Libération - 08.04.2020

(WallPaper) #1

26 u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Mercredi 8 Avril 2020


culture/

3 Avec Beethoven
Laissez tomber, même confinés dans
une cave sibérienne vous n’échapperez pas
aux commémorations des 250 ans de la nais-
sance de Beethoven. Ce coup-ci, l’initiative
vient de Dijon, avec la diffusion, les mardis et
jeudis, de l’intégrale des symphonies par les
Dissonances. Cet ensemble, en résidence à
l’Opéra de Dijon, se place à la frontière du
chambriste et du concertant, et s’empare
d’œuvres vastes interprétées sans chef, n’était
leur fondateur, le charismatique gourou vio-
loniste David Grimal. Histoire d’enfoncer le
clou, les enfants peuvent participer à des ate-
liers Beethoven virtuels, mais on peut aussi
les laisser respirer à la fenêtre. Côté lyrique,
pour ceux qui voudraient parfaire leur histo-
rique des productions dijonnaises, sont diffu-
sés des opéras chaque samedi à 20 heures, ce
11 avril, l’Orfeo de Monteverdi mis en scène
par Yves Lenoir. G.Ti.
http://www.opera-dijon.fr/fr/l-opera-de-dijon-
vous-invite-chez-vous

4 Avec des cinéphiles
Les happy hours et autres opérations
open bars se poursuivent sur les sites payants
pour la durée du bouclage sanitaire, et ne se
contentent pas de donner accès à la culture
en tranches dans sa formule «tapas». L’un des
buffets les plus affriolants de ces derniers
jours offre la possibilité de se plonger libre-
ment et gratuitement (le temps du confine-
ment) dans les entretiens filmés long format
de l’émission Dans le film sur le site Hors-Sé-
rie, présentée par notre consœur Murielle
Joudet (le Monde, les Inrocks) en dialogue, à
chaque épisode thématique, avec un confrère.
Les critiques s’adonnent à de longues paren-
thèses réflexives, très riches, sur un film ou
l’œuvre entière de cinéastes. On y chausse des
lunettes de théoricien pour aborder la lé-
gende urbaine de Batman, et on se coltine la
question de la violence dans les films de Scor-
sese sans se hâter, en laissant tourner la mon-
tre. Plus que jamais, rien ne presse. S.O.
http://www.hors-serie.net/

5 Avec des vibrations
«Un dialogue entre des rêveurs.» D’un
côté du combiné, Floating Points, dont le der-
nier album d’electronica jazzy, smart et in-
tense, nous avait passablement ravis ; de l’au-
tre, nous autres confinés lambda, accrochés
à nos devices en quête ininterrompue, même
la nuit, d’art apte à nous contredire ou nous
accompagner dans nos plus sévères accès de
malaise eschatologique. Et dans le tuyau, un
vrai beau mix du DJ anglais, enchaînant seize
diamants de chanson cosmique ou folk en-
robé d’étoffes symphoniques, dénichés dans
autant de raretés méconnues ou réédités du
jazz, de la soul et de la musica popular brasi-
leira – Flora Purim, Susan Pillsbury, Steve
Kuhn... – qui ravira autant les chercheurs de
gemmes que ceux qui n’ont plus un CD à la
maison. Car la vibration est bonne et l’inten-
tion de remonter le moral, fervente – connec-
tez-vous y donc, par exemple, au réveil après
un cauchemar, voir ce que ça répare. O.L.
https://soundcloud.com/floatingpoints/

En guerre contre l’ennui :


des strips, des robots ninjas


et des symphonies virtuelles


Chaque jour de la semaine,
«Libération» vous propose
une sélection culturelle
adaptée à la vie en
confinement, en attendant
la capitulation du Covid-19.


2


1


1 Avec des feutres
Jeff Mahannah se décrit comme «une
belle personne gentille et douce qui boit du
soda de temps à autre et apprécie le football
américain». A en croire les BD dévergondées
qu’il publie assidûment sur son compte Insta-
gram, sans doute faut-il dissocier l’homme de
son œuvre. A grand coups de feutres aux cou-
leurs pétantes, l’artiste flingue en effet les
produits dérivés du rêve américain. Sitcoms
à l’eau de rose, fast-food, centres commer-
ciaux, surfeurs bodybuildés, superflics, voilà
la matière première de ses strips surréalistes
où les pires obscénités se muent toujours in
extremis en un ultime happy-end grinçant.
Jeff Mahannah est porteur d’un message d’es-
poir : quand il pleut sur le monde, songez que
l’arc-en-ciel n’est jamais loin – et qu’il sort
tout droit de la bite d’un leprechaun. M.K.
http://www.instagram.com/jeffmahannah/


2 Avec des monstres
Des Vénusiens à tête de chimpanzé
vous balancent des rayons laser depuis une
moto, vous les évitez de justesse et vous trans-
formez en robot ninja quand surgit un cy-
clope hurleur qui vole en éclats, désintégré
par un vaisseau spatial en forme de pneu pi-
loté par cinq enfants et un réveille-matin
­géant (mais farceur) : pas d’erreur, vous êtes
dans un tokusatsu, une série télé japonaise
pleine de monstres protéiformes et d’explo-
sions aberrantes dont les héros se nomment
Guruguru, Robotack, Laserion ou Masked Ri-
der. Créés au Japon dans les années 60 dans
la foulée du succès de Godzilla par la major
Toei, les tokusatsus ont fait main basse sur le
monde, s’imposant dans les années 80
comme un élément incontournable de l’ima-
ginaire et de la culture populaire. Toujours
prolifique, le genre est désormais à l’honneur
via une chaîne YouTube gratuite lancée lundi
par la Toei. Démarrant avec plus d’une cen-
taine de références, elle sera mise à jour régu-
lièrement et permettra de revoir les épisodes
de séries importées en France comme X-Or
et San Ku Kaï ou de découvrir des merveilles
méconnues comme la très vintage National
Kid ou le délirant Robot 8-Chan. L.J.B.
http://www.youtube.com


Jeff Mahannah

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DR

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Gilles Abegg. Opéra de Dijon

Courtesy of Ishimori Production & Toei
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