Les Echos - 25.03.2020

(Sean Pound) #1
Mercredi 25 mars 2020
http://www.lesechos.fr

J


CAC 40
4.242,7 points

8,3895 % J


DOW JONES
20 .268,6 points

9,0183 % n


EURO/DOLLAR
1,07 85 $

-4,4561 % J


ONCE D’OR
1.605,75 $

5,2675 % n


PÉTROLE (BRENT)
27,19 $
-1,1991 %

DEVISES EUR/GBP0,9162EUR/JPY1,2011 EUR/CHF1,0582GBP/USD1,17 68 USD/J PY1,1141 USD/CHF0,9814 TAUX EONIA-0,439LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,369 OAT 10 ANS0,0 883 T- BONDS 10 ANS0,85 59


Accor 17
Airbus 26
Air France-KLM. 16
ArcelorMittal 36
AXA 36
Benchmark 24
BNP Paribas 26
Boeing 26
BPCE 26, 27
Cadila 20
CNP Assurances 36
Crédit Mutuel Alliance
Fédérale 27


EDF 16
Enedis 22
Engie 26
Faurecia 17
Groupe Pierre & Vacances 17
H&M 26
Inditex 26
Joone 24
Keolis 20
La Poste 23
Lufthansa 26
Mandarine Gestion 26
OVH 23

Paul Boyé Technologies 25
Pernod Ricard 36
Plastic Omnium 17
PSA 17
Renault 17, 36
Safran 28 , 36
Santander 26
Société Générale 26
TechnipFMC 16
Total 16, 26, 28
Transdev 20
Valeo 17
Vallourec 16

= LES ENTREPRISES CITÉES


Les laboratoires prêts à fournir
de la chloroquine en masse
Les industriels de la pharmacie ont déjà
promis une centaine d e millions de doses
d’ici à un mois. L’antipaludéen est facile à
produire. Sanofi, notamment, va fournir
l’hydroxychloroquine, une version amé-
liorée de la chloroquine nécessaire à
l’essai clinique Discovery. // P. 20

l’essentiel


Pa s de trêve
pour les cyberattaques
En pleine crise sanitaire, les
cyberattaquants ne relâchent
pas la pression. Les milieux
médicaux sont concernés, mais
plus largement les entreprises,
que le télétravail rend plus vulnéra-
bles, et aussi, toujours, les Etats. // P. 22

Le capital-risque américain
tente de limiter la casse
Les VC ventilent leur portefeuille en
décidant qui aider en priorité face à la
crise. Les gros fonds devraient s’en
sortir sans égratignure mais les « limi-
ted partners » pourraient geler leurs
investissements dans des fonds avec des
performances moins établies. // P. 24

Tokyo contraint d’accepter un report


exceptionnel de ses Jeux Olympiques


Yann Rousseau
@yannsan
— Correspondant à Tokyo


La situation devenait intenable. Incapables
de se positionner face à la pandémie de coro-
navirus qui frappe l ’Occident a près avoir t ou-
ché l’Asie du Nord, le Comité international
olympique (CIO) et le gouvernement japo-
nais ont dû accepter, mardi, de reporter les
Jeux Olympiques d’été qui devaient se tenir à
Tokyo. Un scénario exceptionnel dans l’his-
toire moderne des Jeux. D epuis sa « reprise »
en 1896, la compétition n’a été annulée qu’à
trois occasions, soit en 1916, en 194 0 et en
1944, pendant les guerres mondiales.
Pressentie depuis plusieurs jours, la déci-
sion a été validée, mardi, à l’issue d’un
échange téléphonique entre le Premier
ministre nippon Shinzo Abe et Thomas
Bach, le président du CIO qui s’était lente-
ment laissé convaincre, ces derniers jours,
que ce décalage était inéluctable. « Nous nous
sommes mis d’accord sur le fait que les Jeux
Olympiques et Paralympiques se tiendraient
au plus tard à l’été 2021 »
, a assuré le dirigeant
japonais.


