Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1

Les Echos Vendredi 3 et samedi 4 avril 2020 HIGH-TECH & MEDIAS// 25


ASSEMBLÉEGÉNÉRALEMIXTEDEREXEL


La société Rexelinforme ses actionnairesde l’ajournement de son
Assembléegénéralemixte initialementconvoquée le 23avri l2020à10h30
auChâteauform’CityGeorgeV,28 avenueGeorgeV, 75008Paris.
Le Conseil d’administrationaarrêté la date de l’Assemblée générale au
25 juin 2020à10heures.

Les modalités de participationàladite Assemblée générale seront
précisées ultérieurement et tiendront compte des impératifs sanitaires et
légaux en vigueur.
Les documents etrenseignements concernant cette Assemblée générale
seront tenusàladisposition des actionnaires sur le sitewww.rexel.com
et seront communiqués dans les conditions prévues par la réglementation
et la loi en vigueur.

Pour toute question :
Documentation disponible sur le site :
http://www.rexel.com, rubrique:Assemblée générale

AVIS FINANCIERS

Propos recueillis
par Ni colas Richaud
@NicoRichaud

« Une semaine avant le début
du confinement en France,
nous avons abordé le sujet pen-
dant u n comité de direction. Les
retours de nos équipes en Italie
et en Chine nous ont fait com-
prendre à quel p oint l a situation
se dégradait et on a décidé de
faire un test de télétravail à
grande échelle pour tous les
salariés du groupe le temps
d’une journée.
Le soir même, on leur a
envoyé u n mail. D eux j ours p lus
tard, le jeudi 12 mars, personne
n’a eu le droit de se rendre au
bureau et les collaborateurs ont
pu voir ce qui leur manquait :
des petits trucs comme un
deuxième écran d’ordinateur.
Nous avons aussi compris qu’il
fallait stocker des PC portables
chez une personne du départe-
ment IT pour les faire livrer aux
nouvelles recrues qui allaient
nous rejoindre, vu qu’on va
poursuivre nos embauches.

Des augmentations
maintenues
Le vendredi soir, nous avons
fermé tous nos bureaux par-
tout dans le monde. On a mis
plus de 1.300 personnes en télé-
travail dans 45 pays en 48 heu-
res. Pour l’instant, hormis quel-
ques bricoles, tout se déroule
bien et tout le monde est hyper-
impliqué.
Nous avons vite rassuré les
salariés en leur disant qu’il n’y
aurait pas d e chômage partiel et
que les augmentations étaient
maintenues. Après, nous som-
mes solides financièrement et
on a de la trésorerie pour voir
venir, ça change beaucoup de
choses. Dans le pire des scéna-
rios, notre croissance organi-
que de chiffre d’affaires sera de

Denis Ladegaillerie,
le patron du groupe
français Believe,
spécialisé dans la
distribution numérique
de la musique, raconte
comment lui et ses
équipes s’organisent
pour travailler et rester
efficaces, entre les petits
détails d’organisation
et les grands messages
à faire passer aux artistes
avec qui la société
travaille.

fondateur et DG d’Epic Games, l’édi-
teur du jeu vidéo à succès Fortnite,
qui se rémunère sur des actes
d’achat à l’unité [le jeu est téléchargea-
ble gratuitement, p uis les joueurs peu-
vent acheter des bonus payants à
l’intérieur du jeu, NDLR]. L’écosys-
tème de la vidéo à la demande est en
effet loin d’ê tre le seul concerné.
Ni Amazon ni Apple n’ont donné
tous les détails. « Apple a un pro-
gramme établi pour des fournisseurs
premium de vidéos de divertissement
par abonnement pour offrir une
variété de bénéfices clients », a expli-
qué à Bloomberg la société de Tim
Cook. Le programme serait accom-
pagné de facilités d’intégration. Le
lancement s’est fait discrètement
car Canal+ en bénéficierait depuis
2018, et Altice One, un service vidéo
par le cloud de la filiale américaine
d’Altice, depuis février.

Toute la question est désormais
de savoir si Apple va élargir cette
facilité à d’autres. « Il y a déjà des
exceptions pour des applis comme
Uber ou Deliveroo et j’ai déjà entendu
parler de conditions préférentielles
pour d’autres achats “in-app” [à
l’intérieur de l’application, NDLR] »,
précise un lobbyiste européen.

