Libération - 14.03.2020

(Darren Dugan) #1

Libération Samedi 14 et Dimanche 15 Mars 2020 u 35


NOGA EREZ
Views feat. Reo Cragun & Ori Rousso
Retour de celle que l’on a surnommé
la M.I.A. de Tel-Aviv. Un peu réducteur
tant l’Israélienne à l’immense bagout
développe son propre univers comme
ici où la pop tournoie sans complexe
autour du rap. Simple, efficace.
Que demander de plus?


ISLET
Radel 10
Une addictive perle psychédélique,
naviguant entre folie rythmique et
étrange dimension «tribale»,
extraite du troisième album d’un
trio gallois qui, à la manière de
Deerhoof ou The Chap, produit
de l’indie pop en toute liberté.

YUKSEK
This Feeling
Ne lui parlez plus de french touch 2.0!
Le Rémois Yuksek a aujourd’hui décidé
de plonger à corps perdu dans le disco
et la house torride, comme le prouve
This Feeling, qui donne de furieuses
envies de patins à roulettes et de
paillettes.

Retrouvez cette playlist et
un titre de la découverte
sur Libération.fr en parte-
nariat avec Tsugi radio

Vous aimerez aussi

SON LUX
Lanterns (2013)
On ne peut que se réjouir
des troubles bipolaires de
la musique de Ryan Lott,
aussi bien glaçante que
brûlante, mélancolique
qu’extatique, complexe
que directe.

KID WISE
Les Vivants (2017)
Créé par Augustin Charnet,
le groupe toulousain, qui
s’est séparé après ce deu-
xième album, se dresse à
califourchon entre le rock
progressif et l’indie-pop.
Epique et planant.

LA GRANDE SOPHIE
Cet instant (2019)
Un huitième album
composé au piano par
la chanteuse, alliage
de l’électronique et de
l’acoustique et dans
lequel la voix se fait
voltigeuse.

O


n l’avait quitté marchant dans
les mots de Léo Ferré pour une
relecture de l’un de ses maîtres
aussi généreuse que respec-
tueuse dans sa sobriété. Casquette de passeur
donc, puis au pas de charge
celle d’auteur avec un nouveau
roman, Cavale ça veut dire
s’échapper, seulement un an
après une première incursion
littéraire, en 2018. Cali méprise
la touche pause, coupe les vira-
ges et publie davantage à la ca-
dence d’un rappeur que d’un
Souchon.
Dans sa quête effrénée de sen-
sations et d’affects, arrive donc
Cavale. Un disque versatile, en
équilibre, habile mélange de tradition et d’au-
daces de production. Le chanteur catalan, qui
a privilégié les prises de voix spontanées, ne
se refuse rien. Il flambe ses envies et s’en re-
met à la jeunesse indomptée d’Augustin Char-
net, brillant touche-à-tout repéré aux manet-
tes du dernier Christophe. De cette alliance
naît la réussite d’ententes cordiales entre la

pop et l’electro, les cordes et les programma-
tions, les riffs vaporeux et les claviers agités,
le chant de confidence et le chant batailleur.
Collision toujours lorsque les timbres de Ma-
thilda, chanteuse d’After Marianne, et Tom
Barman, leader de dEUS, dessinent leur pro-
pre autonomie complice.
Le propos narratif des titres colle à sa proxi-
mité au livre. Y tourbillonnent toutes les ob-
sessions de Cali : la quête de
l’amour parfait, l’absence du
père, la convocation de sa jeu-
nesse, les instants d’insou-
ciance élevés au rang d’éternité.
Sur la ligne d’arrivée, un mor-
ceau de bravoure (15 ans), vi-
sion autant glacée que lumi-
neuse de souvenirs qui ne
seront jamais fanés, déclama-
tion sans grandiloquence, cor-
des placides perturbées par des
secousses sismiques.
Chez cet éternel indompté, les sentiments ne
se taisent jamais. Ils sont à la fois moteur et
béquille, ordonnent fuite en avant et célébra-
tion de la nostalgie. La question «Est-ce qu’on
peut être plus heureux ?» répond en écho à
l’hymne des débuts C’est quand le bonheur?.
Cali continue d’expulser l’intime.
PATRICE DEMAILLY

Cali cavaleur indompté


Le Perpignanais est de retour
avec un condensé de ses
obsessions.

CALI Cavale
(Verycords)

YANN ORHAN

LA POCHETTE ON Y CROIT


L’idée de départ «Nous étions certains de
vouloir une image originale susceptible de ren-
forcer un thème ou un détail des paroles de l’al-
bum, mais nous n’avions aucune idée de quelle
photo particulière nous pourrions utiliser. Au dé-
but de notre recherche, nous étions tombés sur
une image vraiment super d’un couple qui se ser-
rait dans les bras, prise dans un train à Prague par
notre ami Vaclav Twaruzka, mais ce cliché ne fai-
sait pas vraiment sens avec le contenu de l’al-
bum. Et surtout, il fallait que l’illustration de la
pochette ne se rattache à aucune mode qui aurait
pu masquer le propos du disque.»


Bambara : «Cette personne


va rencontrer la mort»


Pas très loin du Gun Club ou des Wipers, les New-Yorkais sortent
un second album sombre et poisseux. Une cavalcade haletante
mise en image dans la pénombre. Explications avec le chanteur
et guitariste Reid Blateh.


Le photographe «C’est Erik Bur-
dett. Un ami nous l’avait recom-
mandé pour notre disque précé-
dent, Shadow on Everything. Nous
lui avions demandé de prendre des
images dans les paysages du Texas
où il habite. Nous avons vraiment
aimé son style. Mais nous ne l’avons
jamais rencontré, même si nous
avons travaillé avec lui sur les deux
albums et qu’il a aussi shooté les
images extérieures de notre vidéo
Monument .»

La luciole «Quand il a fallu s’intéresser
au graphisme de la pochette de Stray, nous
avons à nouveau regardé dans les images
d’Erik, et nous sommes tombés sur cette
photo de ces mains qui tiennent une lu-
ciole. Cela a immédiatement tilté! Pas seu-
lement parce que c’est une image frap-
pante, mais aussi parce que, dans notre
album, le personnage de la mort, qui est

l’élément central, est en permanence en-
touré par des lucioles. On a pensé que
c’était cool de se concentrer sur ce détail
pour la pochette. Cette photo a été prise à
Amarillo, au Texas, il y a quelques années.
Pour nous, elle signifie que la personne qui
tient la luciole est condamnée parce qu’elle
est sur le point de rencontrer la mort.»
Recueilli par PATRICE BARDOT

BAMBARA Stray
(Wharf Cat Records/
Differ-Ant)
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