Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Le souvenir du vécu est seule porteur de vie, sans cette
transmission la mémoire n’est que la fumée du feu éteint qui se
disperse dans le vent. L’histoire collective venant de l’ancêtre
sera-t-elle remplacée par une mémoire programmée revisitée dans le
sens vers où on voudra amener les jeunes générations?
Le sommeil dilua ses divagations sans lui apporter de réponses.

« On ne peut pas rester ici » dit la souris à son souriceau. La
paille du cirque était confortable mais renouvelée sans cesse. À tout
moment ils pouvaient être découverts. Les voilà partis dans la ville,
se précipitant de cachette en cachette. Elle voyait que le fiston
s’épuisait. Finalement, elle aperçut un grand escalier qui descendait
dans la terre. Les marches étaient en bois usé. Le fond, condamné par
une palissade, était couvert de lambeaux d’affiches multicolores. Sur
le côté, une vieille porte fermée par une chaîne était entre-baillée. Ils
se glissèrent par l’ouverture.
Dans la pénombre, ils suivirent un couloir qui lui aussi était obturé
mais cette fois-ci par un mur. À gauche il y avait un recoin sombre avec
des étagères fixées à la paroi où étaient en vrac quelques casseroles,
des rouleaux de papier de cuisine et en face une porte entrouverte
d’où venait un peu de lumière et des bruits de conversation. « Il y
a du monde » se dit-elle « mais on est trop fatigués pour aller plus
loin, on va rester sur cette étagère, cachés derrière les pots ». Le
souriceau et sa mère s’endormirent aussitôt.
Dans la nuit, des voix plus fortes les réveillèrent. La petite porte
en face était ouverte sur un local baigné d’une faible lumière. Une
dame et une petite fille jouaient et riaient.

— Bonjour! dit la fillette à la souris, « que faites-vous là? »

— On était fatigués alors on s’est mis à l’abri ici.

l’inondait : son équipe allait certainement être dispersée à moins
qu’on ne lui trouve vite un successeur... Non, tant que je ne serai
pas « viré » officiellement, ils ne peuvent pas nommer
quelqu’un d’autre... Donc je pourrai encore diriger les
travaux... Probablement pas jusqu’à leur terme... En tout cas ce
n’est pas moi qui les publierai puisque les communications se
font en tant que membre du CNRS... Faut-il que dès maintenant
je commence à contacter des laboratoires privés? Non, c’est
trop tôt... Que vont-ils inventer comme raison pour se
débarrasser de moi?
S’il y avait quelque chose que détestait Alain, c’était bien
les questions sans réponse. Et le voilà plongé dans un océan
d’incertitudes...

Il n’alla pas dîner. Il passa le reste de la soirée dans la méditation,
non sur l’élévation mystique, mais sur sa situation. Il était depuis un
long moment couché dans la pénombre de la nuit tombante lorsqu’un
frolement attira son attention : On glissait un mot sous sa porte. Il
alluma la faiblarde lampe de chevet, ouvrit l’enveloppe et reconnut
l’écriture de son informateur :

« Demain 10 heures même endroit. Bonne nuit. »

« Bonne nuit », il ne manque pas d’humour le bougre!

Les yeux ouverts dans l’obscurité, Alain ne trouvait pas le
sommeil. Diverses pensées se bousculaient : Qu’est-ce, exactement,
que l’homme immortel? Sa vie va-t-elle se diluer dans un temps sans
commencement ni fin? Comment vivra-t-il son présent?
Sa vie sera-t-elle stockée dans des serveurs « nuages » où on
pourra la modifier, la manipuler et dont l’accès sera contrôlé. Ainsi on
pourra ôter aux esclaves de la modernité toute référence au passé
authentique. Comble du relativisme!
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