Le Monde - 08.03.2020 - 09.03.2020

(Marcin) #1

14 |france DIMANCHE 8 ­ LUNDI 9 MARS 2020


0123


La France envisage la création


d’un parquet sportif


Le projet de loi évoque un « procureur de la République sportif »


A


quatre ans des Jeux
olympiques et para­
lympiques de Paris, la
France veut renforcer
son arsenal contre les dérives du
sport. Un document de travail sur
le futur projet de loi du ministère
des sports, consulté par Le Monde
et daté du mardi 3 mars, prévoit
notamment la création d’un par­
quet consacré aux délits liés au
sport et d’importants pouvoirs
d’enquête pour l’Agence française
de lutte contre le dopage (AFLD).
Le projet de loi vise aussi à accé­
lérer le renouvellement au sein
des fédérations et à améliorer le
contrôle de l’honorabilité des
dirigeants et bénévoles, deux
sujets mis en lumière par l’affaire
des violences sexuelles dans le
patinage artistique. Ce document
de travail « n’a pas encore été arbi­
tré ni par l’Elysée ni par la ministre
des sports », insiste l’entourage de
Roxana Maracineanu.

« Délit d’initié sportif »
Parmi les vingt­deux mesures
présentes dans le document de
travail, la création d’un parquet
« sport » permettrait à une auto­
rité judiciaire de se spéciali­
ser dans les enquêtes pénales
ayant trait à ce domaine. Le spec­
tre est large : matchs truqués,
dopage, dossiers liés aux agents
sportifs ou autre délit pénal com­
mis « dans le cadre des manifes­
tations sportives (par exemple, en

matière de supportérisme) », est­il
énuméré dans le document.
Aujourd’hui, les pôles santé
des parquets de Paris et de Mar­
seille dirigent les enquêtes sur les
faits de dopage, tandis que le Par­
quet national financier (PNF) est
à la manœuvre pour les faits de
corruption liés à l’organisation
des grandes compétitions.
Le document évoque un « pro­
cureur de la République sportif »
qui garantirait « la coopération in­
ternationale nécessaire dans cer­
tains secteurs sportifs ». Un sou­
hait qui sera soumis à l’accord du
ministère de la justice, dont un re­
présentant a assisté aux réunions
préparatoires. Les « validations in­
terministérielles n’ont pas encore
été engagées », précise le texte.
Dans le cadre de la lutte contre
les matchs truqués, le projet de loi
envisage la création d’un délit de
« manipulation des compétitions
sportives ». Le lien avec un pari
sportif ne serait plus nécessaire

pour qualifier une infraction.
L’avantage tiré par le corrupteur
pourrait être strictement sportif.
Le texte envisage la création
d’un « délit d’initié sportif », qui
sanctionnerait « la divulgation ou
l’utilisation d’informations privi­
légiées » sur une compétition.

Caméras individuelles
L’autre grand axe de cette « protec­
tion des compétitions » concerne
le renforcement des moyens d’en­
quête de l’AFLD, proches de ceux
des services de police et inégalés
dans le monde pour une agence
nationale antidopage.
Son secrétaire général devien­
drait « compétent pour procéder
aux enquêtes et diligenter des
enquêteurs habilités par lui », dont
les pouvoirs seraient larges : ob­
tention de « tous les documents
nécessaires à l’enquête » et de
« fadettes » (factures détaillées des
opérateurs de téléphonie mobile),
utilisation d’une identité d’em­
prunt pour accéder aux sites
Internet vendant des produits
dopants, convocation de témoins,
perquisitions et saisies de docu­
ments. Ces dernières seraient sou­
mises à l’approbation d’un juge
des libertés et de la détention, tan­
dis qu’un contrôleur des deman­
des de données de connexion va­
liderait l’accès aux « fadettes ».
Le renforcement de ses pouvoirs
est une requête de l’AFLD depuis
plusieurs mois. Un département

