Libération - 22.02.2020

(Brent) #1

Libération Samedi 22 et Dimanche 23 Février 2020 u 53


vin blanc de Jerez.
Devant le bar la Estrella, ils sont
près de 150 hommes endimanchés,
membres de la même confrérie.
«On se réunit presque tous les week-
ends pour préparer la semaine
sainte. On est encore plus que des
amis. Aujourd’hui, c’est spéciale-

siège du tribunal de l’Inquisition
pendant trois siècles –, l’artère pié-
tonne San Jacinto est noire de
monde, pleine de rires et de cris
joyeux. Sur les terrasses – en plein
janvier –, autour de barriques de vin
qui servent de tables, on sirote en
groupe de la bière Cruzcampo ou du

leurs forges qu’est née une branche
du flamenco, raison pour laquelle
Triana est omniprésent dans les
chants. Et pourtant, spéculation
oblige, il n’y reste presque plus de
gitans. Mais le quartier a gardé sa
force vitale. Passé le pont – et ce qui
reste du château Saint-Georges,


Guad

alquivir

MAROC

FRANCE

Madrid

ESPAGNE

Océan
Atlantique

Mer
Méditerranée

PORTUGAL

100 km

Séville

Les pieds
dans l’eau

Le fleuve et la Torre del Oro.
La ville a souffert
d’innombrables crues.
Pas moins de 56 entre
1403 et 1800.Photo STEPHANE
FRANCES/ ONLYWORLD.NET

Le quartier de Triana sur la rive droite du fleuve. Photo Monica GUMM. LAIF. REA


ment important car on va faire une
répétition générale», commente
Víctor, un quadra élégant avec un
foulard bleu autour du cou, qui fré-
tille d’enthousiasme. Remonter le
Guadalquivir, c’est ­enfin remonter
les périodes de ­l’aménagement du
fleuve. Du port jusqu’à la Puerta de
Jerez, c’est le ­Séville de l’Exposition
ibéro-américaine de 1927, avec le
majestueux Parc de María-Luisa, la
somptueuse Place d’Espagne con-
çue pour l’occasion, tout comme les
désuets pavillons longeant l’avenue
de la Palmera.

Harpe. Plus haut, c’est la Séville de
l’Exposition universelle de 1992. On
peut y admirer la modernité des
ponts bâtis alors, celui de la
­Barqueta, en forme de voile, ou de
l’Alamillo, en forme de harpe. Sur la
rive droite, l’île de la Cartuja, qui
­hébergea l’événement, exhibe en-

Y aller
Par avion jusqu’à l’aéroport de
Séville. Par train rapide,
l’AVE, depuis Madrid.

Y manger (sur le fleuve)
Abades Triana,
Calle Betis, 69
Rens. : 954 28 64 59.
Terrace Puerto de Cuba,
Calle Betis s /n
Rens. : 697 30 03 55.
Rio Grande,
Calle Betis s /n.
Rens. : 954 27 39 56.

Y flâner
Au pied de la Torre del Oro,
c’est l’embarcadère pour toutes
les péniches, des plus simples
au plus luxueuses, parcourant
le Guadalquivir au départ du
port jusqu’au parc d’El Alamillo.

Voyages/


core 33 des 102 pavillons, dont ceux,
frappant l’œil, du Maroc, de la
France ou de la Hongrie ; pour le
reste, un parc technologique tente
de masquer l’état d’abandon de ces
dizaines d’hectares.
Un peu plus loin, sur l’autre rive, les
eaux butent sur le bout du canal,
marqué par la Naissance d’un
homme nouveau, «l’Œuf de Colomb»
pour les Sévillans, une sculpture de
bronze de 45 mètres de haut repré-
sentant l’amiral dans une coquille
d’œuf. Consuelo et Rafael, un couple
de retraités, s’y promènent, comme
chaque semaine, au milieu d’hecta-
res de parcs et d’allées ­verdoyantes.
«Nous savons que c’est un canal, sou-
rit Consuelo, ancienne institutrice.
Mais c’est notre fleuve, notre Guadal-
quivir. Avec le temps, on l’a ramené
dans son lit, puis on l’a apprivoisé...»
L’histoire d’amour de Séville et de
son fleuve n’est pas près de finir.•
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