Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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LE COMBAT


L’hiver 2050-2051 était très froid, contrairement à ce qu’avaient
annoncé tous les ingénieurs météo qui continuaient de parler
réchauffement général. Moins dix degrés à Paris en février! Il fallait
remonter à presque un siècle pour retrouver des températures aussi
basses : En 1956, le thermomètre était descendu à moins dix-sept et il
était tombé plus d’un mètre de neige à certains endroits.

Alain avait reçu des propositions de divers centres de recherches :
De Russie, de Finlande, de Norvège, des USA, de Suisse également,
celui où travaillait son ex-assistant, Hervé.
Il les avait examinés sans conviction et n’avait pas encore répondu.
L’enthousiasme qu’il éprouvait dans sa quête de compréhension de
la vie l’avait quitté. Il ne sentait plus cette envie de pousser toujours
plus loin les limites de la connaissance. Il était comme un explorateur
qui aurait perdu sa soif d’horizons infinis.

Il n’avait toujours aucune nouvelle de Kuiper et commençait à
s’interroger sur son sérieux. Pourtant les documents qu’il avait lus
et les propos concordants de Tissier étaient bien réels. Mais de là à
lancer vraiment ce programme, ça lui paraissait impensable! Peut-
être s’agissait-il d’un de ces nombreux dossiers militaires, comme
la mise au point des souches virales pathogènes, qui heureusement
sont ensuite gardés « en réserve ». Du moins ça le rassurait de
penser ainsi.

depuis la porte d’accès du haut mais lorsque l’amphi était plein,
c’était un peu acrobatique.

Une odeur de vieux plancher et de poussière imprégnait fortement
l’air. Combien de derrières studieux avaient réchauffé ces bancs
depuis le XIXe siècle? Combien de voix magistrales avaient fait
résonner ces vieux murs? Il aimait beaucoup cet endroit, d’abord
pour sa tradition, et aussi parce que ses dimensions modestes créaient
une proximité complice avec les élèves. On avait depuis longtemps
perdu cette sensation dans les amphis immenses des nouvelles
facultés, capables de recevoir neuf cents étudiants.
Son regard parcourut longtemps l’estrade où il se revoyait, les
étudiants en face de lui, si près qu’il les connaissait tous. Il se
souvenait de ces moments privilégiés avec nostalgie. Passionné par la
transmission du savoir comme il l’était, il ne pouvait pas être indifférent
à la mise à l’écart de l’enseignement qu’impliquait son renvoi.

— Al? Tu viens? Tout est en ordre. Il faut rendre les clés, on s’en
va!

— Voilà Suzy, j’arrive

La porte de la salle Lapersonne, poussée par son ressort, se
referma. L’université de médecine de Paris perdait un de ses meilleurs
enseignants.

Les derniers jours de décembre furent consacrés à vider les rayons
de son bureau à l’Hôtel-Dieu, transférer les données de son disque
dur sur son ordinateur portable personnel, ramener chez lui les livres
et revues qu’il voulait garder et aller voir les quelques personnes du
labo qu’il tenait à remercier personnellement.
Le jour de la Saint Sylvestre, c’était terminé. Une page était
tournée.
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