Epic Games « solidaire »
des développeurs
Tim Sweeney, en croisade contre
ces 30 % et déjà en situation de boy-
cott du Play Store, a immédiatement
évoqué ce sujet : « Il est vital que les
plateformes de smartphones fournis-
sent des termes ouverts et uniformes
à tous les développeurs. Compte tenu
des revenus des stores, il y a une
immense pression [de leur part] pour
diviser et conquérir par des deals
signés en douce. [...] Epic sera ferme-

ment solidaire de tous les déve-
loppeurs [...] sur iOS et Google Play et
n’acceptera pas de passe-droit seule-
ment pour lui-même. »
L’autre question est de savoir si
Apple pourrait élargir son pro-
gramme au-delà des achats à l’acte.
Spotify a saisi les autorités de la
concurrence européennes afin
qu’A pple ne prélève pas 30 % de son
abonnement mensuel lorsqu’un
mélomane souscrit à Spotify par le
biais de son a pplication pour iPhone
ou iPad. La firme suédoise explique
qu’elle est contrainte d’augmenter
son prix pour compenser cette c om-
mission et reproche à Apple de ne
reverser aucun argent de cette com-
mission à l’industrie de la musique.
Début 2019, Netflix s’était, de son
côté, émancipé de l’App Store,
empêchant ses abonnés de sous-
crire via l’écosystème Apple.n

Ni colas Madelaine
@NLMadelaine

Apple est-il en train de revoir la poli-
tique commerciale de son magasin
d’applications en ligne, et de se pré-
parer à faire les concessions que
demandent les éditeurs et déve-
loppeurs depuis des années? En
tout cas, a révélé Bloomberg, Ama-
zon Prime Video a réussi, aux Etats-
Unis, au Royaume-Uni et en Allema-
gne, à vendre et mettre en location
des films et séries à l’unité à l’inté-
rieur de son application iOS (le
système d’exploitation d’Apple) en
utilisant son propre système de
paiement, apparemment sans
reverser une commission de 30 %
(15 % après un an d’inscription de
l’abonné) à la firme à la pomme.
L’information s’est répandue sur
les réseaux sociaux comme une
traînée de poudre tant le bras de fer
entre l es puissants magasins
d’applications, celui d’Apple mais
également celui de Google (le Play
Store), et les créateurs d’applica-
tions est tendu. Les stores peuvent
effectivement propulser des appli-
cations inconnues à des niveaux de
succès inespérés si elles devaient se
vendre seules. Mais le contraire est
aussi vrai et, surtout, les déve-
loppeurs estiment qu’ils se font rac-
ketter. Pour certains analystes,
Apple, en relâchant sa politique,
veut peut-être préempter des accu-
sations d’abus de position domi-
nante. En tout cas, il lui sera difficile,
espèrent certains, de ne pas désor-
mais généraliser cette décision.

Facilités d’intégration
« Bravo à Apple pour leur décision
d’aller vers plus d’ouverture de l’App
Store iOS à davantage de concurrence
dans le paiement, et bravo à Amazon
pour le lancement de la première
appli qui intègre un système de paie-
ment de biens numériques sur iOS
fourni par le développeur », a immé-
diatement réagi Tim Sweeney, le

Amazon Canal+ et Altice
USA ont pu vendre des
vidéos à l’unité dans leur
application iOS avec leur
propre système de paiement,
et donc sans payer la très
décriée commission de 30 %.
Une concession qui remplit
d’espoir les développeurs.

Apple peut-être prêt à d’importantes


concessions aux éditeurs d’applications


Pa rticipations (Dargaud, Dupuis...),
numéro un européen de la BD. Un
chiffre sur lequel s’aligne Vincent
Monadé, le président du Centre
national du livre (CNL).

Report de 5.236 nouveautés
A la suite de la fermeture des librai-
ries et du confinement général, les
maisons d’édition ont très vite réagi,
décalant, dans les dix jours suivant
l’annonce du confinement, la paru-
tion de 5.236 nouveautés et nouvel-
les éditions prévues entre fin mars
et fin juin. « Tous les éditeurs ont dû
revoir leur programme car c’est
impossible de simplement décaler un
ouvrage prévu pour fin mars, avril ou
mai – période traditionnellement
réservée aux essais et aux nouveau-
tés – à l’été, où les lecteurs sont à la
recherche de livres distrayants, et
encore moins en septembre, grand
moment de la rentrée littéraire,
ajoute Claude de Saint-Vincent.
Mais reprogrammer constitue un
véritable exercice d’équilibrisme... »
Parmi les nouveautés,
2.498 titres, soit un peu moins de la
moitié du total (47,7 %), ont été
alors reportés à une nouvelle date,
dont 1.068 en mai (42,7 %), 572
en juin (22,9 %), 233 en juillet