d’enquête a été créé en janvier.
« Ce serait énorme et ce serait une
première! Ils auraient les pouvoirs
les plus étendus qui soient », s’ex­
clame un enquêteur du monde de
l’antidopage. Parmi les 145 agen­
ces nationales, seule l’Asada, en
Australie, dispose de pouvoirs
approchants, sous le contrôle
d’un panel de trois personnes.
Plusieurs spécialistes de l’anti­
dopage en France interrogés par
Le Monde anticipent une levée de
boucliers de l’Office central de
lutte contre les atteintes à l’envi­
ronnement et à la santé publique
(Oclaesp), le service de gendar­
merie responsable de la lutte
contre le dopage. Le ministère de
la justice pourrait aussi s’étonner
de l’octroi de tels pouvoirs à une
autorité administrative.
Aujourd’hui, l’AFLD a pour mis­
sion d’effectuer les contrôles
antidopage et d’appliquer les
sanctions, tandis que l’Oclaesp
procède aux enquêtes sur les in­
fractions à la législation. Leurs
objectifs sont parfois antagonis­
tes. Sur le terrain, leur collabora­
tion est rarement fluide.
Autre demande de l’AFLD enten­
due par le ministère des sports : la
justice serait forcée de lui com­
muniquer les éléments d’une en­
quête sur des faits de dopage,
« qu’il s’agisse d’une instance civile
ou commerciale ou d’une informa­
tion criminelle ou correctionnelle
même terminée par un non­lieu ».
Enfin, l’AFLD pourrait faire por­
ter des caméras individuelles à ses
préleveurs pour prévenir des « in­
cidents au cours des contrôles ».
Selon le ministère, le texte
pourrait être présenté en conseil
des ministres au printemps avant
un examen à l’Assemblée. Autre
possibilité : présenter le texte di­
rectement aux députés sous
forme d’une proposition de loi.
clément guillou
et adrien pécout

Le spectre est
large : matchs
truqués, dopage,
dossiers liés aux
agents sportifs
ou délit lié au
supportérisme

La démission du cardinal


Barbarin acceptée par le pape


L


e cardinal Philippe Barbarin quitte ses fonctions d’arche­
vêque de Lyon. « Le pape vient d’accepter sa démission », a
officiellement annoncé Michel Dubost, vendredi 6 mars,
lors d’une rapide conférence de presse. « Une page pleine de dra­
mes et d’épreuves se tourne », a ajouté l’ancien évêque d’Evry,
nommé administrateur apostolique du diocèse lyonnais
depuis le retrait de Philippe Barbarin. La charge du primat des
Gaules lui avait été retirée il y a un an, presque jour pour jour, en
raison de l’affaire Preynat, du nom de l’ex­curé poursuivi pour
une série d’agressions sexuelles sur mineurs, dont le jugement
doit être rendu le 16 mars par le tribunal correctionnel de Lyon.
Philippe Barbarin avait annoncé une première fois sa démis­
sion le 7 mars 2019, jour de sa condamnation en première
instance à six mois d’emprisonnement avec sursis pour
« non­dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs ».
« Le pape François avait refusé par respect de la présomption
d’innocence », a rappelé Mgr Dubost. Relaxé par la cour d’appel,
le 30 janvier, Philippe Barbarin réitérait sa proposition de
démission, soucieux de « tourner une page » après le scandale
qui a divisé la communauté catholique.
Regroupées dans l’association La Parole libérée, les victimes
du père Preynat avaient engagé les poursuites sur citation
directe, persuadées de la volonté de
l’archevêque d’étouffer le scandale et
de retarder les échéances judiciaires.
D’autres fidèles ont trouvé le procès
injuste à l’endroit d’un chef de diocèse
nommé en 2002, qui héritait de trente
ans d’atermoiements.

Messe d’action de grâce
« Les victimes ont trop souffert, le
diocèse a trop souffert, il est
temps qu’une page se tourne », a repris
Mgr Dubost, tout en rendant hommage
au cardinal qui a imprimé son style : moderne sur la forme,
traditionnel dans le fond, Philippe Barbarin n’a laissé personne
indifférent en seize ans de fonction. Actuellement retenu en
Palestine par les mesures préventives liées au coronavirus, il
est attendu à Lyon, le 15 mai. Une messe d’action de grâce est
prévue dans la cathédrale Saint­Jean pour lui rendre hommage.
Son avenir? « Ce dont je suis sûr, c’est que le pape va lui confier
une mission », a estimé Mgr Dubost. Un prochain déplacement
aux Etats­Unis pourrait laisser augurer un poste international
pour celui qui maîtrise plusieurs langues. Un processus de
désignation d’un nouvel archevêque de Lyon est désormais en­
gagé, selon plusieurs étapes : une consultation des évêques
français, suivie d’une enquête du nonce apostolique. L’ambas­
sadeur du Vatican en France rendra ensuite un rapport à Rome,
et une congrégation des cardinaux devra émettre une sugges­
tion de candidature au pape François. Le tout pourrait prendre
« au moins deux mois », selon Michel Dubost. Interrogé sur le
profil souhaitable pour remplacer Philippe Barbarin, l’ancien
évêque aux armées a expliqué qu’il faudrait sans doute faire un
choix entre deux options. La nomination d’un « sage », ou celle
d’un « jeune avec des projets ». L’administrateur apostolique a
laissé poindre sa préférence en insistant : « Sa venue sera l’occa­
sion d’un renouveau pour le diocèse. »
richard schittly (lyon, correspondant)

