Les Echos - 03.04.2020

(Chris Devlin) #1

28 // PME & REGIONS Vendredi 3 et samedi 4 avril 2020 Les Echos


innovateurs


de Montpellier. Eoden compte déve-
lopper une approche écoresponsa-
ble, avec un entretien raisonné des
pelouses, une optimisation de la
gestion de l’eau, l’utilisation de
semences plus résistantes à la cha-
leur... « Des solutions logicielles vont
être installées, pour mieux gérer les
arrosages. Nous visons une écocertifi-
cation du golf d’ici trois à cinq ans »,
précise Nicolas Elahmi, directeur
des investissements. L’hôtel va par
ailleurs être étendu à 50 ou
80 chambres en privilégiant la cons-
truction bois. Un bâtiment complé-
mentaire pourrait héberger « un
incubateur de start-up sur les thèmes
de l’eau, du traitement des golfs et du
sport ». Les études sont lancées,
quatre architectes étant consultés.
La livraison d’un complexe
modernisé est prévue en 2023.
« L’épidémie de Covid-19 a bien sûr

Hubert Vialatte
— Correspondant à Montpellier


Ce n’est qu’un début. Le holding
montpelliérain Eoden, créé par
Erick Gay, ex-président de Valeco,
un groupe d’énergies renouvelables
cédé à l’allemand EnBW, reprend le
complexe golfique et hôtelier de
Massane, situé à Baillargues, à côté


OCCITANIE


Le nouveau groupe
Eoden, dirigé par
l’ancien président
de Valeco, spécialiste
des énergies renouve-
lables, rachète le golf
de Massane, à côté
de Montpellier.


redressement judiciaire depuis sep-
tembre dernier, cette entreprise de
35 salariés a été reprise par un
groupe ivoirien dont, confinement
oblige, les dirigeants étaient absents
au moment de la prise de contrôle
de leur première unité de produc-
tion européenne. Et faute d’entente
avec le précédent dirigeant et
actionnaire, Jean-Philippe Grail, les
salariés en activité fonctionnent en
autogestion, avec des directives qui
leur sont transmises à distance.
Face à cette situation où l’effectif
est incomplet à tous les niveaux de la
hiérarchie, la demande des clients est
galopante. A telle enseigne que SES,
rebaptisée Plastica France, a mis
entre parenthèses sa production de
films pour l’agroalimentaire « pour
nous concentrer sur les besoins actuel-

lement très élevés du secteur hospita-
lier », explique Yohan Fialon, le délé-
gué syndical CGT. La semaine
dernière, Jean-Philippe Grail illus-
trait l’explosion de la demande de
sacs à ouverture hydrosoluble pour
le linge contaminé, en déclarant qu’il
pourrait, s’il avait les moyens d’ache-
ter les matières premières et les capa-
cités de production, « en vendre en
une seule journée autant que sur la
totalité de l’année dernière ».

No uvelle usine
L’entreprise de la Haute-Loire se
présente comme la seule en France
à fabriquer c es p roduits d estinés à la
collecte, au transport et au lavage
sécurisé du linge contaminé utilisé
dans les hôpitaux, cliniques, Ehpad,
ou services de secours. Son autre

Date de création : 2008
Président : Eric Carreel
Effectif : 23 0 personnes
Secteur : e-santé

Chantal Houzelle
@HouzelleChantal

Si la majorité des objets connec-
tés dédiés à la santé sont des
gadgets à la mode pour suivre
son état de forme, d’autres peu-
vent prétendre au statut régle-
menté de dispositifs médicaux.
A l’instar de la ScanWatch, la
dernière-née d es montres
signées par Withings, qui s’est
vue triplement primée au CES
2020, à Las Vegas, pour être la
première au monde à avoir la
capacité de détecter la fibrilla-
tion auriculaire et de dépister
l’apnée du sommeil, grâce à des
capteurs ultraprécis.
Vu l ’urgence sanitaire
déclenchée par l’épidémie de
Covid-19, Eric Carreel, le prési-
dent e t cofondateur d e la
société, met tout en œuvre pour
décrocher au plus vite le mar-
quage CE, qui lui permettra
d’aider plus massivement le
corps médical dans le suivi à
domicile des patients affectés
par le coronavirus. « L’examen
du dossier pour obtenir la certifi-
cation CE médicale est déjà en
cours auprès de notre organisme
notifié italien, mais il est difficile
de savoir avec précision quand ils
rendront un avis favorable. Nous
espérons pouvoir lancer le pro-
duit avant l ’été 2 020, p récise Eric
Carreel. En Europe, nous avons
soumis un dossier à notre orga-
nisme notifié ECM et, aux Etats-
Unis, la demande a été faite
auprès de la FDA. »

