Les Echos - 25.03.2020

(Sean Pound) #1

20 // ENTREPRISES Mercredi 25 mars 2020 Les Echos


50 % par rapport à la normale.
Comme chez les concurrents
Keolis ou RATP Dev, un dialo-
gue social intense avec les con-
ducteurs et des mesures de pré-
caution sanitaire (entrée par la
porte arrière des bus, rangées
laissées libres derrière le chauf-
feur, arrêt des ventes de billets à
bord) ont permis de contrecar-
rer certaines demandes de droit
de retrait du personnel. Dans
des villes comme Le Havre ou
Rouen, les horaires ou services
ont été modifiés pour servir en
priorité les personnels de santé.

Enjeu financier
Reste l’enjeu financier. « Nous
effectuons un suivi de notre cash,
nous devons nous assurer d’être
bien p ayés p ar nos c lients, les c ol-
lectivités », poursuit le PDG.
D’ordinaire en France, les recet-
tes directes des passagers ne
s’élèvent qu’à 1 0 ou 3 0 % du bud-
get selon les villes. « Désormais,
si l’on n’assure plus que 30 % de
la prestation prévue, serons-
nous p ayés à cette hauteur? Face
à la chute de fréquentation, la
capacité des collectivités à payer
la partie “subvention” est un élé-
ment très important pour la
suite », détaille la direction du
groupe contrôlé par la Caisse
des Dépôts (66 %) et le groupe
allemand Rethmann (34 %).
Avec 1 milliard d’euros de
liquidités et des frais fixes à payer,
le groupe ne peut tenir qu’envi-
ron un mois et demi, alors que la
crise n’a véritablement com-
mencé qu’à la mi-mars... « Nous
allons donc demander à être cou-
vert de nos coûts, que nous som-
mes en train de réduire », ajoute le
PDG. Des commandes de bus
ont été décalées de plusieurs
mois, et le chômage partiel va
alléger la facture salariale.
Conscientes de cette impasse
potentielle à court terme, cer-
taines autorités organisatrices
(AO) se sont déjà engagées à
payer 80 à 100 % du service,
« même si tout cela n’est pas
encore traduit de façon for-
melle », souligne le dirigeant.n

Denis Fainsilber
[email protected]


La page s’est tournée avec bru-
talité chez Transdev. A peine le
groupe de transport public,
numéro deux dans les régions
françaises derrière Keolis, a-t-il
clôturé un bon exercice 2019,
marqué par un retour aux
bénéfices, que l’urgence sur-
vient de façon imprévue. Le
Covid-19 « affecte à des degrés
divers les 18 pays où nous som-
mes présents »,
constate son
PDG Thierry Mallet. De l’Alle-
magne aux Etats-Unis en pas-
sant par l ’A ustralie, la Colombie
ou la Suède, l’heure n’est plus
aux investissements dans les
bus neufs, mais au chômage
partiel, sous diverses formes, et
à la préservation du cash – pour
éviter une hémorragie fatale.


Effondrement
de la demande

La France, premier marché du
groupe avec 2,8 milliards
d’euros de chiffre d’affaires (soit
38 % du total), en avance d’envi-
ron une semaine en termes de
propagation du virus par rap-
port à ses autres marchés,
résume la violence du retourne-
ment conjoncturel. Dans les
agglomérations hexagonales
servies par Transdev, la fréquen-
tation des bus ou tramways
municipaux a fondu depuis le
confinement de 90 %, tandis que
l’offre de véhicules déployés
varie selon les réseaux de 30 à


TRANSPORT


La demande de bus
et de tramways sur
les réseaux français
de Transdev a fondu
de 90 %.


Les dix-huit pays
couverts par
le groupe sont
tous touchés
par le Covid-19.


Tr ansdev


demande un geste


aux collectivités


version améliorée de la chloroquine
nécessaire à l’essai clinique Disco-
very , qui va tester ce médicament et
plusieurs autres chez des patients
infectés par le Covid-19. Le groupe
pharmaceutique se dit « prêt à tra-
vailler avec les autorités de santé fran-
çaises pour confirmer ces résultats ».
Il est également disposé à « mettre à
la disposition de la France » le Plaque-
nil, à condition que son efficacité soit
confirmée. 300.000 boîtes sont
actuellement à disposition des hôpi-
taux, sachant qu’on aurait besoin
d’une boîte par patient.
Mais si le produit devait être utilisé
à l’échelle de la pandémie, Sanofi n’y
suffirait pas. Son produit n’est
d’ailleurs pas enregistré sur le mar-
ché américain. Aussi d’autres pro-
ducteurs de ce médicament, actuel-
lement utilisé pour traiter la malaria
ou certaines maladies auto-immu-
nes, s ont sur l es r angs pour le fournir.

