Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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— Il est bientôt 20 heures, si tu veux, on va se préparer pour aller
dîner.

Tout le monde se mit élégant. Ils restaient fidèles à la tradition qui
veut que l’on « s’habille » pour aller à terre.
« Gouelan » était descendu. Sa quille touchait le fond mais il
n’était pas encore complètement échoué. Il fallait monter quelques
barreaux scellés dans le quai pour mettre pieds à terre. Claudine, en
navigatrice avisée, avait mis des pantalons étroits pour ne pas se salir.

La place Saint Sauveur était entourée de crêperies. Ils choisirent
une table placée contre une fenêtre d’où ils pouvaient voir le vieux
pont.

Le tavernier leur apporta les cartes sans autre commentaire que
« Bonsoir! » et repartit dans sa cuisine.

— Pas aimable! Autrefois on était accueillis chaleureusement.
C’est lui? Ou c’est pareil ailleurs? Commenta Alain.

Claudine répondit car Philippe était déjà plongé dans le menu,
élaborant ses agapes de la soirée.
— La Bretagne est maintenant une région indépendante. Le
sentiment de la fierté Celte a été exacerbé. Il est vrai que l’on sent
parfois une agressivité qui n’existait pas dans notre jeunesse. Il paraît
que dans le Finistère des maisons secondaires de propriétaires « non
Bretons » ont été taguées. Cela ne s’est pas encore produit ici.

— En plus, il semble que les prix aient sérieusement grimpé!
C’était bien moins cher la dernière fois que je suis venu, il y a 6 ans!

Entendant parler prix, le sens des affaires de Philippe lui fit relever
le nez de sa lecture.

Il mit le diesel en route et demanda à Alain de défaire l’amarre qui
les tenait au coffre. Le voilier passa son mât à nouveau sous le pont
routier.
Après un demi-nautique, Philippe laissa la balise cardinale sud du
banc de la Sarcelle sur son tribord et contourna la pointe de Kerisper
pour mettre le cap au nord vers Auray.

La nature offrait ses couleurs lumineuses. Le vent ondulait les
champs de luzerne. Les iris, les coquelicots, les boutons d’or et
bien d’autres fleurs sauvages saupoudraient les prairies d’une magie
impressionniste. Après des zones larges aux vues dégagées, la rivière
se rétrécissait progressivement ainsi que le chenal. Ils arrivaient au
terme de la voie navigable pour les voiliers.

N’étant pas en pleine saison, il y avait des places au port. Ils
accostèrent doucement au quai Franklin. De là on pouvait aller à la
place Saint Sauveur à une centaine de mètres. Le lieu était calme
et ombragé. Philippe s’assura que « Gouelan » était correctement
amarré pour l’échouage et rejoint son épouse et Alain dans la
cabine :

— Reposez-vous. Ce soir nous irons dans une des crêperies du
port.

Alain s’allongea sur une couchette du carré et prit un livre dans
l’étagère au-dessus de lui. Au bout de quelques minutes, bercé par
les doux balancements de la coque, le calme environnant l’envahit
et il s’endormit.

Quand Claudine le secoua pour le réveiller, il était en train d’entrer
par erreur sur la piste d’un cirque, heureusement retenu par une main
sur son épaule. Les clowns disparurent, remplacés par le visage
souriant de la fée du bord.
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