Libération - 21.03.2020

(Marcin) #1

Libération Samedi 21 et Dimanche 22 Mars 2020 u 23


Louis-Jean Cormier
100 mètres haies
Cavalcade de cordes, déferlement de
cuivres, avalanche de percussions.
Trop, c’est vraiment trop? Pas
vraiment. La pop luxuriante et assez
délirante de ce chanteur québécois,
ex-Karkwa, est parfaitement maîtrisée.
L’album est du même tonneau. Valable.


Young Guns Silver Fox
Kids
Associé depuis 2015 avec le chanteur
Andy Platts, sous le nom de Young
Guns Silver Fox, l’Américain Shawn Lee
réinvente le son West Coast de la fin des
années 70. Extrait de leur troisième
album ce Kids enchantera les fans
de Steely Dan et de Fleetwood Mac.

Thousand
Mon dernier voyage
On pense souvent au Bashung de
Roulette russe ou Pizza en écoutant
Stéphane Milochevitch alias Thousand.
Cet envoûtant voyage est extrait
du quatrième album de cette figure
de la chanson underground, qui grimpe
lentement mais sûrement les échelons.

Retrouvez cette playlist et
un titre de la découverte
sur Libération.fr en parte-
nariat avec Tsugi radio

Sur son nouvel album,
la Franco-Israélienne
compose un autoportrait
fragile en douze chansons.


J


usqu’à aujourd’hui, si seul son vi-
sage apparaissait sur les visuels de
ses albums, tous, de Yael Naim
(2007) à Older (2015), étaient con-
çus en binôme avec l’indis-
pensable allié David Dona-
tien. Le délicat Nightsongs
marque une cassure : Yael
Naim l’a écrit sans le renfort
de son complice habituel,
avec l’envie de s’y exposer à
l’approche de la quarantaine.
Ainsi, ce bouquet de chan-
sons qu’elle a enregistrées
dans le silence de la nuit – le
titre de l’album ne ment pas –,
elle l’a envisagé comme une
myriade de petits miroirs composant un au-
toportrait fragile.
Baignant dans une même ambiance crépus-
culaire – loin donc de la pop de New Soul qui
l’a révélée –, les douze morceaux réunis ici
ont l’allure de confidences soufflées à
l’oreille. La Franco-Israélienne a opté pour
le dénuement, l’épure : des notes de piano
solitaires et des arpèges de guitare l’accom-
pagnent dans son entreprise cathartique.


Parfois, des cuivres (She) la rejoignent ou
l’ensemble vocal Zene qui, davantage habi-
tué aux répertoires baroque et romantique,
apporte de la majesté et de la profondeur à
l’album.
Cet écrin, à la fois minimaliste et précieux,
stimule Yael Naim qui reste émouvante sans
tomber dans le pathos ou l’impudeur. D’en-
trée, elle semble pourtant fendre l’armure
comme jamais avec Daddy, bel hommage
à son père qui sonne comme
une berceuse adressée au dis-
paru. Menée par une simple
guitare acoustique, The Sun
montre qu’il lui en faut peu
pour rendre mémorable et en-
têtante une mélodie. Plus
loin, associant rimes en fran-
çais et en anglais, Miettes re-
nouvelle le discours amou-
reux pop en moins de trois
minutes tout comme les
Trous, qui débute sur une
étrange déclaration : «Je ne suis pas assez
forte pour être ton pansement.»
Résumé de toutes les émotions qui ont tra-
versé la chanteuse, A Bit of fait figure de gé-
nérique final d’une entreprise de mise à nu
envoûtante pour qui aime se perdre dans
les pensées, les souvenirs et les rêves. Non,
Yael Naim ne restera pas seule avec ses
chansons.
Vincent Brunner

In the Yael Naim of love


Yael Naim Nightsongs
(Tôt ou Tard)

L


a face cachée de
l’iceberg. Dans sa
contemporaine
énormité (on a
failli écrire «monstruosité»),
la dimension dancefloor des
musiques électroniques a
tendance à balayer à grands
coups de BPM tous ses autres
aspects. C’est pourtant loin
des autoroutes du beat et des
grands-messes les mains en
l’air qu’elles s’avèrent sou-
vent les plus passionnantes.
Ce qui ne signifie pas qu’il est
impossible de se trémousser
en les écoutant.
On en tient un bel exemple
avec les productions de la
fort douée Romane Santa-
relli. En les entendant, on a
envie de se lancer dans une
danse un peu gauche, aux
gestes lents et saccadés,
comme si leur douce puis-
sance nous absorbait dans
une brumeuse faille spatio-
temporelle. Il n’est pas inter-
dit de penser aux saillies sa-
vantes d’un Rone ou d’un Jon
Hopkins, en un peu moins
cérébrales et un peu plus
jouissives.
Après une première vie sous
pseudo Kawrites, la jeune
femme de Clermont-Ferrand
(plus connue comme terre
de rock que comme foyer
techno) ose enfin apparaître
à visage découvert sur son
EP Quadri. Sa musique, qui

frissonne et respire à pleins
poumons, met le cap vers des
horizons poétiques et futu-
ristes. Au détour de quelques
somptueuses cavalcades
échevelées (Ariel 2000), on
songe à Tangerine Dream de
la période Stratosfear (1976),
leur meilleure, les synthés
poussés à toute berzingue.
Egalement capable de pro-
duire seule derrière ses ma-

chines des lives survoltés,
comme à Rennes lors de la
dernière édition des Bars en
Trans, Romane Santarelli
abat les frontières entre le
club et le salon. Tous ensem-
ble, tous ensemble! (Enfin,
séparément pour l’instant.)
Patrice Bardot

Quadri EP
disponible en streaming.

Vivi Hmwk

Romane Santarelli


Poétesse techno


On y croit La découverte


Julien Mignot

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Blue (1971)
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pouillées, sentimentales et
semi-autobiographiques
créent une intimité. Avec
les décennies, Blue est de-
venu un modèle indépas-
sable d’album confession.


Kate Bush
Hounds of Love (1985)
Ce cinquième album con-
tient certains de ses plus
gros tubes (Running Up
That Hill) et puis il y a la
voix, capable, comme celle
de Yael Naim, de gravir les
octaves à grande vitesse.

Keren Ann
Nolita (2004)
Une chanteuse inclassa-
ble dont la voix permet
les acrobaties stylistiques.
Née en Israël, d’origine
néerlandaise et française,
Keren Ann se balade entre
les cultures et les langues.

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