Les Echos - 03.03.2020

(Dana P.) #1

Les Echos Mardi 3 mars 2020 FRANCE// 07


va is élèves. Désormais, c’est diffé-
rent. Très attachée à ce sujet,
Muriel Pénicaud ne présentera
pas les résultats lors d’une confé-
rence de presse, en raison de la
campagne pour les élections
municipales, explique-t-on dans
son entourage.

Opération transparence
Mais, jeudi prochain, les résultats
des grandes entreprises devraient
être publiés sur Internet sous la
forme d’un tableau détaillé nomi-
natif présentant les performances
des grandes entreprises, avec, outre
leurs effectifs, une indication de
leur secteur d’activité et de leur
localisation géographique.
Une opération transparence
d’autant plus utile que, si toutes les
entreprises ont l’obligation de diffu-
ser leur résultat, certaines ne se
sont pas privées de cacher leurs
mauvaises performances dans les
méandres du Web. Quelques-unes
ont également continué à faire la
sourde oreille aux relances du
ministère. C’est aussi la deuxième
fois que les employeurs de 250 à
999 salariés se livrent à l’exercice,
six mois après une première publi-
cation, fixée par la loi avenir profes-
sionnel au 1er sep tembre.
La dernière étape qui a été fran-
chie p ar l es PME d e 50 à 249 salariés
est sans doute la plus délicate car
elles ne sont pas forcément équi-

pées pour réaliser l’exercice. Le
ministère du Travail a donc multi-
plié les outils d’appui et de conseil :
de l’assistance téléphonique Allo
Index Ega Pro à la désignation de
référents régionaux dans les
Direccte (services du ministère du
travail décentralisés) en passant
par une foire aux questions et
même un simulateur pour faciliter
le calcul.

Une certaine indulgence
Comme les plus grandes entrepri-
ses, les PME devraient bénéficier
d’une certaine indulgence pour leur
premier millésime. « On manie
moins le bâton que la carotte » , résu-
me-t-on dans l’entourage de la
ministre du Travail.
Le calcul de l’index combine cinq
critères. A la rémunération à poste
et âge comparables, qui compte
pour 40 points si la différence est
nulle, s’ajoutent la proportion de
femmes et d’hommes augmentés
dans l’année (20 points si elle est
identique), celle de femmes et
d’hommes promus (15 points).
Si toutes les femmes de retour de
congé maternité ont été augmen-
tées, l’entreprise obtiendra 15 points
de plus et 10 points s’il y a au moins
quatre femmes parmi les dix plus
hauts salaires (5 si elles sont deux
ou trois et 0 en dessous). Soit un
total de 100. Seule la note globale
doit être publiée.n

Propos recueillis par
Pierre-Alain Furbury
@paFurbury


Comme celle de la gauche,
la motion de censure de LR
n’a aucune chance d’être
adoptée. Qu’attendez-vous
du débat de mardi?

L’originalité des Républicains est
de présenter non pas une motion
d’obstruction mais une motion de
proposition. Nous sommes la
seule force politique à soutenir
une réforme des retraites et à met-
tre sur la table un contre-projet
financé, fondé sur la vérité – puis-
que nous vivons plus longtemps,
il faut travailler plus longtemps –
et sur la justice sociale – car la
France n’est forte que quand elle
est juste. Ce débat est u ne occasion
démocratique de présenter cette
troisième voie entre le mensonge
et l’injustice du gouvernement et
le statu quo et les blocages des
extrêmes. Une troisième voie
qui devra devenir, demain, un
premier choix.


Selon les sondages,
les deux tiers des électeurs
de François Fillon restent
favorables à la réforme
de l’exécutif. Ce n’est pas
un constat d’échec?

Les Français et nos électeurs sont
favorables à une réforme des
retraites, et ils ont raison, puisque
nous aussi. Mais ils sont opposés à
la réforme présentée par Emma-
nuel Macron. Les électeurs de
droite sont en train de c omprendre
que la réforme du gouvernement,
c’est plus de régimes spécifiques
après Macron qu’il n’y avait de régi-
mes spéciaux avant Macron. Que
les caisses autonomes sont vérita-
blement rackettées, comme le
montre la légitime colère des avo-
cats. Sans parler de l’absence de
report de l’âge légal. Il suffit de voir
l’addition des métiers hostiles à
cette réforme p our savoir que n ous
sommes dans le vrai.


Il a fallu huit jours pour
adopter le premier article
de la réforme des retraites.
L’exécutif pouvait-il faire
autrement que dégainer
le 49.3?

