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Joubert le sentait méfiant. Il était évident qu’habitué aux enquêtes
et aux conflits de toutes natures, Kuiper était prudent. Il fallait jouer
carte sur table :
— En fait, je suis impliqué malgré moi dans une affaire de santé
publique. J’ai tenté de m’opposer à certaines expérimentations, ce
qui m’a valu mon licenciement. Mais c’est pas le problème, je peux
être engagé ailleurs, enfin j’espère!
Non le vrai problème, c’est comment arrêter ce qui est en cours!
À la vérité, je ne souhaitais pas venir. Excusez-moi mais j’ai horreur
de la presse et des médias en général. Mon informateur a insisté pour
que je vous rencontre. Il dit que sans alerter l’opinion publique on ne
pourra rien empêcher.
— J’ai déjà entendu parler de vous professeur. Vous seriez surpris
de savoir comment, mais peu importe. Avant de discuter plus avant
je dois prendre des précautions qui peuvent sembler maniaques mais
qui ont leur importance.
Êtes-vous venus guidés par un GPS? Votre voiture est-elle équipée
d’un système connecté de maintenance? Avez-vous dans vos affaires
un ordinateur portable, un téléphone mobile, une montre ou tout
autre objet connecté, carte RFID, carte sécurité sociale ou d’identité
dernière génération?
Suzanne s’empressa de le rassurer :
— Mon véhicule a plus de quinze ans. Il n’est pas équipé de GPS
ou autre système. Nous avons laissé mobiles et portables à Paris et
nos montres sont mécaniques. Nous n’avons aucune prothèse sur
nous et nos documents d’identité et sécu datent d’une époque où ils
n’étaient pas « pucés ».
Soyez tranquille, nous sommes vigilants, nous avons même vérifié
tous nos vêtements récemment.
On a pris de l’essence au départ de Paris pour ne pas laisser d’indice
sur le trajet. On a forcément payé en carte bancaire car vous savez
— Asseyez-vous s’il vous plaît. Vous souhaitez boire quelque
chose? Un café, un thé, une bière?
— Volontiers un café, merci.
— Deux? s’il vous plaît?
— S’il vous plaît.
Pendant son absence, Alain et Suzanne se regardèrent avec un
sourire complice. Ils n’étaient pas habitués au parlé Liégeois.
La pièce, assez spacieuse, était meublée d’une grande table
centrale couverte de dossiers avec un écran d’ordinateur au bord de
la chute. Une autre petite table placée contre un mur latéral supportait
deux piles de classeurs qui cachaient presque en entier un écran TV
éteint, collé sur une vieille tapisserie. Les trois autres murs étaient
couverts d’étagères ployant sous les livres et les classeurs. Une
fenêtre avait résisté à cet envahissement d’archives et s’obstinait à
éclairer faiblement les lieux.
Un vieux tapis persan, très usé par endroits, couvrait la presque
totalité du parquet. Une forte odeur de tabac imprégnait l’air ambiant.
Kuiper revint portant un plateau avec deux cafés et une bière. Il
le posa à leur portée sur le bureau et aborda immédiatement la raison
de cette visite :
— Ainsi mon nom se trouvait sur une liste de contacts, si j’ai bien
compris?
Alain resta délibérément évasif :
— Pour ainsi dire!
— Qu’attendez-vous de moi au juste?