Libération - 22.02.2020

(Brent) #1

Libération Samedi 22 et Dimanche 23 Février 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 13


TOUS AUX URNES


POUR LES ÉLECTIONS


MUNICIPALES!


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MES CHÈRES
CONCITOYENNES,
MES CHERS
CONCITOYENS...
VOTEZ POUR
P’TIT LIBÉ!

Début de soirée chez les
­Frères Pinard, un bar à vins
indépendant décoré comme
un salon de thé scandinave,
niché dans une rue semi-pié-
tonne du chic Vieux-Lille.
L’adresse cible une clientèle
de jeunes actifs,
plutôt classe
moyenne supé-
rieure. Parmi les touristes, les
amis et les amoureux pré-
sents ce mardi soir, il y a peu
de futurs électeurs lillois.
Beaucoup vivent ou sortent
à Lille mais votent ailleurs.
Sur une table haute, près de
l’entrée, Elise, médecin de
44 ans, devient l’exception.
«Oui, oui, je vote ici et je sais
déjà pour qui : ce sera Mar-
tine [Aubry] !»
Avec ses deux amies psycho-
motriciennes, elle partage
une planche de charcuterie
fine et un rejet du macro-
nisme. «Je ne connais qu’un
autre nom dans la campagne,
celui de [Violette] Spillebout.»
L’ancienne directrice de cabi-
net d’Aubry conduit la liste
La République en marche.
«Pour moi c’est rédhibitoire.
Même si le socialisme n’existe


plus, ce sont toujours mes
­valeurs», enchaîne Elise.
Mère de deux enfants âgés
de 12 et 9 ans, elle se réjouit
de la richesse des activités
extrascolaires. Ses copines,
Cécilia, 28 ans, et Claire,
31 ans, ont quitté
Paris pour Lille,
depuis huit mois
pour la première, et trois ans
pour la seconde. Elles n’ont
pas fait les démarches pour
voter à Lille mais adhèrent au
choix Aubry de leur amie. Ici,
elles ont plus que doublé leur
surface habitable et profitent
d’un coût de la vie moins cher
que dans la capitale. Elles di-
sent avoir conscience que
leur arrivée puisse participer
à la gentrification de la ville,
mais les deux trentenaires ne
repartiraient à Paris pour
«rien au monde».
«Je trouve que c’est une ville
accessible même aux revenus
modestes. Il y a plein d’événe-
ments gratuits tout le temps.
Il y en a pour tout le monde,
avec ou sans enfants. [Le festi-
val] Mange Lille, Saint-Sau-
veur, c’est génial», s’enthou-
siasme Claire. «On a une

qualité de vie ici qui n’a rien à
voir. Est-ce que ça tient à
Martine ou pas ?» s’interroge
Cécilia. «Sûrement, elle tient
la ville depuis longtemps», en-
chaîne Claire. Vingt-cinq ans
au pouvoir municipal.
Les trois copines apprécient
d’avoir moins de voitures en
ville et de pouvoir tout faire
à pied, parlant des métros
parisiens comme d’un vieux
cauchemar à oublier. A ce
sujet, Germain, l’un des deux
associés à la tête du bar,
­entend encore parfois des ré-
ticences chez ses clients tou-
jours attachés à leur automo-
bile. Le patron de 35 ans
considère que c’est le rôle
d’une mairie d’imposer un
changement des habitudes.
Il inscrit son bar dans une
démarche écolo, «du mieux
qu’on peut». Le commerçant
attend d’ailleurs de la pro-
chaine équipe en place un
meilleur accompagnement
sur la gestion de ses déchets :
«C’est ce qui va déterminer
mon vote !»
Sheerazad
Chekaik-Chaila
(à Lille)

Une semaine dans les bistrots de Lille


«Le macronisme,


c’est rédhibitoire»


Série 6/



  • 19 %


C’est la baisse du trafic automobile à Paris de-


puis 2014 et l’arrivée d’Anne Hidalgo à la tête


de la ville. Un chiffre révélé vendredi par les Echos


qui s’est basé sur un document de la municipalité.


