds de roses blanches déjà ouvertes
— Elles sont très précoces et elles sentent le jasmin. Je les aime
beaucoup.

Alain, se pencha sur la plus épanouie, un jaillissement de parfums
subtils envahit son nez. Quand il releva tête, l’homme s’en était allé
discrètement comme pour s’excuser de l’avoir dérangé...

Il resta un moment assis sur un banc, à regarder les enfants, les
coursiers pressés, les touristes perdus, les « connectés » aux yeux
rivés sur leurs écrans. « Aucun ne regarde les nuages » se dit-il.
Les moineaux et les pigeons lui semblaient être les seuls éléments
naturels dans ce tableau.

Finalement, il se décida à revenir à l’Hôtel-Dieu. C’était l’heure du
déjeuner, il alla retrouver ses collaborateurs au self-service de l’hôpital.
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