Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Ce matin le temps était magnifique. Quand il pleuvait, c’était une
autre affaire, même en courant vite, on arrivait dans le hall trempé
jusqu’aux os.
Il contourna le parking de quatre étages où les gros pick-up et 4x
rechargeaient leurs batteries et se présenta à l’entrée. Le préposé lui
remis son badge après signature du registre des entrées accompagné
d’un aimable « Hi! Dr Dyoubeurte ».
Joubert avait l’habitude, c’était la routine dans toutes les entreprises
et administrations américaines.
Dans le couloir du 1er étage où était son bureau, des hommes de
l’entretien, à la ceinture bardée d’outils étaient en train de changer
l’éclairage. Il aperçut Jack, un grand blond de 1,90 m venant à sa
rencontre. C’était le seul scientifique américain du centre parlant le
français.

— Hello Al, comment ça va ce matin?
— Ça va merci. Vous faites des travaux?
— Tu as vu? ils changent tous les spots pour mettre de nouvelles
LED. Tout est commandé par « compiouter » : l’intensité lumineuse,
la température de couleur, en fonction de l’heure et de la météo.
Génial!
— Oui, mais comme tout reste allumé la nuit, le bilan énergétique
est pas si terrible, non?
— Oh, vous, les Français vous trouvez toujours quelque chose
à critiquer! Allez bonne journée! I see you later! poursuivit-il,
ironique, en s’en allant.

Alain entra dans le local impersonnel qui était à sa disposition,
un bureau, un fauteuil, une armoire métallique grise en guise de
bibliothèque, un portemanteau. Une fenêtre à cadre alu gris donnait
sur une cour paysagée, plus loin on apercevait le highway qui menait
au pont sur le Mississippi. À l’inverse de certains de ses collègues,
il ne mettait jamais de photo personnelle en évidence. Celles de ses

Sortant sur le palier de sa chambre, il fut saisi par la luminosité
qui envahissait déjà le motel. Il descendait toujours ici quand il
venait au centre de biologie de la « Luisiana State University ». Les
tarifs étaient raisonnables pour des séjours de quelques semaines et
l’hygiène acceptable quand on restait peu de temps.
Dans la cour, jouxtant le parking, il y avait une piscine dont il ne
s’était jamais servi et où d’ailleurs il n’avait jamais vu personne. La
localisation lui convenait parfaitement, non loin du centre.
Il sortit du Motel pour prendre le bus, l’arrêt était juste en face,
lui permettant de gagner le laboratoire en une quinzaine de minutes.
Il était le seul passager blanc sur cette ligne. Beaucoup de noirs
ne pouvant pas s’acheter une voiture, même ancienne à moteur
thermique, utilisaient les transports en commun.
Décidément la société américaine n’avait pas changé depuis qu’il
était venu la première fois en 2026. Il avait alors 28 ans, la tête pleine
de clichés sur les États-Unis et une connaissance très approximative
de la langue. Il se souvenait encore de son escale à New York, au
comptoir de la South-West, lorsqu’une jeune femme lui avait
demandé « Are you on line? », il l’avait regardé sans comprendre ni
rien dire, elle l’avait pris pour un abruti.
À cette époque, ne pas parler l’anglais yankee était déjà perçu
comme un anachronisme. Sur ce point cela ne s’améliorait pas!
Aujourd’hui, le nombre d’immigrés hispanisants ayant considé-
rablement augmenté, la pression linguistique de cette population les
avait obligé à pratiquer l’Espagnol, à cause du poids économique.
Mais les autres langues! Seule une élite parlait un idiome étranger,
souvent pour raisons professionnelles.
Ses pensées vagabondes cessèrent à l’arrivée à destination.
Le véhicule le déposa à deux cents mètres du labo et redémarra
dans la fumée de gas-oil, les bus électriques n’étaient pas encore
généralisés.
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