En 2019, la baisse record a été de 8,1 % notamment


du fait des chantiers. Sans la grève dans les trans-


ports elle aurait été plus forte encore. Revers de la


médaille, au moins à court terme, il y a plus de


bouchons. En campagne, la maire sortante promet


de faire de Paris une ville «100 % cyclable d’ici


à 2024». Cette dynamique l’avait toutefois précé-


dée, puisque le trafic avait baissé de 10 % sous Jean


Tiberi et de 20 %, pendant les mandats de Bertrand


Delanoë. Au total, le recul atteint 52 % depuis 1992.


Pour la candidate Agnès Buzyn, première
bourde sur le logement
Selon l’ex-ministre de la Santé, la crise des hôpitaux dans
la capitale c’est de la faute à la mairie de Paris, qui n’attribue pas de logements sociaux
aux infirmières et aux aides soignantes. Réplique cinglante de l’équipe Hidalgo
qui pointe l’ignorance ou le mensonge de la candidate LREM : des appartements
sont «attribués à des agents hospitaliers» via la procédure appliquée à toutes
les personnes inscrites au fichier de demandeurs de HLM. Un contingent de
500 logements leur a été réservé en 2017... dont 110 en attente d’occupation. PHOTO AFP

Cent ans après le Congrès de
Tours, c’est une large union
des forces de gauche qui bri-
gue la mairie. Dans une ville
qui se prête au slogan-calem-
bour – «C’est au Tour(s) du
peuple», affirme Claude
Bourdin, dissident LFI, tan-
dis que le marcheur Benoist
Pierre l’assure, «C’est votre
Tours» –, la liste «Pour de-
main Tours» fédère EE-LV,
le PS, LFI, Ensemble, Généra-
tion·s, Génération Ecologie,
Nouvelle Donne, Place publi-
que et le Parti communiste.
En cas de victoire, ­Emmanuel
Denis, ingénieur de 48 ans
chez STMicroelectronics, de-
viendrait le premier maire
écolo de cette ville de
135 000 habitants.

Engagé auprès d’EE-LV de-
puis 2013, il met en avant le
dialogue citoyen comme
amorce à la dynamique
d’union. Cette approche se
retrouve dans la composition
de la liste, dont la moitié de
membres ne sont pas encar-
tés. Le rassemblement a
aussi été affaire de stratégie
interne au sein des forces po-
litiques en présence. Cin-
quième sur la liste, l’ancien
député Jean-Patrick Gille es-
time avoir ­travaillé de longue
date à convaincre ses cama-
rades socialistes.
Les différents partis se re-
trouvent autour de trois axes
forts du programme : l’écolo-
gie, la participation des ci-
toyens aux prises de décision

loo part avec l’appui de l’UDI,
du Mouvement ­radical et du
parti Les Républicains. Il doit
gérer la ­concurrence de plu-
sieurs ­listes au centre, dont
celle de Benoist Pierre pour
LREM. Attaqué par Emma-
nuel Denis sur son bilan pour
l’environnement, Bouchet ré-
plique : «Il y a une écologie vo-
lontariste. Je recherche l’ad-
hésion, pas la punition.»
Un premier sondage Ifop-la
Nouvelle République donne la
faveur à Emmanuel Denis,
à 33 % des intentions de vote,
devant Christophe Bouchet
à 29 %. Troisième à seule-
ment 12 %, le candidat LREM
serait largement distancé.
Tiphaine Le Roy
(à Tours)

et les solidarités. Parmi les
premières mesures dévoi-
lées, Emmanuel Denis cite la
création de cinq voies cycla-
bles protégées, une attention
­portée à l’égalité femmes-
hommes dans l’octroi de sub-
ventions aux associations,
la tarification progressive
pour l’eau. «Nous voulons
mettre en œuvre une politique
sociale forte. Pour nous,
fin du mois, fin du monde,
c’est le même combat», lâche
le candidat qui place les élec-
teurs de gauche et les absten-
tionnistes au centre de son
attention.
De son côté, le maire sortant,
Christophe Bouchet, n’en-
tend pas céder son fauteuil.
Ce proche de Jean-Louis Bor-

Verts, roses et rouges entrevoient


le sommet à Tours


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