LA CHARGE DU 


PRIMAT DES GAULES 


LUI AVAIT ÉTÉ 


RETIRÉE IL Y UN AN, 


À CAUSE DE L’AFFAIRE 


PREYNAT


Enquête préliminaire ouverte contre un


collègue de l’ex­chirurgien Le Scouarnec


L’anesthésiste à l’hôpital de Jonzac avait été condamné en 2008 à trois
mois de sursis pour « détention d’images pédopornographiques »

N


ouveau rebondissement
dans l’affaire Joël Le
Scouarnec, cet ex­chirur­
gien de 69 ans accusé d’actes
pédophiles contre 349 patients.
Un de ses ex­confrères à l’hôpital
de Jonzac (Charente­Maritime) a
été suspendu par la direction
de l’hôpital, vendredi 6 mars.
Une enquête préliminaire est en
cours, alors que M. Le Scouarnec
comparaîtra pour viol et agres­
sions sexuelles contre six mi­
neurs, dont deux nièces, devant
les assises de la Charente­Mari­
time, à Saintes, du 13 au 17 mars.
Comme l’a révélé Franceinfo
vendredi, le médecin sanctionné,
un anesthésiste de 65 ans, a déjà
été condamné à trois mois de pri­
son avec sursis en 2008 pour « dé­
tention et diffusion d’images pé­
dopornographiques ». Le Conseil
national de l’ordre des médecins
a annoncé, vendredi, qu’il portait
plainte contre l’anesthésiste. Lui
et Le Scouarnec ont exercé dans le
même hôpital de Jonzac, de 2011 à


  1. Les enquêteurs s’interro­
    gent : existe­t­il un lien de compli­
    cité, voire un pacte de silence en­
    tre les deux praticiens?
    Leurs dossiers se percutent lors­
    que M. Le Scouarnec est arrêté en
    mai 2017, après la plainte d’une
    voisine, âgée de 6 ans. Les enquê­
    teurs entendent alors plusieurs


de ses confrères à Jonzac, dont ce
chef du service anesthésie, égale­
ment père de famille. « Les faits
sont là, je suis surpris, je n’imagi­
nais pas cela de lui », déclare­t­il.
Devant les gendarmes, il décrit
son confrère comme « une per­
sonne normale, bon praticien (...).
C’est quelqu’un de discret, qui géné­
rait la bonne humeur en salle
[d’opération] ». Puis à la question
« êtes­vous connu de la justice? »,
l’anesthésiste nie. L’interrogatoire
se faisant plus pressant, il recon­
naît avoir été condamné pour
consultation de sites pédoporno­
graphiques en 2008. Mille fichiers
et 3 500 images pédopornographi­
ques, principalement de jeunes
filles, de fillettes et de nourrissons
avaient été retrouvés. « Pourquoi
ne pas avoir dit la vérité depuis le
début ?, demande un enquêteur.


  • Parce que pour moi, c’est ter­
    miné, cette histoire. Vis­à­vis du té­
    moignage du docteur Le Scouar­
    nec, j’avais peur que ma parole soit
    mise en doute à cause de mon
    passé. C’est éteint, cette histoire. »


Aveux tardifs
Histoire terminée? Pas tant que
ça, de l’aveu même de l’anesthé­
siste : « Je ne consulte plus ce genre
d’image de façon aussi régulière.
C’est la vérité. Je pense qu’il va fal­
loir que je me fasse soigner ou que

je consulte. Je considère ces images
comme une évasion. Le fait d’en
parler avec vous, je trouve ça moti­
vant pour enclencher une démar­
che de soin. » M. Le Scouarnec lui­
même avait déjà été condamné
en 2005 à quatre mois de prison
avec sursis pour des faits similai­
res de détention d’images pédo­
pornographiques. L’anesthésiste
assure qu’il l’ignorait.
Ces coïncidences et ces aveux
tardifs intriguent la brigade de
gendarmerie de Jonzac. Trois
contacts téléphoniques en 2017
ont été relevés entre les deux mé­
decins, « toujours pour des rai­
sons de service », soutient l’anes­
thésiste. Durant sa carrière,
M. Le Scouarnec a croisé au moins
un deuxième collègue reconnu
coupable de pédophilie. Le docteur
Mohammed Fréhat, condamné
pour viols et agressions sexuelles
sur 32 patientes, dont des mineu­
res, est en cavale depuis 2013.
En 2005, Le Scouarnec et Fréhat
exerçaient à l’hôpital de Quim­
perlé (Finistère). Cette année­là, le
docteur Fréhat a fait l’objet de
plaintes de patientes pour viols et
agressions sexuelles. Le Scouar­
nec avait alors pris la défense de
son confrère. Les plaintes avaient
été classées sans suite.
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