Les Echos - 25.03.2020

(Sean Pound) #1

Les Echos Mercredi 25 mars 2020 FINANCE & MARCHES// 27


de BNP Paribas. « Une fois la crise
passée, on ira aussi demander des pri-
mes, mais pas via le dispositif Pepa
[prime Macron, NDLR] , ni via la par-
ticipation aux résultats, qui risquent
de s’écrouler » , prévient déjà un
syndicat dans un autre grand
réseau bancaire. Le sujet n’est pas
encore jugé prioritaire par les
salariés eux-mêmes, préoccu-
pés par l es aspects de sécurité au tra-
vail. « Il faut aussi veiller à maintenir
la rémunération de ceux qui ne pour-
ront pas venir travailler en raison du
coronavirus », souligne Laetitia
Bresson, déléguée nationale Unsa
Banques Populaires.n

Le débat monte autour d’une prime

dans les agences bancaires

l Le Crédit Mutuel est favorable au


principe d’une prime pour ses salariés.


lChez BPCE, le principal syndicat


a mis le sujet sur la table.


lLe gouvernement avait appelé


les entreprises à faire un geste pour


les salariés « qui ont eu le courage


de se rendre sur leur lieu de travail ».


Edouard Lederer
@EdouardLederer


La banque dans le sillage de la
grande distribution? Le débat
monte, dans le secteur financier
pour savoir si une prime pourrait
être versée aux salariés sur le pont
pendant la crise du coronavi-
rus, comme viennent de l’annoncer
Auchan, Carrefour, ou Lidl, suivant
en cela les recommandations du
gouvernement. Le premier syndicat
du secteur bancaire, le SNB, s’est
emparé du sujet, et les banques



  • sans se prononcer de façon expli-
    cite – n’y ferment pas la porte.
    Crédit Mutuel Alliance Fédérale
    (qui regroupe 13 des 19 fédérations
    de Crédit Mutuel ainsi que le CIC)
    confirme ainsi que ses salariés béné-
    ficieront d’une « prime de mobilisa-
    tion »,
    sans en révéler encore le mon-
    tant ou les modalités, dans l’attente
    d’un mode d’emploi plus précis de
    Bercy. Chez BPCE, le principal syndi-
    cat du groupe met le sujet sur la
    table, ce mercredi, lors d’une réu-
    nion avec la direction. « La priorité,
    cela reste bien sûr la sécurité des sala-
    riés en agence, mais on commence à
    évoquer la prime, car on gère déjà
    l’après-crise. On pose des jalons
    »,
    détaille Frédéric Guyonnet, prési-
    dent d e la section nationale
    SNB - CFE-CGC Groupe BPCE.
    « Il est prématuré de se prononcer à
    ce stade
    », réagit d’ores et déjà le
    groupe BPCE, qui n’exclut – ni ne
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d’une prime. Si cette revendication
touche au premier chef le groupe
mutualiste, c’est que les négocia-
tions salariales obligatoires (NAO)
de 2020 y ont été rudes : les salariés
n’ont pas obtenu le versement d’une
« prime Macron » lors des négocia-
tions de branche. Au sein du groupe
mutualiste, seules deux Banques
Populaires avaient finalement acté
le versement d’une prime.

Cette requête intervient alors que
le gouvernement demande aux
Français de rester chez eux, mais
veut éviter un arrêt total de l’écono-
mie. Vendredi dernier, le ministre de
l’Economie, Bruno Le Maire, a ainsi
appelé les fédérations et les grandes
entreprises à récompenser ceux qui
« ont eu le courage de se rendre sur
leur lieu de travail », via une prime
défiscalisée pouvant aller jusqu’à
1.000 euros. Au-delà de Crédit
Mutuel ou de BPCE, l’idée d’une
prime pourrait donc faire tache
d’huile, mais sans doute dans un
deuxième temps. « D’abord sortons
de la crise et protégeons nos employés.
Le sujet de la prime, on le verra le
moment venu », explique Thierry
Laborde, directeur général adjoint

Au-delà de Crédit
Mutuel ou de BPCE,
l’idée d’une prime
pourrait faire tache
d’huile, mais sans
doute dans un
deuxième temps.

