Le Monde Diplomatique - 03.2020

(Elle) #1

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du Monde diplomatique


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sénatrice Samia Ghali.ÀLille, les can-
didats rivalisent de«forêts urbaines»et
de «places végétalisées».

Mais l’amour du jardinage ne suffit
pas. Il faut aussi promettre de construire
des bâtiments verts, d’encourager l’usage
du vélo et des véhicules partagés, de
convertir les cantines scolairesàl’alimen-
tation biologique, de soutenir la culture,
de favoriserlat ransition énergétique, de
développer l’attractivité de la ville. Il faut
enfin truffer son programme de termes
telsqu’«innovation»,«transparence»,
«démocratie participative», et caser l’ad-
jectif«durable»leplus souvent possible :
développementdurable, ville durable, ter-

H


SERAIT-CEun pangolin?Une chauve-
souris?Oumême un serpent,commeon
apul’entendre un tempsavant que cela
ne soit démenti?C’est àqui sera le premier
àincriminer l’animal sauvageàl’origine
de ce coronavirus, officiellement appelé
Covid-19, dont le piège s’est refermé sur
plusieurs centaines de millions de per-
sonnes, placées en quarantaine ou retran-
chées derrière des cordons sanitaires en
Chine et dans d’autres pays. S’il est primor-
dial d’élucider ce mystère, de telles spécu-
lations nous empêchent de voir que notre
vulnérabilitécroissante face aux pandémies
aune cause plus profonde:lad estruction
accélérée des habitats.

Depuis 1940, des centainesdemicrobes
pathogènes sont apparus ou réapparus dans
des régions où, parfois, ils n’avaient jamais
été observés auparavant. C’est le cas du
virus de l’immunodéficience humaine
(VIH), d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ou

encore de Zika sur le continent américain.
La majorité d’entre eux (60 %) sont d’ori-
gine animale. Certains proviennent d’ani-
maux domestiques ou d’élevage, mais la
plupart (plus des deux tiers) sont issus
d’animaux sauvages.

Or ces derniers n’y sont pour rien. En
dépit des articles qui, photographies à
l’appui, désignentlafaune sauvage
comme le point de départ d’épidémies
dévastatrices(1), il est faux de croire
que ces animaux sont particulièrement
infestés d’agents pathogènes mortels
prêtsànous contaminer.Enréalité, la
plus grande partie de leurs microbes
vivent en eux sans leur faire aucun mal.
Le problème est ailleurs:avec la défo-
restation, l’urbanisation et l’industriali-
sationeffrénées, nous avons offertàces
microbes des moyens d’arriver jusqu’au
corps humain et de s’adapter.
(Lirelasuite
pages 16 et 17.) (Lirelasuite page 21.)

POURespérer remporter la mairie
d’une grande ville française en 2020,
tout candidat sérieux doit se plieràcer-
taines règles. Par exemple, s’engagerà
planter des arbres.ÀParis, MmeAnne
Hidalgo proposed’ensemer 170000 en
six ans, quand son concurrent Cédric
Villani, animateur en juillet 2019 d’une
«Nuit des arbres»àlaFondation Cartier,
défend un vaste projet de promenades
plantées.ÀMarseille, la candidate Les
Républicains (LR) MartineVassal veut
en ajouter autant qu’il naît d’enfants
–environ 70000 si les Marseillais
conservent leur niveau de fécondité de
la mandature précédente, soit trois fois
plus que sa concurrente socialiste, la


5,40 € - Mensuel - 2 8pages Astrid54 N° 792-67eannée. Mars 2020


PRÉSENCE FRANÇAISE EN AFRIQUE, LE RAS-LE-BOL – page 12


LE HOLLYWOOD


OUGANDAIS


PARDANIELPARIS-CLAVEL

Page 27.

28 janvier dernieràlaMaison Blanche. Juste après avoir
formulé des propositions qui violent le droit international
–annexion israélienne de Jérusalem et de la vallée du Jourdain,
colonisation de la Cisjordanie(lirel’article page 6)–, Washington
apréparéles éléments d’un communiqué que ses alliés
devaientreprendrepour japper leur enthousiasme :«Nous
remercions le présidentTr ump pour ses efforts en vue de faire
avancer ce très ancien conflit »;«Une proposition sérieuse,
réaliste et de bonne foi »;«Nous souhaitons que, grâceàcette
vision, ce conflit puisse trouver unrèglement ».Or,en
comparant ces«recommandations»américaines auxréactions
des chancelleries occidentales après l’annonce du plan,Le
Figaroarepéré«denombreuses similitudes de langage souli-
gnant–s’ilenétaitencorebesoin–l’influence deWashington
sur ses alliés(1)».

Le Royaume-Unis’est ,commed’habitude,montr él’un des
plus dociles. Mais plusieurs États–qui, eux, demeurent
membres de l’Union européenne–lui ont disputé lerôle de
perroquet deWashington. Et laréaction de Parisasurpris. La
France n’a certes pas«remercié le présidentTrump», mais
elle a...«salué les efforts du présidentTr ump »!Doit-on en
conclureque, décidément, avec ou sans Londres, l’indépen-
dance de l’Union européenne n’aura pas lieu?

