Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Surprise, elle s’assit sur les pattes arrière, ses grandes oreilles
à l’horizontale, le regarda et poussa un cri strident en tremblant de
tout son corps. Elle resta ainsi sans bouger. Il la tenait en ligne de
mire mais déconcerté par la réaction de la hase qui semblait avoir
conscience de sa mort imminente, il sentit son doigt se dégager de la
détente, il ne pouvait pas tirer! Il baissa son fusil. Elle était toujours
là assise et tremblante et tous les deux se regardaient comme si le
temps s’était arrêté.
Finalement il se décida : “Allez! Vas-t’en! Fous le camp !” Elle
partit en courant.

L’homme revint chez lui, posa le fusil et ne chassa jamais plus.

Depuis, il la voit de temps en temps lorsqu’il passe avec son
tracteur. Elle reste à distance mais ne fuit pas. Ils semblent échanger
un regard et elle s’en va plus loin calmement. »

— Pourquoi je vous raconte ça, alors que nous parlons de
science? Parce que cet homme a perçu que nous sommes tous dans
le même univers de conscience-espace-temps, dans une immensité
sans limites. Je crois que c’est une notion fondamentale. Notre rôle
est de découvrir, comprendre autant que nous pouvons, pour traiter
les « failles » : cancer, malformations, mais j’ai la certitude que nous
ne ferons rien de bon en forçant la nature.

Je ne suis pas un « paléontologue de la génétique » mais je pense
que le génome humain n’a pas changé depuis des millénaires. L’état de
conscience non plus : Nos progrès techniques sont considérables mais
nous raisonnons encore comme nos ancêtres mérovingiens. Il suffit de
voir les addicts aux jeux informatiques incapables de distinguer le réel
du virtuel. Ils traquent pour les « capturer » des personnages
qui n’existent que sur l’écran de leur mobile!

— Savez-vous qu’un couple trisomique peut avoir un enfant
normal?

Alain intervint :
— La probabilité est faible Dominique! Mais c’est vrai qu’elle
existe. Je pense que la seule solution est comme toujours d’adopter
une voie thérapeutique. Dans bien des cas, nous avons les moyens,
aujourd’hui, d’aller modifier le gène responsable de l’anomalie. C’est
là qu’il faut intervenir. Le problème c’est le calcul de probabilité que
le gène « s’extériorise » et quand intervenir.
— Je vais vous raconter l’histoire d’un homme que j’ai rencontré.
Au premier abord cela n’a rien à voir avec notre débat, mais je
pense que cela vous apportera un autre éclairage :

« Un matin d’hiver, comme tous les ans, ce viticulteur chassait
dans ses vignes. Il aperçut à l’autre bout d’une rège une belle
hase de couleur gris beige clair. Elle l’avait vu, elle s’arrêta et
resta cachée à l’extrémité du rang. Il remonta vers elle avec
précaution, mais arrivé au bout du champ, elle avait disparu. Il se
retourna, elle était passée de l’autre côté et le regardait. Il revint
sur ses pas encore plus doucement. Revenu à son point de départ,
il vit l’animal de nouveau arrêté à l’extrémité opposée. Le jeu de
cache-cache dura ainsi une bonne dizaine de minutes sans qu’il ait
pu l’approcher à portée de tir. L’heure avançant il prit le parti de
rentrer chez lui pour déjeuner.
L’après-midi, il revint dans sa vigne, bien décidé à lui faire son
affaire. Il ne fut pas surpris de la retrouver, exactement pareil, de l’autre
côté. Mais cette fois, au lieu de remonter le champ, il s’accroupit entre
les pieds de cabernet-francs et il attendit sans bouger.
Au bout de quelques instants, il l’aperçut au travers des plants
effeuillés venir lentement vers lui. Elle ne l’avait pas repéré. Lorsqu’il
pensa qu’elle était à bonne distance, il se dégagea et un genou à
terre pour assurer sa stabilité, la mit en joue.
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