7 milliards de dollars
Jusqu’au bout, le Japon et la municipalité de
Tokyo, qui ont investi plus de 7 milliards de
dollars d’argent public dans les Jeux et
ses infrastructures, avaient espéré sauver le
calendrier officiel qui prévoyait une cérémo-
nie d’ouverture le 24 juillet prochain. Mais
leur apparente inflexibilité à prendre en
compte l’épidémie de Covid-19, qui a déjà fait
plus de 17.000 morts sur la planète, a braqué
nombre de comités olympiques nationaux
et de grandes fédérations sportives inquiètes
pour la santé de leurs athlètes. Ces derniers
jours, la très influente Fédération internatio-
nale d’athlétisme et la Fédération américaine
de natation, qui captent une large partie de
l’intérêt des grands sponsors, avaient plaidé
pour un report de la compétition.
Les comités olympique et paralympique
du Canada avaient, eux, annoncé dimanche
qu’ils n’enverraient p as leurs athlètes s i les JO
étaient maintenus cet été. Ils avaient été sui-
vis par leur homologue australien ainsi que
par certains comités européens, qui poin-
taient aussi leur i ncapacité à sélectionner d es
athlètes dans le contexte actuel. Tokyo doit
théoriquement accueillir 11.000 sportifs
mais seulement une moitié d’entre eux ont
déjà réalisé les performances nécessaires à
une qualification pour l’événement. Les
autres c omptaient sur les grands meetings et
autres compétitions du printemps, depuis
annulés, pour obtenir leur ticket olympique.
L’annonce de ce report ouvre la voie à de
très complexes négociations pour définir, en
quelques mois, un calendrier alternatif à des
Jeux qui étaient préparés depuis sept ans. Le
CIO et Tokyo vont devoir travailler étroite-
ment avec les fédérations sportives, qui ont
leurs propres calendriers de compétitions


internationales, les sponsors, qui ont misé
des milliards sur la compétition mais aussi
les grandes chaînes de télévision qui retrans-
mettent les JO.
Près des trois quarts des revenus du CIO
proviennent ainsi de ces droits de retrans-
mission attribués à une poignée de grands
réseaux et une moitié de ces montants est
payée par l’américain NBC, qui dispose d’une
influence capitale sur la programmation des
Jeux. Les chaînes qui prévoient leurs offres
des années à l’avance pourraient exiger
d’imposantes remises sur les sommes
qu’elles ont versées en échange du boulever-
sement de leurs grilles d’été provoqué par le
report de Tokyo 2020.

To kyo 2020 en 2021
La capitale japonaise va devoir également
gérer un casse-tête logistique phénoménal
pour reprogrammer les événements prévus
dans ses différentes infrastructures olympi-
ques, et répondre aux particuliers proprié-
taires d’appartements dans le nouveau vil-
lage olympique qui devaient récupérer leurs
biens après le départ des athlètes en septem-
bre 2020. Les agences de voyages, les hôtels
et les compagnies aériennes, qui avaient
beaucoup investi dans l’événement, risquent
aussi d’encaisser de très lourdes pertes.
Le CIO a assuré mardi soir que les Jeux
seraient bien reportés de quelques mois et
non annulés. Il a même assuré que l’événe-
ment ne serait pas débaptisé et garderait le
nom de « Tokyo 2020 », même s’il se déroule
à l’été 2021. La flamme olympique arrivée la
semaine dernière au Japon, depuis la Grèce,
sera aussi conservée sur le territoire nippon
comme un symbole de cette continuité.n

Tokyo se préparait à recevoir les Jeux Olympiques du 24 juillet au 9 août, suivis des Paralympiques du 25 août au 6 septembre.

SPORT


Véronique Richebois
@vrichebois

La décision au Japon de reporter les JO
constitue un vrai choc pour les diffu-
seurs du plus grand événement médiati-
que mondial. Pour France Télévisions,
détenteur des droits de diffusion
en France, il sera rude. Le groupe n’a
jamais communiqué sur le montant
du chèque signé pour décrocher ces
droits. Pour l’édition Paris 2024, la
chaîne Discovery a évoqué la somme de
130 millions d’euros qu’aurait payé le
groupe public.
Néanmoins, comme l ’indique
Raphaël de Andreis, président du Havas
Village, « si les Jeux Olympiques, comme
le Mondial et l’Euro sont des événements
générateurs d’image pour les chaînes, ils
sont rarement rentables financière-
ment ». Pour Philippe Nouchi, « le report
des JO risque d’entraîner une perte
de recettes publicitaires – spots TV et par-
rainage – estimée entre 6 et 7 millions
d’euros. Ce n’est pas négligeable mais si
on reporte ce manque à gagner au chiffre
d’affaires publicitaire d’environ 350 mil-
lions d’euros de France Télévisions, ce
n’est pas énorme ».
D’autant, ajoute-t-il, que l’ « on ne peut
pas parler de perte pure puisque d’autres
programmes, encadrés à leur tour d e spots
publicitaires, se substitueront aux Jeux ».
Le casse-tête tiendra vraisemblable-
ment plus à ce qu’il sera possible de diffu-
ser en lieu et place des retransmissions
prévues, et de la capacité de ces pro-
grammes à générer de l’audience. Pour
les JO de Londres de 2012, France Télévi-
sions avait réalisé une part d’audience
moyenne de 28 %. Le groupe n’avait pas
communiqué sur celle des JO de Rio de
2016, probablement moindre en raison
du décalage horaire. Pour ceux de
Tokyo, le décalage, dans l’autre sens,
aurait été plus important encore.