(1) Georges Malbrunot,«Comment les États-Unis ont demandéàlac ommunauté
internationale de soutenir leur plan israélo-palestinien»,Le Figaro,Paris,
1 erfévrier 2020.

H SOMMAIRE COMPLET EN PAGE 28


Même au XXIesiècle, les vieuxremèdes apparaissent
aux yeux des autorités chinoises comme le meilleur
moyen de lutter contre l’épidémie due au coronavirus.
Des centaines de millions de personnes subiraient des
restrictionsdans leurs déplacements. N’est-il pas temps
de se demander pourquoi les pandémies se succèdent à
un rythme de plus en plus soutenu?

D’OÙ VIENNENT LES CORONAVIRUS?


Contre

lesp andémies,

l’écologie

*Journaliste.Auteure dePandemic:Tracking Conta-
gions, From Cholera to Ebola and Beyond,Sarah
Crichton Books, NewYork, 2016, et deThe Next Great
Migration:The Beauty andTerror of Life on the Move,
Bloomsbury Publishing, Londres,àparaître en
juin 2020. Ce texteaété publié dansThe Nation.

ARCADIA CONTEMPORAR

Y, PASADENA

Un Brexit pour rien?

PARSERGEHALIMI
L

ADÉCISIONbritannique de quitter l’Union européenne inter-
vient trop tard. Le départ d’un État quiaincarnéàlaf ois
le libre-échange depuis larévolution industrielle du XVIIIesiècle,
l’alignement surWashington depuis la«relation spéciale»
instaurée par Winston Churchill et Franklin Roosevelt, la finan-
ciarisation depuis que l’économie et la politique britanniques
sont dominées par la City de Londres, le néolibéralisme pur et
dur depuis la décennie Thatcher-Reagan, aurait pu constituer
une excellente nouvelle pour l’Union. Et rappeler aussi qu’elle
n’est pas une prison. Puisque certains États peuvent encorey
entrer,d’autres doivent pouvoir un jour en sortir.Sur ce plan,
au moins, lesélusbritanniques,aprèsavoir longtemps finassé,
ont respecté le verdict de leur peuple. Ce genredeleçon
démocratique n’est pas inutile par les temps qui courent.

Toutefois, ceux qui espèrent que le départ du Royaume-Uni
va libérer l’Union européenne, et l’Allemagne en particulier,
de ses pesanteurs libérales et atlantistes risquent d’êtredéçus.
La«communauté atlantique colossale sous dépendance et
direction américaines »que le général de Gaulleredoutait en
1963 n’a plus besoin des Britanniques pour dicter sa loi au
Vieux Continent. En particulier depuis que,àpartir de 2004,
l’Unionaaccueilli une douzaine d’États supplémentaires, dont
la plupart venaient tout juste d’envoyer des soldats en Irak à
la demande deWashington. Certains de ces nouveaux
membres se montrent toujours incapables d’aligner deux idées
dans une autrelangue que l’anglais–etdepréférence avec
des mots choisis par le département d’État américain.

Exagération?Pas vraiment,àenjuger par laréaction des
Européens au«plan de paix»israélo-palestinien présenté le

ritoire durable, tourisme durable, bâti-
ment durable, etc.

Les mêmes mots, les mêmes formules,
les mêmes idées reviennent chez tous les
candidats, dont les programmes semblent
piocher dans un catalogue des«bonnes
pratiques»reproductibles de ville en ville,
et même de pays en pays, puisque l’offre
municipale n’est guère différenteàSeat-
tle, Montréal ou Berlin. Comme si la poli-
tique locale se réduisaitàune série de
réponses pragmatiques, de solutions de
bon sensàdes problèmes concrets.

Dans la plupart des pays
occidentaux,les habitants et les
gestionnaires des métropoles
sont mécontents. Apôtresdu
progressisme, de l’ouvertureet
de l’innovation, ils n’apprécient
pas la trajectoireprise par le
reste du pays, par les petites
villes et les campagnes, qui se
laissentgagner par l’extrême
droite et le«populisme ». Aussi
ont-ils commencéàseliguer
pour organiser la riposte.

PAR
BENOÎT BRÉVILLE

AUNOM DU PROGRESSISME


Quand les grandes villes

font sécession

JOHN BROSIO.–«Bar 2»,

Afrique CF A: 24 00 FC FA, Algérie : 290 DA, Allemagne : 6,00 €, Andorr e: 6,00 €, Antilles-Guyane : 5,50 €, Au triche : 6,00 €, Belgique :
5,90 €, Canada : 8,00 $C, Espagne : 6,0 0€, États-Unis Astrid54, Grèce : 6,0 0€, Hongrie : 19 95 HUF, Irlande : 6,0 0€, Italie : 6,0 0€,
Liban : 95 00 LBP, Luxembourg: 5,90 €, Maroc : 35 DH, Pa ys-Bas : 6,00 €, Po rt ugal cont. : 6,00 €, Réunion : 5,50 €, Ro ya ume-Uni :
5,50 £, Suisse : 8,80 CHF, TOM: 780 XPF, Tu nisie : 5,90 DT.

PARSONIA SHAH*


(1) Kai Kupferschmidt,«This bat species may be
the source of the Ebola epidemic that killed more than
11,000 people inWest Africa»,ScienceMagazine,
Washington,DC-Cambridge, 24 janvier2019.
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