Etudes cliniques
sur plus de 200 patients
Plus précisément, la
ScanWatch est en cours de cer-
tification sur quatre points de
mesure : la fibrillation auricu-
laire, le rythme cardiaque irré-
gulier, la saturation en oxygène
dans le sang et la détection de
l’apnée du sommeil. Pour vali-
der médicalement ses perfor-
mances, Withings a mené des
études cliniques distinctes,
pour chacune de ces fonction-
nalités, avec le Centre cardiolo-
gique du Nord, l’Hôpital euro-
péen Georges-Pompidou et
l’Hypoxia Lab, à l’université de
Californie, sur une cohorte de
plus de 200 patients.
Comment fonctionne la
ScanWatch? Grâce à ses trois
électrodes, deux discrètement
intégrées à l’arrière du boîtier
et une troisième sur la bague en
acier inoxydable, cette montre
connectée délivre un ECG de
grade médical, qui permet
d’analyser le signal électrique
du cœur, donc de dépister la
forme d’arythmie cardiaque la
plus courante : la fibrillation
auriculaire. Mesurée en con-
tinu via un capteur PPG, la fré-
quence cardiaque de l’utilisa-
teur est sous surveillance
constante : u ne notification sur

Withings

L’ INITIATIVE WITHINGS


Coronavirus : la ScanWatch


connectée au chevet


des patients à domicile


Fo rtement capitalisée, après la
cession de Valeco (50 millions
d’euros de chiffre d’affaires) en juin
2019, Eoden compte investir des
« dizaines de millions d’euros »
dans les prochaines années en
Occitanie, soit par des prises de
participation, soit par des projets
entrepreneuriaux.

Un autre projet
dans les microalgues
Le holding cible quatre activités :
transition énergétique, agro-écolo-
gie, écoconstruction et immobilier
commercial (tourisme, loisirs, habi-
tat). Algosud (Lunel) étudie ainsi un
projet de 5 hectares de serres photo-
voltaïques réalisées dans la région de
Montpellier, pour accélérer la pro-
duction de spiruline, u ne microalgue
entrant dans la composition de com-
pléments alimentaires.n

Eoden rachète un golf de Montpellier


dont l’entretien sera verdi


spécialité est le sac de transport des
prélèvements biologiques, dont elle
revendique les trois quarts du mar-
ché hexagonal.
Plastica, dirigé depuis Abidjan
par son principal actionnaire, le
Libano-Ivoirien Abbas Badreddine,
qui annonce un chiffre d’affaires de
près de 50 millions d’euros, s’est
engagé à « investir sur trois ans une
quinzaine de millions à Saint-Pals-
de-Mons où l’usine sera recons-
truite ». Son conseiller financier,
Joël Cadier, précise qu’« un million
d’euros vont être injectés à court
terme en trésorerie pour l’achat de
matières premières et l’augmenta-
tion des capacités de production » de
cette PME au chiffre d’affaires de
8,5 millions l’an dernier, dont les
commandes explosent.n

Après l’implantation, en 2009,
d’une première plateforme de
110.000 mètres carrés, celui-ci a
annoncé, il y a trois ans, l’implanta-
tion près d’Amiens du « plus grand
entrepôt de France », selon Jean-
Bernard Grubis, l’ancien responsa-
ble du développement économique
de la CCI d’Amiens, qui accompa-

gne aujourd’hui JJA dans son déve-
loppement. Soit 160.000 mètres
carrés au total et un investissement
initial de 150 millions, un montant
largement revu à la hausse depuis.
Situé au nord-ouest d’Amiens, ce
projet est en cours de construction.
Avec son système de stockage
« densifié », le bâtiment doit stocker

jusqu’à 60.000 palettes, grâce à un
bâtiment de 45 mètres de hauteur!
La visibilité de ce mastodonte a
de quoi braquer les riverains. Un
collectif emmené par les p ropriétai-
res du château de Vauchelles s’est
constitué pour dénoncer les effets
de ce deuxième projet sur le pay-
sage, le trafic routier, ou les sols
agricoles.

Multiplication
des entrepôts
Des arguments environnementaux
que les opposants à ces plateformes
géantes opposent systématique-
ment aux élus locaux, ravis de voir
offrir des emplois (560 prévus à
Croixrault) à une population peu
formée. Localement, certains élus


  • écologistes notamment – s’inquiè-
    tent des conséquences à long terme
    de cette spécialisation rampante du
    territoire dans le domaine logisti-
    que. Il faut dire qu’avec l’appui des
    collectivités, ces entrepôts n’ont
    cessé de se multiplier ces dernières
    années. Aux 107.000 mètres carrés
    construits par Amazon en 2016 ont
    succédé la reconversion de
    80.000 mètres carrés de l’ex-usine
    Goodyear par BT Immo, également
    propriétaire de l’ancienne base
    aérienne 113 de Cambrai.
    « Il est clair que la logistique ne
    peut pas être l’alpha et l’oméga du
    développement économique local »,
    s’insurge Julien Pradat, candidat de
    la gauche unie, arrivé à Amiens
    second lors du premier tour des
    élections municipales avec 25,51 %
    des voix derrière la maire sortante,
    Brigitte Fouré (UDI, 29,89 %).n


Guillaume Roussange
— Correspondant à Amiens


100.000 mètres carrés, soit plus de
10 terrains de football. C’est la sur-
face que couvrira le troisième
entrepôt logistique que souhaite
construire, dans la Somme, JJA,
l’un des leaders français de la com-
mercialisation d’articles pour la
maison et le jardin.
Si la crise du coronavirus ne vient
pas perturber le calendrier
annoncé, 50 millions d’euros vont
être investis d’ici à 2021 sur la ZAC
de la Mine d’Or, à Croixrault, à
25 kilomètres à l’ouest d’Amiens.
Au total, ce projet doit générer
150 emplois environ, soit entre
800 et 900 postes créés en une
décennie par ce g roupe f amilial t rès
discret, connu via ses marques
Atmosphera, Hespéride, Secret de
Gourmet et 5Five.


