Libération - 14.03.2020

(Darren Dugan) #1

Libération Samedi 14 et Dimanche 15 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 7


Nous réagirons en particulier à
toute incidence en termes de li-
quidités et de soutien aux PME et
aux secteurs particulièrement
touchés ainsi qu’à leurs salariés».
Un «signal de disponibilité»,
comme l’expliquait un proche
d’Emmanuel Macron.
La Banque centrale européenne
(BCE), qui estime avoir déjà tiré
l’essentiel de ses cartouches
pour soutenir la croissance de-
puis cinq ans, a enjoint, jeudi,
aux Etats d’agir rapidement.
Christine Lagarde, sa présidente,
a appelé, lors d’une conférence
de presse, à «une réponse budgé-
taire ambitieuse et coordonnée»
fustigeant au passage «la com-
plaisance et la lenteur» des gou-
vernements européens. «Les
Etats membres doivent être en-
couragés à prendre toutes les me-
sures nécessaires» pour soutenir
leur économie, a martelé de son
côté, vendredi, Ursula von der
Leyen. Pour donner l’exemple,
elle a annoncé que la Commis-
sion va créer un fonds de 37 mil-
liards d’euros (et non plus de 25
comme elle l’avait dit mardi),
destiné à limiter l’impact du
coronavirus sur l’économie des
Vingt-Sept et qu’elle allait garan-
tir 8 milliards d’euros de prêts
aux 100 000 entreprises les plus
touchées par la crise.

«Encaisser le choc». Mais
l’Allemagne lui a volé la vedette
en mettant sur la table un plan
d’aide aux entreprises qui pren-
dra la forme de prêts d’une va-
leur de départ de 550 milliards
d’euros : «Il n’y a pas de limite
vers le haut, c’est le message le
plus important», a martelé Olaf
Scholz, le ministre des Finances.
«C’est une initiative sans précé-
dent dans l’histoire de l’après-
guerre», a souligné Peter
Altmaier, le ministre de l’Econo-
mie. La plupart des pays de la
zone euro ont annoncé des
mesures de soutien à leur écono-
mie, mais dans une moindre
proportion. Ainsi, en France,
Bruno Le Maire, le ministre des
Finances, a évoqué des «dizaines
de milliards», sans plus. En
Espagne, le gouvernement a déjà
mis sur la table 18,2 milliards
d’euros alors qu’en Italie, le pays
le plus touché par la pandémie,
seul un plan de 7,5 milliards
d’euros a été annoncé. Le pro-
blème est que toutes ces mesu-
res ne sont absolument pas coor-
données contrairement à ce que
souhaitent la BCE et la Commis-
sion. Lundi, l’Eurogroupe, l’ins-
tance qui réunit les ministres
des Finances de la zone euro, va
essayer de mettre un peu d’or-
dre. «Je suis convaincue que
l’Union européenne peut encais-
ser ce choc, a prudemment pro-
nostiqué Ursula von der Leyen.
Mais chaque Etat membre doit
assumer pleinement ses respon-
sabilités et l’Union européenne
dans son ensemble doit être dé-
terminée, coordonnée et unie.»
Ce n’est pas gagné.
JEAN QUATREMER
Correspondant à Bruxelles

L’


Union européenne ouvre
grand ses vannes budgé-
taires pour empêcher la
crise du coronavirus de dégéné-
rer en crise économique. Ainsi,
Ursula von der Leyen, la prési-
dente de la Commission, a con-
firmé vendredi que son adminis-
tration allait appliquer le Pacte
de stabilité avec une «flexibilité
maximale», en clair laisser les
19 Etats de la zone euro s’éloigner
de l’équilibre budgétaire, voire

ments économiques. Jusqu’ici, 5 117 entreprises
(80 000 salariés) en ont fait la demande. Soit
un coût de 241,8 millions d’euros. Une ardoise
qui va s’alourdir...


Indemnité. Et cela ne veut pas dire que les
salariés toucheront, eux, «100 %» de leur sa-
laire. Car selon le ministère du Travail, les per-
sonnes au smic percevront bien l’intégralité
de leur paie mais pas ceux qui gagnent davan-
tage et ne sont pas couverts par un accord de
branche ou d’entreprise : la loi oblige les socié-
tés à ne verser, au minimum, qu’une indem-
nité de 70 % du salaire brut (84 % du net).
Pourtant, côté Bercy, Bruno Le Maire, expli-
quait vendredi qu’ «aucun salarié ne perdra un
centime».
Le ministre de l’Economie et des Fi-
nances a en outre rappelé que les entreprises
et associations qui en ont besoin peuvent
«étaler» leurs «charges sociales et fiscales»,
qu’elles auront droit à des «dégrèvements», et
peuvent s’appuyer sur une BPI prête à garantir
«90 % des prêts aux PME». Combien de mil-
liards la France est-elle prête à mettre sur la ta-
ble? «On verra , a temporisé Philippe. Les ques-
tions de financement viendront après.»
Tout
comme les décisions sur les réformes de l’as-
surance chômage et des retraites que les syn-
dicats espèrent voir repoussées. «On est sur les
mesures d’urgence,
a répondu Pénicaud ven-
dredi. Les retraites [...] ce n’est pas l’urgence.»
LILIAN ALEMAGNA
et AMANDINE CAILHOL


«Flexibilité maximale»
sur les déficits,
fonds d’aide de
37 milliards d’euros...
La Commission,
échaudée par ses
récents échecs a voulu
réagir vite et faire
preuve de souplesse.

franchir à nouveau le plancher
des 3 % du PIB de déficit public.
Dans le même esprit, les aides
d’Etat, jusque-là soigneusement
bridées par Bru xelles, vont être
généreusement validées.

Cartouches. Autant dire que,
cette fois-ci, il n’est pas question
de faire trop peu trop tard,
comme lors de la crise financière
(2007-2008) ou pendant celle de
la zone euro (2010-2015) : agis-
sant à contretemps, sous l’im-
pulsion de l’Allemagne, on avait
au contraire appuyé sur le frein
budgétaire, ce qui s’était traduit
par un ralentissement écono -
mique dont les Européens
ont mis dix ans à sortir. Lors
du sommet extraordinaire de
mardi, les chefs d’Etat et de
gouvernement ont donc indiqué
qu’ils étaient «prêts à recourir à
tous les instruments nécessaires.

Bruxelles lâche


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