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33fut vite écourtée par le personnel qui souhaitait nettoyer les tables et
fermer la salle.
Une fois dehors, ils partirent vers leurs bureaux respectifs non
sans une bise complice volée à la solitude du couloir désert.***
Suzanne sortit de la gare aux fenêtres bleues que lui avait décrite
Alain. Parmi les quelques passagers descendus à la station, elle fut
la seule à se diriger vers l’unique taxi dont le chauffeur roupillait
à son volant. En cinq minutes Suzanne arriva au monastère. Peu
aimable, le conducteur, sans doute contrarié d’avoir été réveillé pour
une course aussi brève et le fait qu’il devait attendre le retour de sa
cliente, refusa d’entrer dans le domaine et s’arrêta devant le portail
ouvert.Ce fut la sœur supérieure, elle-même qui l’accueillit à son arrivée
au parvis de l’établissement.— Bonjour ma sœur, je viens de la part du Professeur Joubert. Il
m’a donné cette lettre pour vous.
La directrice du monastère parcourut silencieusement le mot puis
regarda Suzanne droit dans les yeux.— Ainsi vous êtes une assistante du professeur?— Tout à fait. Il m’a demandé de venir chercher un courrier que
vous auriez pour lui.— Oui, il me l’indique dans ce billet. Effectivement nous avons
une lettre qui lui est destinée. Si vous voulez bien vous asseoir un
moment, je vais la chercher. Vous désirez boire quelque chose en
attendant? Un café? un thé?Cette réponse la mit en colère :— Par respect de toi-même et aussi vis-à-vis de tous les
collaborateurs qui t’ont suivi depuis des années. C’est le minimum
que tu leur dois! Où est cette liste d’avocats que t’avait proposée ton
contact?
— Je ne sais plus où je l’ai mise. À propos, il s’est manifesté!
Est-ce que tu pourrais aller au monastère? Il semble qu’il ait laissé
quelque chose pour moi là-bas et je préfère ne pas m’y remontrer
pour l’instant.
— Bien sûr !... Ce serait intéressant d’en prendre connaissance
avant lundi. Il y a peut-être des choses utiles à savoir avant de voir
Bertrand... Ce week-end, c’est pas possible. La nounou de Cédric
n’est pas disponible... Mais je peux y aller demain si tu me donnes
ma journée!
— D’accord. Tu paieras le billet en liquide et tu partiras sans ton
mobile.
— Mais il me faut mon mobile pour payer! Tu sais bien que
régler cash paraît suspect vu la rareté de la monnaie!
— Alors tu prends le billet par Internet et tu règles avec ta
carte bancaire. Mais n’emporte pas ton mobile. Prends un aller et
retour Paris-Forges les Eaux. Tu descendras à mi-chemin, à Gisors. Fais
attention que l’Intercités s’y arrête bien dans les deux sens.— Tu deviens méfiant! dit-elle ironique.— J’apprends vite! Tu demanderas à voir la mère supérieure et tu
lui remettras un mot que je vais te préparer.
— J’espère que ton « Pat » aura l’intelligence de remettre dans
son enveloppe la liste des avocats.Alain ne répondit pas à sa dernière remarque. Aucun n’ayant pris
de dessert, ils burent leurs expressos tranquillement mais leur pause