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En mars, Kuiper se manifesta enfin! Une lettre anonyme dans
sa boîte demandait à Joubert de se rendre au Monastère le dernier
week-end du mois. Il savait de qui le pli émanait!
***
La sœur supérieure n’avait pas accepté qu’Alain partage sa
cellule avec Suzanne à qui elle avait attribué la chambre voisine. Le
journaliste Belge était au même étage.
Ils ne voulaient pas être vus par les membres de la communauté et
surtout pas par les convives de passage. Il avait été dur d’obtenir
de se faire servir les repas dans les cellules, d’autant plus qu’on était
en pleine période de jeûne avant Pâques.
La moniale directrice était très réticente envers tout ce qui
pouvait perturber les habitudes et la sérénité de sa maison. Toutefois,
devant leur insistance elle leur fit monter les plateaux comme ils le
souhaitaient.
Alain venait juste d’installer ses affaires lorsqu’on frappa à sa
porte. La bedaine de Kuiper entra la première.
— Bonjour, on se voit dans une demi-heure dans ma chambre?
— Bien
— Numéro 33
— Tiens! Vous avez celle où vient Tissier de temps en temps!
— Où il venait!
— Venait?
— Oui, je vous expliquerai. À tout à l’heure!
— À tout à l’heure!
Lucas avait étalé ses documents sur la petite table qui servait de
bureau, il avait pris deux chaises supplémentaires dans les cellules
voisines. À trois dans ce local prévu pour une personne, ils étaient
Son affaire aux prud’hommes était prévue en juin. L’avocat
lui avait garanti qu’il se faisait fort d’obtenir une grosse
indemnité compte tenu des conditions de son licenciement malgré
le plafonnement des indemnisations fixé par la loi. Alain était
moins optimiste. Par contre il n’avait aucun doute sur le montant
conséquent des honoraires à prévoir.
Suzanne le tenait au courant de ce qui se passait à l’Hôtel-Dieu.
Elle venait deux ou trois soirs par semaine et repartait de bonne heure
le matin. Elle avait trouvé un arrangement avec la nounou de Cédric
qui s’était, petit à petit, habitué aux absences de sa mère. Finalement
ces moments, sans elle, l’avaient poussé à être un peu plus autonome
mais il passait des heures à regarder la télé comme hypnotisé par
l’écran. Elle avait bien essayé de le sevrer. C’était peine perdue, il le
prenait très mal.
À l’hôpital, le déménagement du matériel était en cours.
L’humeur générale était étrange. Les biologistes qui avaient
trouvé un autre emploi étaient beaucoup plus préoccupés par leurs
propres problèmes que par le déménagement des équipements à
Clamart et ceux qui ne savaient pas encore comment se recaser ne
venaient qu’à contrecœur faire acte de présence. Seuls les quelques
éléments sélectionnés pour aller à PERCY faisaient du zèle avec
entrain, assez mal vus par les autres.
Suzy avait donné sa démission. Bertrand lui avait demandé de rester
jusqu’à la fin du transfert. Elle avait accepté, ce qui lui permettait de
toucher son salaire encore quelques semaines. Elle avait pu négocier
une prime de départ correcte compte tenu de son ancienneté et de
son niveau de compétence mais elle s’inquiétait pour son avenir et
celui de son fils. Pour l’instant, elle gardait ça pour elle. Alain avait
suffisamment de soucis.