Les fabricants de généri-
ques sur les rangs
Les fabricants de génériques ne sont
pas inactifs non plus. Mylan aug-
mente la cadence de son usine de
Virginie-Occidentale, aux Etats-
Unis, afin de fournir 50 millions de
comprimés fin avril, et Amneal
Pharmaceuticals pourrait atteindre
les 20 millions. Teva a , lui, fait un don
de 16 millions de comprimés.
Les indiens Cadila, Torrent et Ipca
peuvent aussi produire de la chloro-
quine et de l’hydroxychloroquine. I ls
devraient également apporter leur

contribution en dépit d’un contrôle
qualité sévère de l’agence améri-
caine dans une des usines d’Ipca en
septembre dernier. Ipca, qui produit
pour le marché indien, a pour atout
de fabriquer lui-même le principe
actif, ce qui le met à l’abri d’une éven-
tuelle pénurie.
Si la chloroquine et l’hydroxychlo-
roquine e n venaient à être largement
utilisées dans le traitement du
Covid-19, elles ne feraient pas pour
autant l a fortune des l aboratoires. Ce
marché se chiffre actuellement en
millions et non en milliards de dol-
lars. Aux Etats Unis, le prix du com-
primé peut être aussi bas que
0,29 dollar et en France, la boîte de
30 comprimés de Plaquenil est ven-
due 4,17 euros, soit 0,14 euro le com-
primé.

Avantage de coût
En cas de succès de l’essai clinique
néanmoins, le recours à ces traite-
ments devrait être facilité. Ce qui ne

serait pas forcément le cas pour les
autres produits actuellement en test,
à savoir les antiviraux mais surtout
les anticorps monoclonaux tels que
l’Actemra, de Roche, ou le Kevzara,
de Sanofi. Ces biomédicaments ont
des processus de bioproduction
délicats et coûteux, peu adaptés à un
traitement de masse. L’Actemra est
ainsi vendu aux Etats-Unis environ
350 dollars par semaine.
Même si Roche baissait ses prix, il
lui serait impossible de rivaliser avec
la chloroquine. Le laboratoire a mal-
gré tout confirmé qu’il menait un
essai de phase III sur 330 patients en
collaboration avec le Biomedical
Advanced Research and Develop-
ment Authority (Barda). Il suit de
près les essais cliniques de ses con-
currents comme Sanofi. Le labora-
toire français a en effet, commencé
un essai de PhaseII-III sur
400 patients avec le Kevzara, médi-
cament destiné au départ à traiter la
polyarthrite rhumatoïde.n

Catherine Ducruet
@CDucruet

A l’heure où Didier R aoult, le contro-
versé patron de l’IHU Méditerranée
Infection, claque la porte du Conseil
scientifique, réuni autour d’Emma-
nuel Macron, les laboratoires se
mobilisent pour produire en masse
de la chloroquine, que le professeur
recommande en traitement des
« malades fébriles ». Sanofi va ainsi
fournir l’hydroxychloroquine, une

PHARMACIE


Les industriels de la
pharmacie ont déjà
promis une centaine
de millions de doses
d’ici à un mois.

L’antipaludéen est
facile à produire.

Dunlopillo repris
par un groupe
aveyronais
LITERIE Les matelas Dunlo-
pillo ont été repris à la barre
du tribunal par l’aveyronais
Finadorm. Deux autres can-
didats étaient encore en lice,
le site allemand Emma et la
société Jacquart. Finadorm
(100 millions d’euros de chif-
fre d’affaires) regroupe une
dizaine de sociétés, couvrant
4 pôle d’activités, dont un de
literie. Il s’est engagé à repren-
dre 90 salariés sur les 177
emplois des sites de Mantes-
la-Jolie (Yvelines) et Limay
(Yvelines). La crise du corona-
virus complique la donne. La
production est à l’arrêt, ce qui
va freiner ce nouveau départ.

à suivre


Air Liquide
au chevet
des malades
SANTÉ La branche santé du
groupe de gaz industriels
Air Liquide a annoncé mardi
avoir mis en place une ligne
d’assemblage supplémen-
taire de ventilateurs de réani-
mation. « La production sera
ainsi doublée en mars. On tri-
plera en avril et on multipliera
par quatre en mai », indique le
communiqué du groupe. Le
nombre de ventilateurs pour
la réanimation devrait ainsi
passer de 500 actuellement
à 1.100 en avril sur le site
d’Antony, e t le nombre de ven-
tilateurs non invasifs, pro-
duits à Pau, passera de 200
à 600.

Chômage partiel
massif au PMU

HIPPISME Affecté par la sus-
pension des courses hippi-
ques depuis le 17 mars, le
PMU a annoncé la mise en
place d’un plan de chômage
partiel concernant 95 % de ses
1250 collaborateurs. Le GIE,
qui a pour vocation de finan-
cer la filière hippique, est
contraint à utiliser ce moyen
« pour limiter les impacts
financiers de la crise liée » au
Covid-19, sachant qu’il a été
restructuré depuis deux ans.
Il « va c ontinuer dans la
mesure du possible » à propo-
ser une offre en ligne : paris
hippiques sur des courses
internationales, p aris s portifs
et poker.

Les laboratoires prêts à fournir


de la chloroquine en masse


300.000 boîtes de Plaquenil sont actuellement à disposition des hôpitaux français. Photo Laurent Benhamou/Sipa

CHAQUE MOIS,


CONNAISSANCE


DESARTS


FAIT DE VOUS


UN EXPERT


EN KIOSQUE DÈSAUJOURD’HUI


Didier Raoult claque la porte
du conseil scientifique

La rupture est consommée entre Didier Raoult et le
gouvernement : « Je ne participe plus au Conseil scientifi-
que réuni autour d’Emmanuel Macron » a annoncé, mardi
matin aux « Echos », le patron de l’IHU Méditerranée
Infection, tout en précisant qu’il ne démissionne pas.
En désaccord avec la politique de confinement , il mar-
tèle qu’il faut des moyens de dépistages massifs pour
détecter les cas suspects et traiter les patients positifs.
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