Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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— Pourtant les robots avec qui nous discutons et échangeons des
points de vue, ou qui s’occupent de la maison. C’est le résultat de
recherches en intelligence artificielle!

— Oui, mais quand un enfant prend la main du robot qui l’amène
à son école, en fait il tient une machine. Pour le gamin, c’est très
signifiant car la main est une projection de l’esprit. Il met donc
dans ce geste une valeur illusoire puisque le robot n’a pas le même
« ressenti ».
Le piège est justement de mettre de l’émotionnel dans cette relation.
Pourquoi croyez-vous que les concepteurs aient fait tant d’efforts
pour donner à ces engins une apparence humaine? La perversité se
loge justement dans cet anthropomorphisme. Il ne me viendrait pas
à l’idée de serrer la main d’un humanoïde car cela n’aurait aucune
signification. Désolé mais je préfère acheter des chaussures à une
jolie vendeuse plutôt qu’à sa réplique faite de circuits intégrés et de
plastique. Certes, ces machines ont des systèmes sensoriels : Audition,
vue, odorat, souvent plus développés que nos propres capacités dans
la perception des ultrasons, des infrarouges, des ultraviolets, de
milliers d’odeurs. Cela suffi t-il à leur donner la conscience?

— À un certain niveau! Oui!

— Donc vous réduisez « la conscience » au fait de percevoir son
environnement et de l’analyser selon des références mémorielles.
On peut dire, en effet, que le robot est « conscient » du monde qui
l’entoure. Moi, j’évoque une autre dimension de notre esprit humain
qui, je crois, n’a pas de limites.

Son contradicteur insista :
— Les robots avocats utilisés dans les gros cabinets juridiques
sont bien des éléments d’intelligence artificielle qui n’ont pas un

Maintenant nous manipulons notre génome. Nous sommes
au début d’une ère nouvelle : Notre « être » profond va changer,
mais notre « mental » va-t-il suivre? Je ne crois pas en « l’homme
augmenté », au transhumanisme qui nous donnerait l’immortalité.

Quelqu’un fit éclater de rire tout le monde :
— Heureusement! Tu te rends compte le casse-tête pour les
caisses de retraite!

Alain suivait sa pensée, toujours sérieux :
— J’affirme que les scientifiques doivent penser aux conséquences
potentielles de leurs découvertes. On ne peut pas s’affranchir de cette
responsabilité. Jacques Testart^4 l’avait courageusement montré à son
époque et il l’avait payé.

Un nouveau participant dévia sur un autre sujet :

— Peut-être que vous n’êtes pas d’accord avec le transhumanisme
mais vous ne pouvez nier les progrès impressionnants de l’intelligence
artificielle.

— Des progrès, oui mais l’IA se heurte à une difficulté :
L’impossibilité de développer un apprentissage « non supervisé »
c’est-à-dire la capacité d’apprendre sans directive, seulement par
l’observation et l’expérience, ce qui est le processus basique de
développement de l’être humain. Cela me rassure quelque part.

4 Jacques Testart, père scientifique d’Amandine, premier bébé-éprouvette créé en France
en 1982. Il annonça en 1987 vouloir arrêter la « recherche pour la recherche » et postula
un « droit à la non-recherche » et à la « pause éthique », persuadé que la science ne pouvait
répondre à tout. En 1990, Jacques Testart fut renvoyé de son laboratoire de l’hôpital parce
qu’il refusa de travailler sur le tri d’embryons, car le risque de l’eugénisme lui paraissait
trop grand.
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