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JEUDI 9 AVRIL 2020 coronavirus | 9
de son côté de se couler dans les
habits d’un futur nominé, tout
en éprouvant les difficultés de
faire campagne à l’ère d’une pan
démie. En théorie, la situation est
plus favorable aux démocrates
qu’aux républicains. Les pre
miers avaient placé la santé en
tête de leurs priorités avant
même la déflagration créée par
la propagation du virus. Ils dé
fendent par ailleurs avec cons
tance le rôle central de l’Etat
fédéral, essentiel en période de
crise, alors que ce dernier est
jugé souvent envahissant par les
républicains.
Mais, reclus dans sa demeure
du Delaware, Joe Biden assiste
pour l’instant en spectateur
à l’engouement que provoque
chez les démocrates la gestion de
crise du gouverneur de l’Etat de
New York, Andrew Cuomo. Et les
négociations au Congrès à pro
pos d’un gigantesque plan d’ur
gence de plus de 2 000 milliards
de dollars (1 843 milliards
d’euros) ont été pilotées, côté dé
mocrate, par la speaker (prési
dente) de la Chambre des repré
sentants, Nancy Pelosi, et par le
chef de la minorité au Sénat,
Chuck Schumer. L’ancien vice
président subit par ailleurs l’om
niprésence de Donald Trump,
qui tient depuis trois semaines
des conférences de presse quoti
diennes, souvent interminables,
à la Maison Blanche.
Loin de se limiter à un point
d’étape de la lutte contre le Co
vid19, ces briefings donnent au
milliardaire l’occasion de vanter
sa gestion de la crise et de criti
quer avec virulence les contemp
teurs d’une riposte fédérale jugée
tardive. Sans doute pour tenter de
faire oublier les semaines pen
dant lesquelles il avait luimême
minimisé la menace sanitaire
pour les EtatsUnis.
Cette situation d’apesanteur po
litique risque pourtant de se pro
longer pour Joe Biden. De nom
breux Etats, qui mettent en jeu un
total de près de 700 délégués, ont
repoussé leurs primaires jus
qu’au 2 juin, mais rien ne dit que
la situation leur permettra de te
nir cette échéance.
Par précaution, le Parti démo
crate a déjà décalé la convention
d’investiture prévue initiale
ment à la mijuillet. Elle se tien
dra comme convenu dans le
Wisconsin, à Milwaukee, mais
un mois plus tard, en août, une
semaine avant la convention ré
publicaine de Charlotte, en Caro
line du Nord.
gilles paris
L’impossible primaire démocrate à l’ère du virus
Un vote pour l’investiture à la présidentielle s’est tenu mardi dans le Wisconsin, contre la volonté du parti
washington correspondant
S
toppées net depuis plus
de deux semaines, les pri
maires démocrates pour
l’investiture présiden
tielle ont repris, mardi 7 avril,
dans le Wisconsin. Paradoxale
ment, ce premier scrutin orga
nisé depuis que la pandémie
frappe de plein fouet les Etats
Unis a été dû à l’obstination du
Parti républicain. Le Grand Old
Party (GOP) a contré tous les ef
forts du gouverneur démocrate,
Tony Evers, pour repousser le
vote. La Cour suprême du Wis
consin, composée majoritaire
ment de juges conservateurs,
s’est opposée à un report, lundi.
Le Congrès majoritairement ré
publicain de cet Etat du Midwest
avait fait de même deux jours
plus tôt. Les juges conservateurs
de la Cour suprême des EtatsUnis
ont enfin invalidé la décision d’un
juge fédéral de rallonger les délais
pour les votes par correspon
dance, que les démocrates sou
haitaient encourager pour limiter
les risques de contagion.
Ce maintien des élections, alors
que les spécialistes de la santé ne
cessent d’appeler au respect des
gestes barrières contre le virus, a
produit les résultats attendus.
Faute de volontaires pour enca
drer les opérations de vote, les
grandes agglomérations dans
lesquelles les démocrates sont
majoritaires ont considérable
ment réduit le nombre de bu
reaux. Milwaukee n’en comptait
que cinq, contre cent quatre
vingts ordinairement, et Green
Bay deux au lieu de trente et un.