HAUTS-DE-FRANCE


Avec la création d’une
troisième plateforme
de distribution,
JJA, un des leaders
de la vente d’articles
de maison, va passer
le seuil de 800 emplois
créés dans
la logistique.


Un secteur qui suscite
de plus en plus d’oppo-
sitions au niveau local.


Les projets de JJA renforcent la


spécialisation logistique de la Somme


50 millions d’euros ont été investis par JJA dans l’entrepôt
de la Mine d’Or qui couvrira une surface équivalente à 10 terrains
de football. Phot o Sarah Alcalay/Sipa

Plastica ballotté entre une reprise


compliquée et une demande forte


Denis Meynard
— Correspondant à Saint-Etienne


Le plasturgiste SES, de Saint-Pals-
de-Mons (Haute-Loire), a changé de
direction et d’actionnaires dans un
cadre inattendu lundi 30 mars. En


AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES


Le fabricant de films
plastiques SES,
de Saint-Pal-de-Mons
(Haute-Loire) est
devenu le premier
site de production
européen du
plasturgiste ivoirien.


stoppé les phases d’études techniques
et de relevés topographiques. Mais
nous ne sommes pas à un mois
près », précise Nicolas Elahmi. Le
domaine, inauguré en 1988 en par
deux frères, Guy et Alain Jeanjean,
comprend un hôtel 3 étoiles de 32
chambres, une résidence de tou-
risme de 52 appartements, 11 salles
de séminaire, un spa et un restau-
rant. L’affaire emploie 60 salariés,
pour un chiffre d’affaires de 5 mil-
lions d’euros.

5


MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires du golf
de Massane, qui emploie
60 salariés.

l’écran de la montre accompa-
gnée d’une vibration au poi-
gnet l’informe lorsqu’e lle est
trop basse, trop haute ou que
son rythme est irrégulier.
Grâce à un capteur SpO2, la
ScanWatch est aussi capable
de mesurer le taux de satura-
tion en oxygène dans le sang au
cours de la nuit, ce qui permet
le dépistage de l’apnée du som-
meil. Un atout aujourd’hui très
précieux : « Nous recevons de
nombreuses demandes
d’accompagnement des services
hospitaliers, car la mesure du
taux de saturation en oxygène
via nos montres ScanWatch per-
met en effet d’aider au suivi de
l’état de santé et du stress respi-
ratoire des patients atteints de
Covid-19, qui sont maintenus à
domicile », e xplique Eric
Carreel. Le mode d’emploi est
simple : il suffit au patient
d’installer l’application Health
Mate et de porter la montre
24 heures sur 24. Et l’orga-
nisme de suivi reçoit les
données collectées sur sa pro-
pre plateforme, via l’API
ouverte et gratuite de
Withings.

Détecter les signes
précurseurs
Pour s’investir à fond dans la
bataille contre le Covid-19, la
société a rejoint l’Alliance Digi-
tale, à l’o rigine du site maladie-
coronavirus.fr. « Nous partici-
pons actuellement à plusieurs
projets de recherche, afin de com-
prendre comment les variations
de fréquence cardiaque et les per-
turbations respiratoires noctur-
nes peuvent être des signes p récur-
seurs de la maladie ou
concomitants à son évolution. Les
objets connectés nous permettent,
dans ce cadre, de recueillir des
données en vie réelle, poursuit
Eric Carreel. L’Institut Pasteur,
qui réalise l’étude épidémiologi-
que, pourra ainsi bénéficier de
données physiologiques supplé-
mentaires, ainsi que l’AP-HP.
Nous sommes aussi en discussion
avec l’Institut de recherche biomé-
dicale des armées. »
A court terme, la société a-t-
elle la capacité de répondre à
une forte demande prévisible?
« Les usines qui fabriquent à
grande échelle la ScanWatch
sont situées en Chine, mais le tra-
vail a repris. Dès la semaine pro-
chaine, nous serons en mesure
d’en recevoir plusieurs milliers,
puis nous augmenterons notre
capacité de production au cours
des p rochains mois », assure-t-il.
Le président de Withings se dit
prêt à faire don d’un certain
nombre de pièces, y compris
des thermomètres connectés
évitant les contacts.n

La montre connectée
ScanWatch est dotée d’une
batterie dont l’autonomie est
exceptionnellement longue :
30 jours.

Photo Withings
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