Les Echos - 25.03.2020

(Sean Pound) #1

36 // Mercredi 25 mars 2020 Les Echos


Amateur de volatilité, ABC Arbitrage
confirme sa résistance dans la tempête.

« Bis repetita placent. » Les choses répétées plaisent mais ce n’est pas
la seule raison qui pousse Dominique Ceolin, le patron-fondateur
d’ABC Arbitrage, à réitérer un objectif de 90 millions d’euros
de profit net sur les trois prochains exercices, le même qu’il y a trois ans.
Les investisseurs ne lui en veulent pas d’avoir manqué sa cible
d’une trentaine de millions d’euros à fin 2019. Ce grand fossé signe
en fait une « ambition d’excellence intacte » , valide dans toutes
les conditions de marché, et qui n’enlève rien à de bons résultats.
Ces derniers lui ont valu dans l’intervalle une surperformance en Bourse
de 25,6 %, dividendes réinvestis, sur les petites et moyennes valeurs
de l’indice CAC Mid & Small. La rentabilité élevée des fonds propres
de l’Astérix de la gestion alternative (12,8 % l’an dernier) ne fait pas pâlir
que le village gaulois du secteur. Elle relève de l’exploit quand il s’agit
de se battre contre les banques centrales. Ces Obélix des marchés
ont provoqué, en une décennie, deux fois plus de séances de mornes
plaines que pendant toute la trentaine d’années précédentes. L’arbitragiste
devra maintenant affronter l’infini vertigineux des politiques monétaires.
Le remboursement des primes d’émission, qui a gonflé la distribution
de coupons depuis deux ans, va cependant probablement toucher à sa fin,
les fonds propres étant désormais correctement calibrés. Sursum corda!

Le Grand Fossé


« Ad augusta per angusta? »
Entre les achats illimités de bons
du Trésor américain, de crédits
hypothécaires et l’intervention
sur les marchés primaires de la
dette d’entreprise – une première
historique –, les voies choisies
par la Réserve fédérale ne sont
pas étroites. Sa nouvelle politique
monétaire « all-in » va conduire
son bilan au-delà des
5.000 milliards de dollars, un
étiage dont se rapproche, en euros,
la Banque centrale européenne,
constate Alexandre Baradez. Mais
malgré un succès d’estime à Wall
Street (+ 7 % à l’ouverture mardi),
le responsable des analyses
marchés chez IG France n’exclut
pas que les Bourses mondiales
puissent connaître une purge
supplémentaire qui les amène,
comme par le passé, 50 % à 60 %
en dessous de leur dernier
sommet de février. La Serpe d’or
de la Fed ne fauche pas ce risque,
mais sème au moins les graines
d’un futur puissant rebond.

Le « no-limit » de la Réserve fédérale n’ôte pas tout risque de purge à Wall Street.
Cervoise triste

L’alcoolier Pernod Ricard éclaire mieux
les lanternes que le brasseur AB InBev.

L’ inconvénient avec le coronavirus, c’est que les avertissements
sur les résultats se succèdent à grande vitesse. L’avantage, c’est que ces
coups de Klaxons à répétition ne peuvent plus être considérés comme
des incivilités boursières. Si le point d’étape fourni par Pernod Ricard,
un mois après le précédent, a laissé son action à la traîne d’un rebond
général (+2,5 % et +6,5 % pour le CAC 40), c’est parce que les oracles
boursiers n’arrivent plus à suivre le rythme des mesures de confinement,
depuis que la Chine n’est plus seule concernée. Comme pour saluer
la transparence du fleuron marseillais, leur « consensus » se situait
donc dans le haut de sa précédente fourchette d’une légère croissance
(+2 à +4 %) du résultat opérationnel annuel à fin juin. Ce dernier est
désormais attendu en net repli (–20 %). Au moins, l’alcoolier est-il encore
capable de fournir des chiffres, à la différence du brasseur Anheuser-
Busch InBev. Considéré comme plus sensible aux fermetures des bars,
pubs et restaurants que ses rivaux directs, il perd ainsi le caractère
défensif volontiers attribué à ce segment des boissons au regard
de celui des spiritueux, moins à même de se rattraper avec les ventes
à domicile et plus sujet aux mouvements de stock des clients. Personne
n’en doute néanmoins, c’est surtout le niveau d’endettement du fleuron
belge, plus élevé que la moyenne, qui explique sa triste dégringolade
(–45 %). Il n’a rien dit de plus sur ses finances et sur son dividende.