La question même du 49.3 n’est
pas en cause. C’est un outil consti-
tutionnel que nous défendons. Ce
que nous rejetons, c’est la précipi-
tation et la brutalité de la méthode
utilisée, un samedi soir, à l’issue
d’un Conseil des ministres qui


Leïla de Comarmond
@leiladeco

Depuis le dimanche 1 er mars, toutes
les entreprises françaises d’au
moins 50 salariés sont censées
avoir publié leur index égalité. C’est
une première pour celles
employant moins de 250 salariés.
L’obligation pour les employeurs de
calculer ce thermomètre des inéga-
lités femmes-hommes dans
les entreprises a été inscrite par le
gouvernement dans la loi avenir
professionnel du 5 septembre 2018.
Elle était assortie d’une entrée en
vigueur en trois étapes.
Les plus grandes entreprises –
1.000 salariés et plus – ont été les
premières concernées, le 1er m ars


  1. C’est donc pour elles le
    deuxième millésime cette année.
    Cette échéance revêt une impor-
    tance particulière. La ministre du
    Travail, Muriel Pénicaud, s’était
    refusée jusqu’à p résent à pratiquer
    le « name and shame », qui con-
    siste à publier les noms des mau-


SOCIAL


Les entreprises de 50
à 299 salariés avaient
jusqu’au 1er m ars
pour publier
leur index égalité.

Egalité femmes-


hommes : les PME


à l’heure de vérité


Féminisés ou non, tous les secteurs d’activité sont concernés par les questions d’inégalité salariale.
Phot o Istock

« Macron n’est pas


un président qui réforme, mais


un président qui fracture »


devait être consacré au coronavi-
rus. Ce travail de gribouille illustre
d’ailleurs tout le fiasco de ce projet
mal ficelé et lacunaire, présenté
pourtant comme l a mère de toutes
les réformes. Au fond, Emmanuel
Macron n’est pas un président qui
réforme mais un président qui
fracture. Nous l’appelons à la
sagesse et à l’apaisement. Il doit
retirer son texte, reporter, à l’issue
de la conférence de financement,
l’examen au Sénat comme le pro-
pose Gérard Larcher, et écouter
enfin les oppositions. Et le gouver-
nement, sur la forme, doit recevoir
les présidents de partis et de grou-
pes parlementaires. C’est la seule
sortie de crise possible. Quand un
texte aussi i mportant pour l ’avenir
de nos enfants relève d’un budget
de 320 milliards d’euros et 14 % du
PIB, il est légitime que les Français
et le Parlement soient respectés.

Le secrétaire d’Etat chargé
des Retraites parle d’« un 49.

de rassemblement »,
affirmant reprendre
de nombreux amendements,
y compris de l’opposition...
Il y a dans c ette expression guigno-
lesque toute la fragilité, l a brutalité
et l’arrogance du macronisme.
Oser dire qu’avec le 49.3, la France
est davantage rassemblée, c’est
être dans le déni absolu de la réa-
lité. La vérité, après plus de
1.000 jours d’Emmanuel Macron à
l’Elysée, c’est que la France e st divi-
sée comme jamais. Sur l a question
des retraites comme sur tant
d’autres, la majorité a systémati-
quement démontré son refus
d’écouter, ne serait-ce qu’une seule
contre-proposition de la droite
républicaine. Nous, nous avons
voté environ 40 % des textes pré-
sentés par le gouvernement, et
Dieu sait que ces textes étaient
insuffisants et p arcellaires.
A l’inverse, la majorité n’a voté
que 1 % des amendements présen-
tés par notre famille politique.
Qui sème le vent récolte la tem-
pête ; qui sème la division récolte
la colère.

Edouard Philippe invite les
partenaires sociaux à « faire
encore évoluer le texte ».
Vous ne le croyez pas?
Soyons sérieux. Pourquoi croire
qu’il va faire demain ce qu’il a
refusé hier?

Dénoncez-vous, comme
Jean-Luc Mélenchon,
les « pulsions totalitaires »
du macronisme?
Les mots o nt u n sens : ça ne s’appa-
rente pas à du totalitarisme, mais
à une immense arrogance et une
profonde déconnexion. Les men-
songes et les injustices incarnées
par Emmanuel Macron nourris-
sent les extrêmes. Et ces derniers,
par leurs blocages et leurs excès,
nourrissent Emmanuel Macron.
Ce duel mortifère et la réforme des
retraites symbolisent cet
immense gâchis. Autour de Chris-
tian Jacob, nous rebâtissons Les
Républicains, car la droite répu-
blicaine et populaire est la seule
réponse à ces crises à répétition.

Sur les retraites,
un référendum serait-il
à vos yeux la solution?
Non. S’il veut enfin faire preuve
d’humilité et de sagesse, Emma-
nuel Macron a les cartes en main :
qu’il retire son texte et propose
enfin une réforme financée et
juste.n

GUILLAUME
PELTIER
Vice-président
délégué
des Républicains

Il a dit


« La question
même du 49.
n’est pas en cause.
C’est un outil
constitutionnel
que nous défen-
dons. Ce que nous
rejetons, c’est
la précipitation
et la brutalité
de la méthode
utilisée. »
GUILLAUME PELTIER

Guillaume Souvant/AFP
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