Question d’image
« Mais c’est moins la part d’audience que
la composition de cette audience qui inté-
resse France Télévisions » , souligne
l’expert de Publicis Media. Le public des
chaînes publiques est traditionnelle-
ment âgé, or la diffusion des JO lui per-
met de capter une cible plus large et plus
jeune. « Par ailleurs, la diffusion des Jeux
est positive pour son image » , conclut Phi-
lippe Nouchi. France Télévisions ne sou-
haite pas, à ce stade, faire de commentai-
res, se contentant de préciser que « sur
les JO de Tokyo, France TV P ublicité a déjà
engrangé à date un chiffre d’affaires publi-
citaire proche de 20 millions d’euros ». n

France


Télévisions


sera pénalisée


Christophe Palierse
@cpalierse

L’annonce mardi d’un report des Jeux
Olympiques d’été de Tokyo « après 2020
mais au plus tard à l’été 2021 » constitue un
événement majeur pour le mouvement
olympique. Si les Jeux d’été ont pu être
affectés dans les années 198 0 par les ten-
sions entre les Etats-Unis et l’URSS, il faut
remonter à la Seconde Guerre mondiale
pour retrouver une situation encore plus
inédite : en 1939, la Finlande, attaquée par
l’URSS, avait dû renoncer aux Jeux d’Hel-
sinki, alors alternative à des JO initiale-
ment prévus à... Tokyo.

L’év énement le plus suivi
du monde
Les Jeux d’été constituent l’événement le
plus suivi, avec la Coupe du monde de foot-
ball. En 2016, à la clôture de ceux de Rio, le
Comité international olympique (CIO)
indiquait que les compétitions cariocas
avaient été suivies par « la moitié de la
population mondiale ». Fondé en juin 1894,
sous l’impulsion du baron Pierre de Cou-
bertin, le CIO est une organisation interna-
tionale indépendante à but non lucratif,
composée aujourd’hui de 115 membres
bénévoles de plus de 90 pays, avec
pour mission de « bâtir un monde meilleur
par le sport ».

Le CIO redistribue plus de 90 % de ses
revenus au mouvement sportif au sens
large, soit chaque jour l’équivalent de
3,4 millions de dollars. L’organisation des
Jeux, dont il supporte une partie du finan-
cement, est donc cruciale. Et tout particu-
lièrement ceux d’été, sa principale source
de revenus. « Les Jeux sont la pierre angu-
laire du modèle économique d u CIO » , expli-
que Christophe Lepetit, responsable des
études économiques e t des partenariats au
Centre de droit et d’économie du sport de
Limoges. L’expert estime c ependant « diffi-
cile, à ce stade, d e mesurer l’impact du report
des Jeux de Tokyo ».
Le rapport annuel 2018 du CIO fait état
pour son Olympiade 2013-2016, soit le
cycle de quatre ans s’achevant par les Jeux
de Rio, d’un total de recettes de 5 milliards
de dollars. Elles sont alimentées en pre-
mier lieu par la commercialisation de ses
droits T V, à hauteur de 73 %, et de ses droits
de marketing du programme TOP, lequel
réunit ses grands sponsors, pour 18 % de
ses recettes. Ce club réunit 15 groupes,
dont Coca-Cola, un partenaire historique,
et, parmi les nouveaux venus, Toyota, Air-
bnb et Alibaba. Pour les sponsors, en parti-
culier ceux des comités d’organisation de
Tokyo 2020 comme ceux de Paris 2024, le
report bouscule le calendrier d’ « activa-
tion ». Nul doute qu’ils vont engager avec le
CIO des discussions tous azimuts. n

Les JO d’été, vache à lait du


Comité international olympique


Athit Perawongmetha/Reuters

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