demandes », explique son patron,
Renny Aupetit. Surtout, la vente en
ligne de livres électroniques explose
avec des hausses d’activité compri-
ses entre 75 % et 200 % (source
« Livres Hebdo »).
« Sur FNAC.com, nous avons
relevé une croissance moyenne de
130 % des téléchargements d’e-books
depuis le 16 mars, assortie d’une mul-
tiplication par deux des ventes de
liseuses », explique-t-on chez le dis-
tributeur. De quoi s’interroger sur
l’évolution à venir de la part de
marché de l’e-book, qui stagnait jus-
qu’ici à 6 %, mais pourrait enregis-
trer une subite hausse grâce à l’épi-
démie de coronavirus.
Il est vrai que les acteurs du sec-
teur relèvent leurs manches et
s’organisent, à l’image de l’indépen-
dant Albin Michel, qui, le 30 mars, a
décidé de mettre en ligne, à des prix
proches de celui d’un Poche, les
grands romans de sa rentrée litté-
raire de septembre 2019, comme
« Soif » d’Amélie Nothomb (à
12,99 euros) et « Le Bal des folles » de
Victoria Mas (à 9,99 euros). Un pari
suivi également par certaines filiales
de Hachette et de Madrigall. Et un
secteur en voie de mutation, effet
collatéral inattendu du Covid-19.n

Le secteur du livre se bat pour résister


à la pandémie


Véronique Richebois
@VRichebois

Plus de 5.000 titres décalés... Un sec-
teur de l’édition qui s’installe pro-
gressivement dans le chômage par-
tiel... Des achats qui ont chuté
brutalement de près de 50 % la
semaine suivant le confinement...
Mais aussi une explosion des ventes
de livres numériques. Bousculé, fra-
gilisé par la violence de l’épidémie, le
marché du livre continue de se bat-
tre. « Jusqu’au 16 mars, nous étions
dans une situation assez stable par
rapport à 2019. Mais la semaine 12 qui
a suivi la décision de confinement, le
secteur a dû encaisser une perte de
chiffre d’affaires de 32 millions
d’euros », selon l’institut GfK. « Si l’on
continue sur cette tendance hebdoma-
daire, nous risquons de perdre entre
40 et 60 % de notre chiffre d’affaires
sur l’année », estime Claude de Saint-
Vincent, directeur général de Média

Po ur contrer l’effet négatif
du confinement et des
fermetures de librairies,
les éditeurs s’organisent,
tandis que les ventes en ligne
connaissent une hausse
comprise entre 75 % et 200 %.

(9,3 %), 230 en août (9,2 %), 205
en septembre (8,2 %), selon « Livres
Hebdo ». Parmi les premiers
concernés, les romans, les livres
jeunesse, la BD et les mangas.

A compter de là, un certain nom-
bre de grands éditeurs se sont ins-
tallés dans le chômage partiel, à
l’image d’Actes Sud, de certaines
filiales de Média Participations ou
de Madrigall (Gallimard, Flamma-
rion...), qui a mis à l’arrêt la quasi-
totalité des services – dont la diffu-
sion, la distribution, les cessions de
droits ou encore les partenariats.

Explosion des ventes
de livres électroniques
Mais des signaux positifs sont


  • aussi – au rendez-vous, avec
    notamment des commandes en
    forte croissance chez Lalibrai-
    rie.com, qui « livre près de
    2.400 livres au quotidien. Nous avons
    même du mal à faire face à l’afflux des


Un certain nombre
de grands éditeurs
se sont installés dans
le chômage partiel.

Tim Cook, le patron d’Apple, devant une projection de l’App Store. Phot o Marcio Jose Sanchez/AP/Sipa

« Je m’oblige à


décrocher à 20 heures


tous les soirs »


25 % en 2020, contre 40 % pré-
vue auparavant.
Le vrai défi, maintenant, ça
va ê tre d ’accompagner nos sala-
riés si cette période dure six ou
sept semaines, voire plus. Nous
proposons des séances indivi-
duelles en ligne avec un psycho-
logue. Après les attentats du
13 novembre, nous avions fait
intervenir une docteure spécia-
lisée dans les traumatismes et
elle m’avait dit que c’était
important de se confier immé-
diatement : « Vous ne savez pas
à quel point ça aide les gens dans
la gestion de l’après. »
De mon côté, j’ai pris un nou-
veau rythme. Je me lève à
6 heures pour bosser tout seul
deux ou t rois heures. A partir d e
9 heures, c’est le début des réu-
nions. Je fais une vingtaine de
visioconférences sur Teams
chaque jour. J’essaie de parler
avec tous les managers par
région géographique, même si
c’est juste 5 minutes, histoire de
prendre le pouls sur place.

Je ne parle pas directement
aux artistes mais je briefe les
managers sur les messages à
leur faire passer : « Dites aux
artistes très digitaux de ne pas
reporter leur sortie d’album »,
« Aidez-les à développer des
campagnes sur les réseaux
sociaux, il faut continuer », etc.
Je m’oblige à décrocher à
20 heures tous les soirs et on fait
une partie de badminton avec
mes enfants dans le jardin pour
se défouler. »n

CHRONIQUE
DU VIRUS
Denis
Ladegaillerie

« Le vrai défi,
maintenant,
ça va être
d’accompagner
nos salariés si
cette période
dure six ou
sept semaines,
voire plus. »
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