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LES ADIEUX
L’administration de l’Hôtel-Dieu avait mis à leur disposition un
petit local pour la réunion, juste à côté de l’amphithéâtre Lapersonne
où Joubert avait fait de nombreux cours. Suzanne s’était occupée de
tout : Elle avait pris en charge l’organisation de A à Z. Les invitations,
le traiteur. Elle avait joint les collègues de son patron. Certains
avaient prétexté une impossibilité mais beaucoup avaient accepté
sans hésiter.
Le neurochirurgien Le Cohadec était là, un grand gaillard aux
yeux pleins de malice. Barcelier, camarade de promotion d’internat,
ancien rugbyman et chef de service d’Ophtalmologie était venu de
Toulouse. Maunier, éminent histologiste de Strasbourg qui avait
travaillé avec Alain de longues années. Toute l’équipe du Professeur
était également là sauf Bertrand qui brillait par son absence. Alain
attendit un peu au cas où son directeur eut du retard mais en vain.
Il se résolu à prendre la parole. Un silence chargé
d’émotion envahit la pièce.
— Mes chers amis, nous avons mis beaucoup d’énergie à travailler
ensemble depuis des années. J’ai souvent apprécié votre confiance et
votre dévouement dont je vous suis très reconnaissant.
Nous avons apporté à la science des avancées décisives dans la
connaissance du vivant et notre but a toujours été d’améliorer la
santé de nos congénères. Vous le savez, il existe dans notre monde
des chercheurs et des responsables politiques qui sont convaincus
que nous pouvons maintenant manipuler la nature pour orienter
— Je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année.
Dans la voiture, Alain pensait à Noël. Il n’aimait pas cette période
festive où tout le monde devait « être heureux ». Pour les familles
séparées, il y avait toujours un des parents sans les enfants et pour eux
l’absence d’un parent. C’était plutôt triste mais on faisait semblant
d’être gais. Il regardait Suzy conduire. Comment cette femme
pouvait l’accompagner dans cette galère malgré les épreuves qu’elle
avait connues? Il éprouvait de l’admiration pour elle, mais aussi
un sentiment confus : De la culpabilité accompagnée de
respect et de tendresse. Plus il prenait de l’âge, plus l’âme humaine
lui paraissait complexe et insondable.