Libération - 21.03.2020

(Marcin) #1

22 u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Samedi 21 et Dimanche^22 Mars 2020


Rone
Babel
Pour son retour, un des producteurs
phares de la scène électronique
française s’associe avec les danseurs
de (La) Horde. Ceci est donc un
extrait de la bande-son du spectacle.
Comme une grosse montée, mentale,
lumineuse. Au bout, les étoiles.

Gorillaz
Désolé feat. Fatoumata Diawara
Encore une petite merveille pop
dispensée par le stakhanoviste
Damon Albarn, en compagnie de la
formidable chanteuse malienne.
Pourtant l’influence est autant latine
qu’africaine. Le sens de la mélodie
ne connaît pas les continents.

playlist


P


eut-on être fan et mu-
s i c i e n e n m ê m e
temps? On laissera à
d’autres le soin de
faire une thèse sur le sujet, nous li-
mitant à présenter cinq groupes qui
ont choisi de se nommer en hom-
mage à leur groupe préféré.

1 Hey Hey My My
Neil Young
Hey Hey, My My
La célèbre chanson de Neil Young
que Kurt Cobain cita avant de partir
existe en deux versions, l’une acous-
tique et l’autre électrique. C’est ce
qui a inspiré les deux Julien, Gaulier
et Garnier, quand ils ont lancé leur
duo Hey Hey My My (sans virgule
contrairement à Neil Young). Après
un premier album plutôt folk
en 2007 et un deuxième beaucoup
plus rock en 2010, ils ont fait le choix
du milieu avec un très attachant dis-
que pop qui sort ces jours-ci. Anti-
dote à l’air du temps «autotuné» ou
«synthépopisé», ­British Hawaii et
ses mélodies antidéprime qu’on
chante sous la douche a tout pour
réjouir les fans des Beatles, ten-
dance McCartney. Chantant en an-
glais, sans cynisme ni la moindre

singerie des années 80, Hey Hey My
My est en complet décalage avec son
époque. Mais il fait de cette faiblesse
une grande force.

2 Radio Birdman
The Stooges 1970
Quel brûlot! Il y a cinquante ans pa-
raissait le furieux album Fun House
des Stooges. Premier chef-d’œuvre
punk, mais pas que... puisque les
envolées déchaînées de Steven Mac­-
Kay au saxophone l’emmenaient
aussi du côté des rivages agités de la
révolution free-jazz. Tout comme la
bande d’Iggy Pop, Deniz Tek, cofon-

dateur de Radio Birdman, a grandi
à Ann Arbor près de Detroit. Mais
en 1971, le guitariste part suivre des
études de médecine à Sydney, en
Australie, où il forme, trois ans plus
tard, le mythique Radio Birdman
avec un copain, le chanteur Rob
Younger. Un nom tiré des paroles de
la chanson 1970 des Stooges. Enfin,
sur le papier. Car les deux amis ont
mal compris le texte qui n’était pas
retranscrit sur la ­pochette (et évi-
demment pas trouvable alors sur un
Internet quelconque). C’est ainsi
qu’au lieu d’entendre Iggy psalmo-
dier «radio burnin’up above», ils

comprennent «radio birdman»... On
peut donc toujours fonder un
groupe dénommé Radio Burnin’.

3 Flume
Bon Iver Flume
Sur le papier, pas trop de rapport en-
tre le jeune producteur australien,
artisan d’une electro très pop et fu-
tile louchant sur l’EDM, et le projet
folk neurasthénique de Justin Ver-
non. Pourtant Harley Edward Stre-
ten est un grand fan de Bon Iver et,
au moment de se trouver un nom de
scène, c’est très logiquement qu’il a
choisi sa chanson favorite de l’Amé-

ricain. Nous sommes en 2011, il est
âgé d’à peine 20 ans. Mais Harley est
déjà un vieux routier, car il a dé-
marré les compositions à 11 ans, en
utilisant un logiciel de production
offert dans une boîte de céréales.
Chocapic, Miel Pops, Frosties, voire
Coco Pops, les avis divergent sur le
type de gourmandises qu’il aimait
s’enfourner le matin. Mais peut-être
que cette orgie de sucreries, point
trop n’en faut, l’a conduit à s’intéres-
ser à l’univers brut dépourvu de
toute trace de glucose d’un Bon Iver.
Dommage que musicalement cela
ne l’ait pas plus influencé.

4 Radiohead
Talking Heads
Radio Head
Psycho Killer, Once in a Lifetime,
Born Under Punches, I Zimbra, Bur-
ning Down the House... c’est une
certitude, les plus grandes chan-
sons des New-Yorkais ne sont pas
vraiment la matière idéale pour y
dénicher un nom de groupe. Alors
pourquoi ne pas aller vers des com-
positions moins connues? Sans
doute la réflexion conduite par
Thom Yorke et sa bande lorsqu’ils
signent en 1991 avec EMI. Ils s’ap-
pellent alors On a Friday parce
qu’ils ont l’habitude de répéter ce
jour-là. Le nom ne plaît guère au la-
bel (on les comprend) qui leur de-
mande d’en changer. Un peu pris de
court, les jeunes gens d’Oxford
choisissent donc cette chanson ex-
traite de True Stories (1986), l’avant-
dernier album des Talking Heads,
pas vraiment leur meilleur. Aucun
doute, les Radiohead sont bien plus
inspirés lorsqu’ils composent. On
ne peut pas être mauvais partout.

5 The Killers
New Order Crystal
Septembre 2001. Revenu d’une de
ses batailles d’ego dont il a le secret,
New Order publie son premier al-
bum en huit ans. Le single Crystal,
de haute tenue, précède de quinze
jours la sortie de ce septième long
format et sa vidéo tourne en boucle.
Réalisé par Johan Reck (qui plus
tard dirigera des épisodes de Brea-
king Bad ou The Walking Dead), le
clip met en scène un groupe juvé-
nile en train de «jouer» Crystal sur
une scène vide. Brandon Flowers et
Dave Keuning n’en perdent pas une
miette et repèrent lors d’un plan fu-
gace sur la batterie le nom du faux
groupe en train de se produire. Les
deux natifs de Las Vegas, qui s’ap-
prêtent à présenter leurs premières
démos adoptent le patronyme de
The Killers. Trois ans plus tard, la
bande fait un triomphe avec Some-
body Told Me et son premier album,
Hot Fuss. Depuis, ça s’est gâté.
Alexis Bartier

Ils ont trouvé leur nom dans le texte


d’une chanson.


Groupes


de paroles


Le duo Hey Hey My My (en h. à g.) sort un troisième album aux mélodies antidéprimes. Photos Stéphane Manel,TOM SHEEHAN et DR

Cinq sur Cinq


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