Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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— Bien. Andrew est à Boston avec sa mère et Christine est
toujours dans le négoce.

— Pas encore grand-père?

— Non et je ne pense pas que cela en prenne le chemin...

— Elle est comme son père : Boulot, boulot !!

— C’est un peu ça, oui. Christine mène sa vie. Je la vois peu. Tu
sais! Tu élèves tes gosses, tu les mets sur la rampe de lancement,
enfin, pour ceux qui restent avec toi, et après il ne te reste que le
souvenir de toute l’énergie que ça t’a bouffé.

Les cousins ne firent aucun commentaire sur ces propos
pessimistes. Eux-mêmes n’avaient pas d’enfant et ils n’en parlaient
jamais. Un jour Juliette avait dit qu’elle était contre le principe de
l’adoption, rien de plus. Alain avait respecté son silence et n’avait
plus évoqué ce thème.

— Bon! Coupa Juliette, Je vais préparer ton lit.

Quelques minutes et elle revint :
— Tu peux prendre la salle de bains pendant que je range la
cuisine, cousin! Elle l’appelait toujours ainsi.

Alain leur dit bonne nuit et se retira. Une fois allongé, il écouta
longuement les bruits lointains venant de la fenêtre ouverte. Les
bruissements de la nature le changeait du bourdonnement constant de
la capitale. L’air était léger, par moments des senteurs des champs
envahissaient la pièce.

— Tu exagères, on donne tout de même quelques cours! C’est
vrai que les étudiants rentrent tard, mais d’octobre à mai c’est assez
intensif. Pour le mois d’août je n’en sais rien, je n’y ai pas encore
pensé.

La nuit tombait quand ils attaquèrent le cuissot de chevreuil arrosé
d’un Vosne-Romanée.
Jean-Bernard avait une cave bien fournie. Alain préférait les
Médoc et n’avait jamais été convaincu par les Bourgognes rouges
mais par contre, il adorait les Bourgognes blancs.

Le repas se termina tranquillement par une salade de fruits et
Jean-Bernard prit son verre de Cognac habituel. Il en offrit à Alain
qui n’eut aucun mérite à refuser, il n’aimait pas les alcools forts, sauf
la Vodka.

Heureusement personne ne fumait. Tous les trois humaient l’air de
la nuit sans parler, écoutant les cris des merles qui se disputaient les
places pour dormir dans les fusains.

Alain était pensif. Il se sentait désorienté. Il reconnaissait qu’il
avait gâché à maintes reprises sa vie et celle de ses proches par
une priorité professionnelle exagérée. Il le payait maintenant par une
solitude à laquelle il s’était progressivement habitué. Mais cette fois-ci, son
malaise était plus profond, comme un nuage noir qui gagne peu à peu
et vient tout draper de sombre. Il avait l’impression que l’encre
d’une pieuvre obscurcissait progressivement son esprit. Lui qui avait
toujours eu du discernement dans sa carrière ne savait plus quoi faire.

Juliette le tira de ses réflexions :
— Comment vont tes enfants?
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