Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Le voiler, poussé par le flot, remontait tranquillement l’estuaire au
moteur. De magnifiques chartreuses dominaient du haut des collines
le paysage maritime.

— Vous voulez qu’on s’arrête au pont du Bono ou bien on
continue sur Auray?

— On peut prendre un corps mort après le pont pour prendre le
café proposa Claudine.

Tous les trois connaissaient bien l’endroit. Passer sous le pont du
Bono entre les collines boisées était toujours un plaisir.

Au mouillage on était dans un écrin naturel. L’air y était plus frais.
Les bruits des voitures sur le pont, loin au-dessus du bateau rappelait
régulièrement la frénésie du monde d’en haut. Ils étaient dans un
havre de sérénité qui fut brutalement perturbé par le sifflement de la
bouilloire.

Claudine, juchée à mi-hauteur de la descente, tendit une tasse
fumante à Alain qui n’aimait pas beaucoup ce café allongé mais ne
laissa rien paraître pour ne pas la froisser. Elle se pencha à nouveau
vers l’intérieur, donna la deuxième tasse à son mari et les rejoint
ensuite, son thé à la main.

Ils profitèrent un moment de cette tranquillité, écoutant le
silence percé par le cri des mouettes.

Brusquement, Philippe se leva, posa sa tasse vide et reprit son rôle
de Skipper :
— Bon, on va y aller! La marée est haute dans une heure, on aura
assez d’eau pour aller jusqu’au port de Saint-Goustan.

Quelques bateaux naviguaient sur la rivière qui se rétrécissait par
endroit. Dans une courbe, Philippe fit de grands signes à un cabin-
cruiser qui descendait vers l’aval.

— Holà! Holà! et se tournant vers Alain comme pour avoir son
acquiescement : « Ils ont certainement un tire-bouchon ».

Les gens de l’autre navire se demandaient ce que voulait cet
homme gesticulant. Ils manœuvrèrent pour se rapprocher.

— Vous avez un tire-bouchon? Stupéfaction totale chez les
navigateurs de rencontre. Une femme fut la première à réagir : « Oui,
bien sûr! »

Claudine, embarrassée que son mari les ait dérangés intervint :

— Ça y est! Nous l’avons retrouvé! Excusez-nous! Désolés!

— Y a pas de mal! Effectivement, c’était grave! Plaisantèrent-ils
en s’éloignant.

Philippe s’était calmé. Voyant les visages hilares de son équipage,
il comprit enfin et parti d’un grand éclat de rire.
— Vous m’avez bien eu, tous les deux! Il extirpa vivement
le tire-bouchon de la main de sa femme pour ouvrir enfin cette
bouteille.

C’était un bon vivant. Table copieuse et vin généreux lui étaient
indispensables. Il avait une belle bedaine pour son âge et un poids
respectable. Il ne manquait pas une occasion de reprocher à son
« frère » de ne pas faire bonne chair et de ne pas savoir profiter des
plaisirs de la vie.
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