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33LE LICENCIEMENT
La journée s’annonçait humide. Un vent frais fouettait le visage au
sortir de la bouche de métro. Le Parvis de Notre-Dame était jonché
de feuilles sèches qui volaient quelques mètres avant de se reposer
comme des moineaux erratiques.L’entrée de l’Hôtel-Dieu dégageait une haleine chaude quasi
organique. Chaque fois qu’il pénétrait dans l’établissement Alain
parcourait les couloirs avec l’impression de s’enfoncer dans les
bronches d’un être dont la respiration exhalait des odeurs de
désinfectant, de sueur, de produits ménagers, selon les courants
d’air. Depuis le temps qu’il y vivait, comme tous les médecins, il
savait bien que les effluves de la maladie et de la Camarde, se sentent.
C’était une intuition presque animale exactement comme un paysan
qui sent arriver la pluie.Il en était là de ses pensées quand il poussa la porte et alluma la
lumière de son bureau. Il regarda la pièce longuement, parcourant des
yeux les murs poussiéreux. Bien que l’endroit soit austère, il ne se
voyait pas travailler ailleurs. Il y avait exploré tant de voies nouvelles
et passionnantes dans ces lieux.Il posa son porte-documents et démarra l’ordinateur pour examiner
les travaux en cours et le planning du labo. La réunion avec Bertrand
était confirmée à onze heures. Il avait encore deux heures devant lui.
Il prit son « journal » embryonnaire et commença à écrire.— C’est tout vu, Alain! Il faut que tu réagisses maintenant!Elle savait qu’il ne dirait rien de plus. Elle n’insista pas.
— Bon! Je vais y aller! Je dois libérer la nounou, Cédric m’attend.
Je t’appelle demain. On ne peut pas trop parler par téléphone mais je
serai contente de t’entendre. T’en fais pas trop.Une courte et tendre embrassade et elle s’éclipsa.