Libération - 17.02.2020

(Martin Jones) #1

Libération Lundi 17 Février 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 17


taille-t-il. Mais en France, on
a un gros problème de fisca-
lité, avec l’Ile-de-France qui
effectue un véritable racket
sur les autres régions. On es-
saie d’éveiller les gens à cette
réalité.»
Quand on lui fait remarquer
que ce type de débat est as-
sez éloigné des prérogatives
d’un maire, Frank Darcel dé-
gaine aus sitôt sa botte se-
crète : l’article 72 de la Cons-
titution sur le principe de
subsidiarité. A savoir qu’une
collectivité peut prendre en
charge un domaine dans le-
quel elle serait plus perfor-
mante que l’Etat. En l’occur-
rence, si on suit bien Darcel,
la levée et l’utilisation de

recettes fiscales. «Tout le
monde veut réveiller Ren-
nes», insiste le musicien,
également auteur de quatre
romans. «Mais les autres
candidats ne se rendent pas
compte qu’on ne peut rien
faire : Paris contrôle tout !»
Au-delà de cette obsession,
Frank Darcel et ses colis-
tiers, tous «non profession-
nels» de la politique, n’en
ont pas moins élaboré un
programme balayant les
thèmes d’une campagne
classique : transports, sécu-
rité, urbanisme, etc. Leur
liste Rennes Bretagne Eu-
rope défend également une
«écologie du réel», Rennes
devant «s’engager pour que

EE-LV Jadot pose ses pions pour 2022


Yannick Jadot tente de séparer les séquences. L’euro député
enchaîne les médias pour convaincre les électeurs de glisser
un bulletin écolo aux municipales. Il souhaite que le drapeau
vert flotte sur le toit de nombreuses mairies. A chaque fois, la
question de la présidentielle lui est posée, comme dimanche
sur France Inter, il répond : «Les maires, aujourd’hui, sont les
élus préférés des Français. Il n’y aurait pas pire que de dire que
dans les élections municipales, le seul intérêt, c’est 2022.»
C’est
tellement beau. En coulisses, l’ambiance est différente. L’euro-
député se lève tous les matins en pensant à la présidentielle.
Il se voit déjà candidat. Il rêve de rassembler les âmes entre
«Ruffin et Borloo». Cet été, il a rencontré le député insoumis
à Toulouse. Et on apprend dans les colonnes du JDD qu’il a
dîné la semaine passée avec l’ancien ministre de Sarkozy.


Sète Marine Le Pen apporte son soutien
à un candidat ex-LR


Marine Le Pen est venue apporter son soutien samedi à Sébas-
tien Pacull, ancien président de LR dans l’Hérault et candidat
aux municipales dans cette ville, où il mène une liste d’«union
des droites» soutenue par le RN. Cette réunion des droites «mar-
que une révolution culturelle»,
selon Marine Le Pen. Une dizaine
d’autres candidats RN aux municipales dans l’Hérault étaient
aussi présents. «Une majorité d’entre eux sont à la tête d’une liste
d’union, parfois même jusqu’à la gauche»,
a précisé Jean-Louis
Cousin, délégué départemental du RN, évoquant un «effet Pa-
cull qui se propage dans le département».


Si on lui demande pourquoi
il s’est lancé dans la cam -
pagne des municipales, le
visage de Frank Darcel, ex-
guitariste du groupe de rock
Marquis de Sade, s’illumine.
«Mais parce que j’adore ça !»
répond-il avec un grand sou-
rire. «Ça», ce sont les idées,
le débat, la confrontation.
Comme il était déjà présent
sur de précédents scrutins,
on se demande même s’il n’a
pas choisi d’être candidat à
la mairie de Rennes par pure
impatience, l’échéance des
régionales étant, pour ce dé-
fenseur invétéré d’une Bre-
tagne autonome, encore un
peu loin.
D’ailleurs, on a beau l’inter-
roger sur sa vision de la ville
et les projets susceptibles de
la transformer, on se heurte
systématiquement au man-
tra de l’ancien producteur
d’Etienne Daho, qui pourrait
se résumer en une formule :
«Une ville forte dans une
Bretagne autonome et une
Europe fédérale», la pre-
mière proposition devant
découler des deux autres.
«Bilbao, Milan, Anvers...
toutes les capitales régiona-
les euro péennes s’appuient
sur des régions fortes, dé-

des projets d’hydroliennes
et d’éoliennes en mer se met-
tent enfin en place sur les
côtes bretonnes».
Que de telles initiatives
relèvent encore une fois de
prérogatives plutôt régiona-
les ou na tionales n’émeut
guère le guitariste-écrivain,
qui prône aussi l’abandon de
l’EPR de Flamanville, la
Bretagne étant à portée de
nuage radioactif en cas d’in-
cident. A ce compte, Frank
Darcel devrait pouvoir se
faire, d’Alençon à Château-
briant, de nombreux alliés.
Et s’il n’est pas facile d’abor-
der des préoccupations plus
métropolitaines, l’auteur-
compositeur de 61 ans, ori -
ginaire de Plessala (Cô-
tes-d’Armor), n’en a pas
moins dans sa besace quel-
ques punchlines bien sen-
ties, comme «les Rennais ne
veulent plus être des provin-
ciaux» ou «la métropole n’est
qu’une baudruche admi -
nistrative». Ce qu’il pro-
pose à la place? Un «Grand
Rennes» resserré à sa pre-
mière couronne. Sans doute
pour mieux faire la nique
au Grand Paris.
PIERRE-HENRI ALLAIN
Correspondant à Rennes

