Libération - 22.02.2020

(Brent) #1

42 u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Samedi 22 et Dimanche^23 Février 2020


G


rand prix du Roman
de l’Académie fran-
çaise 2019 avec sa
passionnante uchro-
nie Civilizations (Grasset), dans la-
quelle il imagine des Incas à la con-
quête de l’Europe à l’époque des
conquistadors, Laurent Binet aime
les grands écarts. Jusque dans ses
goûts musicaux.
Quel est le premier disque que
vous avez acheté adolescent avec
votre propre argent?
Brothers in Arms de Dire Straits. Je
l’écoute encore régulièrement.
Votre moyen préféré pour écou-
ter de la musique?
Je viens de me faire offrir un lecteur
CD. J’ai réalisé que j’en avais marre
des shuffles sur iTunes.
La chanson que vous avez honte
d’écouter avec plaisir?
A-ha, Indochine, Desireless, Gold...
j’assume tout!
Le dernier disque que vous avez
acheté et sous quel format?

Faces B de Je vous déteste, le
­deuxième groupe du chanteur des
­Petites Bourrettes, en CD.
Où préférez-vous écouter de la
musique?
N’importe où : chez moi, au lit, au
cinéma, dans la rue, dans le métro,
en voyage... Mais en associant le son
à une situation et à des images.
Est-ce que vous écoutez de la
musique en travaillant?
Plutôt de la musique classique. J’ai
écrit la Septième Fonction du lan-
gage avec en boucle, en fond visuel
et sonore, la bande-annonce de Le-
çons de ténèbres de Werner Herzog.
Le disque que tout le monde
aime et que vous détestez?
Toute l’œuvre de Philippe Katerine.
Le disque qu’il vous faudra pour
survivre sur une île déserte?
L’intégrale de Guns N’Roses.
Y a-t-il un label auquel vous êtes
particulièrement attaché?
4AD, le label des Cocteau Twins et
des Pixies, c’était chic.

Quelle pochette avez-vous envie
d’encadrer chez vous comme
une œuvre d’art?
Nowhere de Ride : une très belle
photo de la mer qui ondule, sous la-
quelle on croit deviner l’ombre d’un
monstre marin.
Un disque que vous aimeriez en-
tendre à vos funérailles?
Dis-moi de Mano Solo. Si je veux être
bien sûr que tout le monde chiale.
Préférez-vous les disques ou la
musique live?
Je préfère le live, mais je me suis fra-
gilisé l’oreille gauche dans ma jeu-
nesse, alors je dois faire attention.
Votre plus beau concert?
Noir Désir à l’Olympia, à l’époque
de Tostaky. En sortant, je me suis
mis à la guitare et, deux ou trois ans
plus tard, je montais mon groupe.
Quel est le groupe que vous dé-
testez voir sur scène mais dont
vous adorez les disques?
J’adore Offspring mais je trouve
qu’ils manquent d’énergie sur scène.

Votre musique de film préférée?
La B.O. de 2046, de Wong Kar-wai.
Quel est le disque que vous par-
tagez avec la personne qui vous
accompagne dans la vie?
Le matin, pour faire l’éducation
musicale de mon fils de 4 ans, pen-
dant son petit-déjeuner, je lui mets
de la musique : Sympathy for the De-
vil, c’est la chanson du hibou parce
que les chœurs font «hou hou» ;
Cannon des White Stripes, c’est
celle des éléphants à cause des gros-
ses basses saturées. Sa préférée,
c’est la Toccata et fugue en ré mineur
de Bach, qui est devenue la chanson
du petit renard perdu dans la neige.
Le morceau qui vous rend fou de
rage?
Les Mains d’or de Lavilliers, un très
beau morceau en hommage aux ou-
vriers de la sidérurgie. J’ai été éber-
lué par ses propos hostiles aux gilets
jaunes et favorables à Macron. Com-
ment peut-on ne rien comprendre
à ce point? Pierre Lemaitre a eu bien

raison de lui dédier les mains cou-
pées et les yeux crevés des manifes-
tants, en souvenir de cette chanson.
Le dernier disque que vous avez
écouté en boucle?
Travelling Mirror, de Florence
Caillon, trente-quatre magnifiques
plages instrumentales qui sont
comme la B.O. d’un film imaginaire.
Le groupe dont vous auriez aimé
faire partie?
Los Saicos, un groupe de rock ga-
rage péruvien des années 50.
La chanson qui vous fait tou-
jours pleurer?
Circus, de Clapton, sur la mort de
son fils. Atroce du début à la fin.
Recueilli par Patrice Bardot

Ses chansons fétiches
Suede So Young (1993)
Noir Désir Working Class
Hero (1999)
Dominique A
Immortels (2009)

Casque t’écoutes?


«Marre des shuffles sur iTunes»


Laurent Binetécrivain


J.-F. PAGA


nC’est l’histoire d’un mec,
un Anglais, Sam Shepherd, il
a un job en or, neuroscienti-
fique, il palpe au moins
80 KE par an, et soudain,
bim !, il largue tout pour
faire joujou avec ses platines
sous le pseudo Floating
Points. Baltringue, va! (Ce
samedi à Grenoble, la Belle
Electrique.)
nÇa ne s’appelle plus le Big
Bazar, mais Pluribus.
­Michel Fugain relance une
nouvelle troupe à l’allure de
communauté. Mais on se
rassure : il va quand même
entonner Une Belle Histoire
ou le merveilleux Fais
comme l’oiseau. A 75 ans, ja-
mais rien ne l’empêche de
voler plus haut. (Ce diman-
che à Bayonne, salle Lauga.)
nAprès avoir rongé leur
frein pendant des années
sous les coups de boutoirs

electro-grime, les groupes de
rock, oui de rock, anglais ont
le vent en poupe. Parmi eux,
on apprécie particulière-
ment les Londoniens de
HMLTD (photo), inventeurs
d’une sorte de glam-rock
plombé mais extravagant.
Tout comme leur dégaine
New York Dolls 2.0. (Lundi
à Paris, Badaboum.)
nQuestion : pendant com-
bien d’années peut-on tour-
ner autour du monde après
avoir été ressuscité par la
grâce d’un documentaire?
Réponse : au moins douze en
ce qui concerne Anvil. Les
Canadiens doivent être ravis
de jouer dans une salle
­fréquentée dernièrement
par le fameux Bernard Minet
Metal Band, qui avait
d’ailleurs fait sold out.
­Attention défi! (Mercredi
à Colmar, le Grillen.)

22 – 28 février


L’agenda


Sarah Piantadosi


le bureau des écoutes


Par
kiki picasso
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