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33pour être placés à leur table. Ils ne reconnurent pas le patron.
Apparemment le gérant était nouveau mais ils aperçurent dans la
salle la propriétaire qu’ils connaissaient et qui leur faisait un petit
bonjour de la tête.
Ils patientaient dans la file sur le trottoir lorsque, brusquement,
Suzanne se mit à courir vers une voiture grise qui descendait la rue.
Celle-ci s’arrêta et Alain la vit y entrer précipitamment. Le véhicule
repartit dans la circulation avant qu’il ait pu dire ou faire quoique
ce soit.
Figé, il restait là sans bouger. Un serveur s’approcha pour le faire
entrer, il lui remit les ampoules sans même le regarder, ni lui parler,
et se mit à marcher vers la mer, en proie à sa surprise.Il déambulait quand une femme aux cheveux longs et blonds,
mince, la trentaine, vint lui parler d’une voix douce :— Bonjour. Vous savez que je suis la fille de Suzanne?— La fille de Suzanne? Mais qui êtes-vous?Alain ne se souciait guère de cette jeune personne! Il n’avait
qu’une idée en tête : Retrouver Suzanne.Il prit son mobile et appela. Au bout de plusieurs sonneries qui
lui parurent interminables, elle décrocha et il laissa exploser son
angoisse :— Qu’est-ce qui t’a pris? T’es devenue folle? Où es-tu?— Le pape est mort!— Et alors?! Reviens car Il y a plus important! Figure-toi que je
suis en compagnie de ta fille! On t’attend!labo. Il a bien essayé de continuer à publier, mais ses articles ont tous
été refusés par les comités de lecture. Finalement il n’a survécu que
par ses vidéos sur Internet et ses conférences. Ses livres sont placés
au rayon « Ésotérisme » dans les librairies! Pour un chercheur de
premier ordre, quel parcours!— Qu’allez-vous faire maintenant? il va falloir arrêter ce qui est
en cours!— Je vais rassembler mes archives, réunir mon équipe, faire le
bilan avec eux, leur demander de synthétiser tout ça. On va peut-être
faire un dîner ensembles quelque part avant de se séparer. Sur le
plan personnel, je vais voir. Je ne sais pas encore si j’exerce un
recours ou si je négocie une forte indemnité de départ. Si je vais aux
prud’hommes ça va durer une éternité. Je ne sais pas...Déjà, Bertrand se levait et commençait à se diriger vers la porte.
— Je suis triste et absolument désolé que notre collaboration
se termine ainsi, mon ami. N’oubliez pas de me laisser toutes les
archives qui appartiennent au CNRS avant de libérer votre bureau.
Vous pouvez venir me voir quand vous voulez, ma porte vous est
ouverte en permanence. À très bientôt.Alain avait envie de le planter là, mais il accepta la main tendue
plus par respect pour lui-même que pour son directeur. Il se retrouva
seul dans ce couloir qu’il avait arpenté pendant des années et qui tout
à coup lui paraissait étranger.***
Alain et sa compagne allaient porter des ampoules de rechange
à la brasserie « La Méditerranée », en haut de la grande avenue
qui descendait vers la plage. Il y avait foule, les clients attendaient