Afin que les banques puissent
encaisser les hausses prévisibles
d’impayés – voire de faillites
d’entreprises – provoquées par la
crise du coronavirus, les gendar-
mes bancaires desserrent rapide-
ment les contraintes réglementai-
res du secteur, en parallèle de
mesures spectaculaires de politi-
que monétaire.
Probable prochaine victime de
ce grand ménage : les nouvelles
normes comptables (IFRS 9), qui
devaient bouleverser la façon
dont les banques calculent les ris-
ques d’impayés. Ces règles restent
effectives, mais les gendarmes
bancaires s’emploient à en limiter
les effets sonnants et trébuchants.
Vendredi, le Comité de Bâle – le
lieu où se concerte tout ce que la
planète compte d’autorités ban-
caires – aurait évoqué un « possi-
ble assouplissement
» lors d’une
réunion, selon Reuters. Nulle
trace d’IFRS 9 dans le communi-


qué final p ublié vendredi, mais un
soutien aux assouplissements
déjà annoncés et la mise sur
« pause » de toutes ses consulta-
tions pour 2020.
Sans attendre, l’autorité britan-
nique de supervision (PRA) a
commencé à jouer une petite
musique. Avec les normes IFRS 9,
les b anques doivent calculer l e ris-
que qu’un prêt ne soit pas rem-
boursé, en se fondant sur des scé-
narios économiques qu’elles
établissent, et passer des provi-
sions en conséquence. Or, « étant
donné l’apparition soudaine du
virus, la PRA considère la prépara-
tion d e prévisions fiables et
détaillées comme très difficile
actuellement », a souligné ven-
dredi l’entité. Autrement dit : faire
des prévisions devient impossible
et l’application d’IFRS 9 tout
autant.
De son côté, « la BCE encourage
les banques à éviter les effets procy-
cliques excessifs lors de l’applica-
tion de la norme comptable inter-
nationale IFRS 9 », a-t-elle indiqué
vendredi. Elle conseille notam-
ment de privilégier des scénarios
de plus long terme dans leurs cal-
culs de risque... Une façon de
miser sur un rapide « retour à la
normale » et de tenir compte des
mesures de soutien à l’économie
prises par les Etats. Ces mesures

interviennent alors que la zone
euro a largement assoupli son
arsenal réglementaire ces der-
niers jours. La BCE a ainsi décidé
d’un allégement des besoins en
fonds propres de 120 milliards
d’euros, qui pourrait être uti-

lisé pour absorber les pertes ou
pour financer potentiellement
jusqu’à 1.800 milliards d’euros de
prêts. L’Union européenne et le
Royaume-Uni ont aussi reporté
les « stress tests ». Ces largesses
auront sans doute des contrepar-
ties, la distribution de dividende
se trouvant d e facto s ous p ression.
« L’utilisation des ressources en
capital » doit venir « soutenir l’éco-
nomie réelle et absorber les per-
tes », a expliqué vendredi le
Comité de Bâle. Un usage qui
« devrait être à l’heure actuelle
prioritaire sur les distributions
discrétionnaires ».— E. Le.

Les régulateurs desserrent encore


les contraintes sur les banques


La Banque d’Angleterre
comme la BCE tentent
de limiter l’impact des
nouvelles normes compta-
bles, plus sévères, qui
entrent progressivement
en vigueur. De son côté,
le Comité de Bâle a décidé
de mettre en sommeil
certains de ses travaux.
Ces largesses auront
sans doute des
contreparties,
la distribution
de dividende se
trouvant de facto
sous pression.


Chez BPCE, le principal syndicat du groupe met le sujet sur la table, ce mercredi, lors d’une réunion avec la direction.

Eric

Piermont/AFP
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