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— Je veux dire qu’il ne faut pas négliger l’impact des médias.
— Tous nos médias sont aux mains de groupes privés ou de
Bruxelles, la presse écrite comme l’audiovisuelle. Que voulez-vous
attendre de journalistes payés pour répandre la propagande d’état
ou marchande?
— Je connais des journalistes d’investigation indépendants qui
font du bon boulot, et vous oubliez Internet et les réseaux sociaux.
— Internet est verrouillé depuis belle lurette : Une adresse IP peut
être bloquée en quelques minutes.
— Dieu merci! Il est impossible de contrôler le web mondial à
moins de couper la totalité des accès sur le territoire, ce qui n’est
même pas envisageable. De toute façon vous n’en êtes pas là! Allez-
vous reposer et penser à tout ça. On se verra ce soir au dîner. Nous
parlerons des oiseaux. Vous verrez c’est passionnant!
— À tout à l’heure! C’est tout ce que Joubert pu dire. Le
remercier? Il venait de lui annoncer son licenciement!
En revenant vers sa chambre, il pensa à Philippe. Il avait eu raison
d’insister. Ce personnage semblait bien informé.
De retour chez lui il tomba sur le lit étroit. Le mauvais
pressentiment qui ne le quittait plus depuis des semaines se
concrétisait. Peu à peu, le silence monacal des lieux l’aidait à
retrouver son calme mais il préféra sortir pour prendre l’air.
En cette après-midi tardive, la canicule était plus supportable
dans les allées ombragées du parc. Il déambulait sans direction
précise, un peu comme son destin. Une masse d’interrogations
— C’est mal connaître le milieu universitaire! Vous ne connaissez
pas les luttes d’influences pour saisir les postes vacants!
— Vous y avez tout de même des amis! Vous êtes respecté!
— Oui mais si le terrain est miné par la politique, aucun ne se
mouillera!
— Mettez votre directeur dans le bain! Après tout, la saisine
émane de son département. Demandez-lui de cosigner la demande
d’explication que vous adresserez au CNRS. Il faut un motif pour
renvoyer un chercheur. Et prenez un avocat! Surtout, ne vous laissez
pas faire! Croyez-moi, il n’y a pas que votre carrière qui en dépend,
Il y a d’autres enjeux que vous ne soupçonnez pas. Je ne peux pas
vous en dire plus pour l’instant, je n’ai pas encore assez d’éléments.
— Mais, dites-moi, monsieur « Pat », pourquoi vous prenez le
risque de m’informer? C’est vrai! Pourquoi faites-vous ça?
— Disons que j’ai des convictions. Disons que sans vous en
rendre compte, vous êtes au cœur des sciences qui sont en train de
bouleverser notre monde. Disons que vous êtes un des grains de sable
capables de stopper la marche du mondialisme aseptisé qu’on nous
impose jour après jour.
— C’est plutôt moi qui vais être stoppé! Je ne vois pas en quoi je
pourrais avoir autant de pouvoir!
— Vous êtes connu Monsieur Joubert! Vous êtes connu! Pas du
grand public, mais ça peut venir.
— Que voulez-vous dire?