Le rockeur Frank Darcel vise


Rennes mais rêve de la Bretagne


A Marseille, la promesse d’une
«révolution vélo»
A Marseille, bonne dernière du Baromètre
des villes cyclables, les activistes de la bicyclette veulent orga-
niser un débat sur les propositions des candidats ce jeudi.
Même Martine Vassal, actuelle présidente de la métropole et
candidate LR au poste de maire, a déjà annoncé dans son pro-
gramme la «révolution vélo». A retrouver dans notre chroni-
que «Roue cool». PHOTO PATRICK GHERDOUSSI

LIBÉ.FR

Frank Darcel (à droite) en 2018. F. TANNEAU. AFP

Strasbourg Le maire PS sortant soutient
le candidat LREM


Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, a annoncé sa-
medi dans les DNA son soutien au candidat LREM, Alain Fon-
tanel, aux dépens de la candidature PS de l’ex-ministre Cathe-
rine Trautmann. «Alain est un ami et il est mon premier
adjoint»,
a expliqué Ries, après avoir maintenu le suspense
jusqu’au dernier conseil municipal. Il a juste regretté que Fon-
tanel, qui a quitté le PS en 2017 pour soutenir Emmanuel Ma-
cron, «soit trop inféodé à LREM».


Au Malaga, on se sent oubliés
de la campagne. «Personne
n’est venu jusqu’ici nous expli-
quer les programmes! Il n’y a
que la police municipale, qui
vient photographier les voitu-
res devant les cafés arabes,
pour les PV.»
Yagoub, 61 ans,
a le verbe haut et l’indigna-
tion à fleur de peau. Ses amis
approuvent. «Ils sont tous là-
bas au marché à tracter, mais
ils devraient venir dans les
quartiers sensibles, aller dans
les familles, parler avec les
mères»,
s’énerve Ahmed (1),
la trentaine. Il évoque le trafic
de drogue, qui a pris de l’am-
pleur. «Avant, il y avait du
budget pour les jeunes, dans
les maisons de quartier, pour
qu’ils ne dérivent pas.»


Situé dans une partie po -
pulaire du quartier de Wa-
zemmes, le Malaga est l’une
de ces cafétérias fréquentées
surtout par des
hommes d’ori-
gine maghrébine.
«Un fief algérien, rit Abdel,
51 ans, chauffeur de bus. Je
viens ici discuter avec les co-
pains. On parle pas trop de
politique, plutôt de sport.» Il
est 10 heures, le marché de
Wazemmes a dressé ses étals
au bout de la rue et la télé est
déjà branchée sur RMC Sport.
On entre, on sort, on avale
vite fait un petit noir. Ils les
connaissent, les têtes de
liste? Les sourcils se fron-
cent : «On m’a dit que le maire
de Marcq-en-Barœul est can-

Mulhouse


Les municipales approchent et de nombreu-
ses figures, à droite et à gauche, poussent
pour qu’Emmanuel Macron s’exprime sur le
«péril communautaire». Le sujet clive en ma-
cronie. Récemment, une ministre répondait à
Libé : «Avec une majorité au bord de la crise de
nerfs, je ne suis pas sûre qu’on ait besoin de ça.» Le
Président a décidé de couper la poire en deux.
Mardi, il se rendra à Mulhouse (Haut-Rhin) pour
évoquer le «séparatisme» – sa façon à lui de dire
communautarisme. Mais pas de grands discours
pour autant. Il le sait : il ira trop loin pour certains
et pas assez pour d’autres.

ger les choses», tranche Ah-
med. Et puis, il y a Martine
Aubry. Yagoub : «On la voit
moins qu’avant, mais atten-
tion, ici, on est des Français
socialistes. On l’aime tous, no-
tre Martine, et on la connaît.
On connaît aussi son père,
Jacques Delors, un ministre.
Et elle était l’élève de Pierre
Mauroy, l’ex-maire de Lille.»
Avec ce double adoubement,
la voilà encadrée, Aubry, qui
candidate tout de même pour
son 4e mandat. Protes tataire
et abstentionniste, Ahmed
montre un selfie avec elle,
tout content : «Elle ne les fait
pas, ses 69 ans, hein ?»
STÉPHANIE MAURICE
Correspondante à Lille
(1) Le prénom a été modifié.

didat. Il est de droite, mais il
est pas mal», avance Boume-
diène, 58 ans, formateur.
C’est presque ça : Marc-Phi-
lippe Daubresse,
ministre du Loge-
ment sous Raffa-
rin, a été longtemps maire de
Lambersart, autre ville voi-
sine de Lille. Quid de Violette
Spillebout, la candidate
LREM, ex-directrice de cabi-
net de Martine Aubry? Moue
généralisée, le nom dit très
vaguement quelque chose.
«Elle n’a pas travaillé à la
mairie ?» Et la liste EE-LV, an-
noncée deuxième au premier
tour par les sondeurs? Peu
d’enthousiasme. «C’est pas
à l’échelle d’une seule ville
comme Lille qu’on peut chan-

Une semaine dans les bistrots de Lille


Au Malaga : «On l’aime tous, Martine»


SÉRIE 1/

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