Libération - 14.03.2020

(Darren Dugan) #1

Libération Samedi 14 et Dimanche 15 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 3


A l’école élémentaire
de la rue Hermel,
à Paris, dans le
XVIIIe arrondissement.

U


ne question de «continuité
de la vie démocratique»
et d’imprimatur scienti -
fique. Edouard Philippe mise sur
cet «attachement» des Français
à ces jours J de la vie civique et
à leur «bon sens», «qui font qu’on ne
doit pas leur voler leur décision» di-
manche, pour le premier tour des
municipales. Et, en l’état, pour le
second. Invité du 13 heures de TF1,

le Premier ministre a aussi invoqué
qu ’«aucune raison scientifique»
n’aurait motivé un report des élec-
tions malgré l’épidémie de corona-
virus. Une décision tranchée jeudi
au terme d’une journée d’hésita-
tion et de consultations du conseil
scientifique et des responsables de
partis (lire Libé de vendredi).
Le scrutin aura donc bien lieu
mais à bonne distance, à grand

renfort de désinfectant et avec des
«consignes renforcées», a prévenu
Emmanuel Macron jeudi soir. Une
circulaire de l’Intérieur, adressée
cette semaine aux préfets, dé-
taillait déjà les instructions per-
mettant de «garantir la tenue du
scrutin et d’assurer la protection
sanitaire des électeurs comme des
responsables» des bureaux de vote.
Les lieux et l’ensemble du matériel
devront être nettoyés avant et
après l’élection. Un point d’eau
pour se laver les mains doit être
mis à disposition, ou à défaut du
gel hydroalcoolique. A chaque
étape (bulletins, isoloir, urne), un
marquage au sol vise à maintenir
les électeurs à un mètre les uns des
autres. Les isoloirs doivent être
positionnés face au mur pour évi-
ter de tirer le rideau. Il est recom-
mandé d’apporter son stylo, à en-
cre bleue ou noire, pour émarger.
Des af fichettes résumant les gestes
à adopter doivent être affichées.
Edouard Philippe voit dans cette
journée l’occasion d’informer à
nouveau les millions d’électeurs
sur les précautions sanitaires.
Comme Macron, qui tablait sur «le
civisme de chacun», le Premier mi-
nistre préconise de faire en sorte
que les personnes fragiles «puis-
sent passer plus vite à l’isoloir» en
évitant les files d’attente.
Si les rassemblements de plus
de 100 personnes ont été interdits
vendredi, les bureaux de vote, qui
comptent en moyenne 1 000 ins-
crits, gèrent plutôt des flux. «Avec
une participation de 60 %, soit
600 personnes à venir voter en l’es-
pace de dix à douze heures, cela re-
vient à 30, 40 personnes par heure
dans un même bureau. Ce qui
permet d’éviter les contacts phy -
siques», a calculé le ministre de
l’Intérieur, Christophe Castaner.
Autre étape délicate, le dépouille-
ment reste public mais, là encore,
il est recommandé de se laver les
mains régulièrement et de main-
tenir une distance «adaptée».
Alors que certains élus s’inquiè-
tent d’une éventuelle défection
des assesseurs, le préfet peut
réquisitionner du personnel, en
cas de difficultés rencontrées
par un maire pour constituer un
bureau (il faut un président et
deux assesseurs).
Les électeurs choisiront-ils, eux,
d’honorer leur devoir civique?
Si Christophe Castaner ne croit
«pas à un décrochage» de la parti-
cipation (63,55 % en 2014), un son-
dage Odoxa-Dentsu Consulting
pour France Info et le Figaro pu-
blié jeudi estimait que 22 % des
sondés qui voulaient voter pour-
raient finalement bouder les ur-
nes à cause de la pandémie.
LAURE EQUY

Les élections


municipales sous


protection sanitaire


Nettoyage, point d’eau,
gel hydroalcoolique,
marquage au sol
pour le respect des
distances de sécurité...
Des consignes strictes
sont prévues dimanche
dans les bureaux
de vote pour éviter
la propagation du virus.

enfants vont kiffer, ça va être dessins
animés tout le temps.»

Kif ou pas kif, c’est bien le branle-
bas de combat. Avec recherches de
plans B et réseaux sociaux qui s’em-
ballent, comme à Bordeaux où quel-
ques minutes à peine après l’allocu-
tion du Président, les annonces ont
explosé sur la toile. Exemple sur
Wanted Community Bordeaux,
groupe d’entraide sur Facebook :
«Etant donné que les cours sont sus-
pendus, je propose mes services pour
garder vos enfants»
ou «Suite au dis-
cours du Président, je peux proposer
mon aide».
Serait-ce la France soli-
daire invoquée par Macron? Pas
vraiment. Surtout des offres de ser-
vices contre rémunération. De quoi
provoquer l’ire des internautes :
«Les loups sont de sortie. Pas très
glorieux ce genre d’annonces»,
com-
mentent certains, qui en appellent
au sens de l’entraide au vu des cir-
constances. Suite page 4

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