Les queues interminables ont
eu un effet certainement dissua
sif sur les électeurs, alors que les
opérations de vote étaient moins
affectées par les restrictions dans
les zones rurales dominées par
les conservateurs. Une décision
de justice a interdit par ailleurs
la publication des résultats avant
lundi 13 avril.
Confirmation d’un vote utile
Cette obstination républicaine,
soutenue activement par le pré
sident des EtatsUnis, Donald
Trump, qui a appelé à voter lundi
soir, quelques heures seulement
après avoir à nouveau souligné
en conférence de presse l’impor
tance du respect des règles de
distanciation sociale, a éclipsé
l’enjeu pour les démocrates du
vote de mardi.
Il y a quatre ans, le sénateur in
dépendant du Vermont, Bernie
Sanders, avait nettement battu
dans le Wisconsin la favorite,
Hillary Clinton, avec plus de 56 %
des suffrages, contre seulement
43 % pour l’ancienne secrétaire
d’Etat. Les rares sondages qui ont
été publiés avant la primaire de
mardi accordaient au contraire
une large avance à l’ancien vice
président Joe Biden.
Depuis son spectaculaire réta
blissement en Caroline du Sud, le
29 février, après des débuts catas
trophiques, ce dernier a creusé un
écart significatif en termes de dé
légués par rapport au sénateur in
dépendant. Il dispose désormais
de 1 217 délégués, contre seule
ment 914 pour son adversaire,
alors qu’il faut en obtenir au
moins 1 991 pour être assuré
d’être le candidat démocrate à la
présidentielle de novembre.
Les sondages réalisés au niveau
national, qui sont purement in
dicatifs puisque les primaires se
déroulent dans le cadre des Etats,
confirment un vote utile en fa
veur de l’ancien viceprésident. Il
a reçu, mardi 7 avril, le soutien de
deux élus influents : le sénateur
de l’Ohio Sherrod Brown et le re
présentant de Géorgie John
Lewis, figure de la lutte pour les
droits civiques.
Il distance de plus de 20 points
son rival et cet écart tend à s’ac
croître plutôt qu’à se réduire. Les
prochains scrutins sont prévus
en Alaska et dans le Wyoming, le
10 et le 17 avril et seront limités
au vote par correspondance du
fait des risques sanitaires. Bernie
Sanders avait triomphé dans ces
deux Etats en 2016. Deux nou
veaux revers compliqueraient
plus encore les perspectives du
sénateur, alors que les étapes à
venir les plus importantes de
vraient être favorables à l’ancien
viceprésident.
Situation d’apesanteur
La presse américaine a d’ailleurs
évoqué une fracture parmi les
soutiens du sénateur. Convain
cue de l’inéluctabilité de sa dé
faite, une partie de ses proches
militerait désormais en faveur
d’un retrait, qui permettrait de
rassembler le Parti démocrate
dans la perspective d’une prési
dentielle rendue particulière
ment incertaine du fait de la pan
démie et de ses répercussions
économiques dévastatrices.
Un autre bloc défendrait au con
traire le maintien de Bernie San
ders jusqu’aux derniers votes,
prévus pour l’instant à la fin du
mois de juin. Non pas dans l’es
poir d’un nouveau retournement
de situation, mais pour peser le
plus possible sur le Parti démo
crate et ses choix politiques.
Sans attendre la décision de
son adversaire, Joe Biden tente
Les rares
sondages qui
ont été publiés
avant le scrutin
accordaient
une large avance
à l’ancien
vice-président
Joe Biden
Donald Trump s’emporte contre l’OMS
Le président américain, Donald Trump, a menacé, mardi 7 avril,
de suspendre la contribution américaine à l’Organisation mon-
diale de la Santé (OMS), dénonçant sa gestion de la pandémie de
Covid-19 et une attitude à ses yeux trop favorable à Pékin. « Tout
semble très favorable à la Chine, ce n’est pas acceptable », a-t-il
déclaré. « Ils ont critiqué la fermeture des frontières [aux person-
nes venues de Chine] quand je l’ai annoncée, et ils ont eu tort », a-
t-il ajouté. « Ils ont eu tort sur beaucoup de choses », a-t-il martelé,
sans donner plus de précisions, tandis que son pays a passé,
mardi 7 avril, le seuil des 12 000 morts de la maladie.
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