// Budget de l’Etat 2020 : 39 9,2 milliards d’euros // PIB 2019 : 2. 47 9,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10 ,15 euros à partir du 01-01-202 0
// Capitalisation boursière de Paris : 1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique : 2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

=
Les chiffres de l’économie

La Serpe d’or


crible


EN VUE


Bill de Blasio


I


l vivrait, se moque-t-on, sur un
fuseau horaire très personnel, le
« De Blasio time ». N’empêche, si
le maire de New York est toujours
en retard, sa ville n’a, hélas, pas tardé
à se mettre à l’unisson du reste de la
planète. Avec près du tiers des cas
américains de coronavirus, « Big
Apple » est désormais l’épicentre
américain de l’épidémie. Pendant
que Donald Trump, lequel a décidé-
ment décollé du réel, parle d’un
retour aux affaires pour « très bien-
tôt » , De Blasio demande que les
mesures restrictives déjà prises
par New York soient étendues à
tout le pays. Là-bas aussi la chasse
aux respirateurs et aux masques est
ouverte, les entreprises privées invi-
tées à se secouer. Il faudra aussi aider
les restaurateurs menacés de faillite.
Cet interventionnisme ne risque
pas de choquer Bill, démocrate de
gauche, catalogué « progressiste

notoire ». A vingt-six ans, chevelu
fumeur de hasch, il soutenait les san-
dinistes, sa femme a été mariée à une
lesbienne féministe de gauche par
deux pasteurs gays et a passé sa lune
de miel à Cuba. La totale. En novem-
bre 2013, avec 73 % des suffrages, il a
mis f in à vingt a ns de pouvoir républi-
cain ou quasi républicain. Ses mesu-
res de gratuité des maternelles et sa
carte d’identité municipale donnant
des p apiers à ceux qui n’e n avaient pas
ont été très appréciées. Plus que sa
présence à son club de gym lundi der-
nier! Avec 1,95 mètre, le plus grand
maire de New York doit, raconte
« Rolling Stone », se contorsionner
pour se caser dans des fauteuils tou-
jours trop petits pour lui, semblant
ainsi prendre des postures de yoga.
Il a intérêt à rester zen.

(


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Le CAC au-dessus des 4.000 points



  • La^ Bourse de Paris a clôturé mardi
    l’une de ses meilleures séances de la
    décennie. L’indice CAC 40 a gagné
    8,39 % à 4.242,70 points. La veille, il
    avait terminé en baisse de 3,39 %.
    Les autres places européennes ont
    également enregistré des hausses
    spectaculaires. Le DAX allemand
    s’est envolé de près de 11 %, alors que
    le FTSE londonien a pris près de
    7,5 %.
    Les investisseurs ont été rassurés
    par les injections massives de liqui-
    dités annoncées la veille par la
    Réserve fédérale et par l’espoir
    d’une relance budgétaire sans pré-
    cédent aux Etats-Unis, qui pourrait
    avoisiner les 2.000 milliards de
    dollars. La faiblesse record des


indices PMI publiés dans la matinée
n’a pas freiné le rebond.
Les secteurs a utomobiles,
miniers, pétroliers et de l’assurance
ont tous enregistré d es gains de 15 %
ou plus, la grande majorité des
valeurs du CAC 40 terminant en
forte hausse. Safran a inscrit la
meilleure performance de l’indice
avec une hausse de 20,93 %, devant
ArcelorMittal (+18,56 %), AXA
(+17,56 %) et Renault (+17,53 %).
Pernod Ricard a également profité
de la remontée générale (+3,61 %),
en dépit de l’annonce d’une chute
attendue de son bénéfice d’exploita-
tion annuel.
En dehors du CAC 40, CNP Assu-
rances a bondi de 22,34 %.
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