Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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— Oui! Oui !! Pas un seul passage! On n’avait rien tiré!

— Non, mais quelle nuit splendide, la lune répandait une faible
lumière blafarde sur l’eau où se détachaient les silhouettes des
appelants. C’était une atmosphère magique dont je me souviens
encore!

— Il faudra que tu viennes à une battue au cochon un de ces jours.

— Au cochon?

— Ben! Au sanglier! Tu sais qu’on estime qu’il y en a environ
3 000 autour de la baie de Somme et des environs d’Abbeville? On
en a éliminé à peu près 1 200 l’année dernière. Il faut réguler leur
population car il font de gros dégâts aux cultures.

Lancer Jean-Bernard sur la chasse et il devenait intarissable!

— Alain qui n’était pas chasseur préféra changer de sujet. Vous
partez cet été?

— Nous allons voir nos amis Fournet à Toulouse quelques jours
en juillet, on ira ensuite à San Sébastien acheter des « embutidos »
et on remontera sur Arcachon pour voir la mère de Juliette. Après on
rentrera en passant un peu par la Bretagne.

— C’est presque un tour de France!

— Tu sais, on n’est pas pressés! Et toi, qu’est-ce que tu fais en
août? C’est bien en août que ton labo ferme chaque année? Tes
vacances de prof d’université, on n’en parle même pas, c’est à se
demander quand vous travaillez! le taquina Juliette.

Leur maison en bois était de plain-pied dans un grand jardin
tout en longueur. Elle était située dans un quartier périphérique à la
limite des champs que grignotait inexorablement la ville. C’était très
confortable. Ils avaient particulièrement soigné l’isolation et Jean-
Bernard avait suivi de près la construction. De grandes baies vitrées
laissaient généreusement entrer la lumière.

Ils avaient mis les moyens. Lui vétérinaire et elle opticienne, ils
pouvaient se le permettre et ils en profitaient. Ils avaient pris une
retraite précoce vers les 55 ans. Ils bougeaient beaucoup. Traverser
la France pour passer trois jours chez des amis à Carpentras ne leur
faisait pas peur. Par contre, dès l’ouverture de la chasse, Jean-Bernard
refusait de s’éloigner de sa région natale.

Le gibier ne manquait pas : Les canards en baie de Somme, les
oies, les sangliers, les chevreuils. La période d’août à février était
immuablement organisée en fonction des impératifs cynégétiques.
Chose étonnante, il avait réussi à communiquer à Juliette sa passion
pour la chasse. Alain avait été surpris d’apprendre que sa cousine qui
avait été élevée dans le seizième et n’avait jamais touché une arme à
feu, suivait son époux aux battues et avait même un bon coup de fusil.
Elle cuisinait aussi très bien les gibiers. Ainsi, la jeune parisienne
qui avait acheté son magasin d’optique à Abbeville suite au hasard
des offres de vente et avait connu son futur mari en le consultant
pour son chien, était devenue une vraie picarde en quelques années.

La soirée était très agréable, Juliette avait préparé la table sur
la terrasse. Sa coupe remplie d’un champagne millésimé, Alain
savourait ces instants de connivence :

— Tu te rappelles cette chasse au canard début septembre, il y
a cinq ans? Sacré Jean-Bernard! Tu voulais absolument me faire
passer une nuit à la hutte!
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